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Guerre en Ukraine : plus de 500.000 réfugiés ont déjà franchi les frontières (HCR)

Le 27 février 2022, alors que les opérations militaires se poursuivent en Ukraine, des personnes fuyant les violences attendent de monter dans un train d'évacuation à la gare de Lviv, dans l'extrême ouest de l'Ukraine, près de la frontière polonaise.
© UNICEF/Viktor Moskaliuk
Le 27 février 2022, alors que les opérations militaires se poursuivent en Ukraine, des personnes fuyant les violences attendent de monter dans un train d'évacuation à la gare de Lviv, dans l'extrême ouest de l'Ukraine, près de la frontière polonaise.

Guerre en Ukraine : plus de 500.000 réfugiés ont déjà franchi les frontières (HCR)

Paix et sécurité

Plus d’un demi-million de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début du lancement des opérations militaires russes il y a cinq jours, dont plus de la moitié vers la Pologne, a annoncé lundi l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). 

« Plus de 500.000 réfugiés ont maintenant fui l’Ukraine vers les pays voisins », a déclaré le chef du HCR, Filippo Grandi, dans un tweet. Plus de la moitié sont entrés en Pologne et leur nombre « continue à augmenter », selon les Nations Unies. 

Ce nouveau décompte est basé sur des données mises à disposition par les autorités nationales, a souligné le HCR, rappelant qu’au moins quatre millions d’autres pourraient fuir le pays dans les semaines à venir.

Un décompte envoyé un peu plus tôt par les services de M. Grandi faisait état de 422.000 réfugiés dans les pays voisins et de plus de 100.000 personnes déplacées internes. 

« Nous suivons les informations selon lesquelles des personnes sont empêchées de monter dans les trains en Ukraine », a tweeté lundi matin, Laura Padoan, une porte-parole du HCR.

Plus largement, « le conflit de plus en plus intense menace de déclencher une catastrophe humanitaire en Ukraine, mais aussi dans les pays voisins qui connaissent déjà un afflux massif de personnes fuyant les hostilités », a alerté pour sa part le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

À la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, les médias locaux font état « de files d’au moins 15 km de long de personnes tentant de traverser ». 

Des pénuries alimentaires dans certaines localités du Donbass

Par ailleurs, les dommages causés aux infrastructures essentielles ne cessent d’augmenter après « trois jours d’affrontements intenses dans certaines régions d’Ukraine ». 

« Au cours des dernières 24 heures, des hostilités ont été observées à Tchernihiv (nord), Kharkiv (nord-est), Kherson (sud), Kiev (capitale), Marioupol (sud-est), Melitopol (sud), Mykolaev (sud), Soumy (nord) et Zaporizhzhia (sud-est), entre autres régions du nord, de l’est et du sud du pays », a souligné l’OCHA dans son dernier rapport de situation daté du dimanche 27 février.

Sur le terrain, l’escalade entraîne « de graves conséquences humanitaires pour les personnes vivant dans les zones les plus durement touchées ».

Les hostilités en cours continuent également de perturber les chaînes d’approvisionnement locales et l’accès à la nourriture. 

« Dans l’est de l’Ukraine, des rapports font état de pénuries alimentaires à Kramatorsk (Donetsk), car les approvisionnements provenaient essentiellement de Kharkiv », selon l’OCHA. 

Selon l’ONU, avant même le 23 février, l’escalade des tensions dans la région de Donetsk avait déjà endommagé des routes et des ponts, limitant ainsi l’accès aux marchés alimentaires du côté de la « ligne de contact » contrôlée par le gouvernement pour les personnes résidant dans les zones non contrôlées par le gouvernement.

L’ONU estime qu’environ 400.000 personnes sont déjà en situation d’insécurité alimentaire grave ou modérée dans l’est de l’Ukraine. 

L’OCHA s’attend une « hausse considérable » de l’insécurité alimentaire, car de plus en plus de personnes sont déplacées. Dans ces conditions, « l’accès à la nourriture, voire l’approvisionnement, restera un défi ».

L’OMS veut des couloirs sûrs pour acheminer du matériel et de l’oxygène

Sur le plan sanitaire, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a réclamé dimanche des couloirs sûrs pour pouvoir acheminer du matériel médical d’urgence, notamment de l’oxygène dont les réserves sont au plus bas. 

La majorité des hôpitaux pourraient épuiser leurs réserves d’ici les prochaines 24 heures. Des milliers de vies sont ainsi en danger.
 

« Il est impératif que le matériel médical pouvant sauver des vies - y compris de l’oxygène - puisse atteindre ceux qui en ont besoin », a souligné l’organisation onusienne dans un communiqué. 

« Ces ressources nécessiteront un transit sûr, y compris avec un corridor logistique via la Pologne », ont écrit dans un communiqué commun, le Chef de l’OMS, Dr Tedros Ghebreyesus, et son Directeur régional pour l’Europe, Hans Kluge.

Selon l’agence sanitaire mondiale de l’ONU, la situation de l’approvisionnement en oxygène approche d’un point « très dangereux » en Ukraine. Les camions sont en effet incapables de transporter les réserves d’oxygène des usines vers les hôpitaux du pays, y compris la capitale Kiev. La majorité des hôpitaux pourraient épuiser leurs réserves d’ici les prochaines 24 heures et certains sont déjà à court. Des milliers de vies sont ainsi en danger.

Les fabricants de générateurs d’oxygène médical de plusieurs régions sont également confrontés à des pénuries de zéolithe, un produit chimique indispensable, principalement importé, et nécessaire pour produire de l’oxygène médical en toute sécurité. 

En outre, les services hospitaliers essentiels sont également mis en péril par les pénuries d’électricité et de courant, et les ambulances transportant les patients font face au danger d’être prises entre deux feux, ce qui accroît encore les risques pour les patients.

Lancement d’un appel de fonds de l’ONU mardi à Genève

Pour l’OMS, il s’agit donc de garantir l’approvisionnement sûr et fiable en fournitures médicales essentielles, notamment en oxygène médicinal, un médicament vital pour les patients souffrant de Covid-19 (1.700 patients sont actuellement hospitalisés) et ceux souffrant d’autres affections graves (des nouveau-nés aux personnes âgées) résultant de complications de la grossesse, de l’accouchement, de pathologies chroniques, de septicémies et de traumatismes.

Face à la gravité de la situation humanitaire, l’ONU et ses partenaires humanitaires se préparent à intensifier rapidement leurs opérations dès que la situation sécuritaire le permettra. Il s’agit de mobiliser un financement d’urgence pour faciliter une réponse humanitaire efficace, large et rapide dans toutes les zones touchées. 

A ce sujet, l’ONU et les partenaires humanitaires lanceront, demain mardi à Genève, un appel éclair pour répondre aux besoins humanitaires aigus des personnes touchées par la crise en Ukraine. Cet appel est coordonné avec le Plan régional de réponse aux réfugiés préparé par le HCR.