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Le changement climatique a des effets négatifs sur les droits humains des personnes âgées

Deux hommes âgés discutent dans un parc.
Photo Banque mondiale/Céline Ferre
Deux hommes âgés discutent dans un parc.

Le changement climatique a des effets négatifs sur les droits humains des personnes âgées

Climat et environnement

« Le vieillissement de la population et le changement climatique ont des répercussions importantes sur les droits de l’homme », a affirmé mercredi la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, lors d’un débat du Conseil des droits de l’homme sur les effets négatifs des changements climatiques sur les droits humains des personnes âgées.

« D’ici à 2050, l’humanité devrait compter 1,5 milliard de personnes âgées de 65 ans et plus », a déclaré la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, en introduction à cette réunion-débat tenue au Palais des Nations, à Genève. « Et si, à la même date, les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas été réduites à un niveau net nul, le réchauffement de la planète dépassera 1,5° Celsius », a-t-elle ajouté. 

Or, le changement climatique a des conséquences importantes pour les personnes de plus de 65 ans, surtout lorsque des facteurs physiques, politiques, économiques et sociaux les rendent vulnérables. A ce sujet, elle a rappelé l’impact de la vague de chaleur dans certains pays européens alors qu’une canicule « exceptionnelle et dangereuse » s’abat en Amérique du Nord et dans d’autres parties de l’hémisphère nord.

La pandémie de Covid-19 a aggravé la marginalisation des personnes âgées

« En 2003, une vague de chaleur qui a touché une grande partie de l’Europe occidentale a entraîné des déficits de récolte et tué des dizaines de milliers de personnes », a rappelé Mme Bachelet. Sur les 14.000 décès liés à la chaleur en France, 80% étaient des personnes âgées de plus de 75 ans, a-telle souligné.

En 2013, 70% des personnes décédées à la suite des inondations à La Plata, en Argentine, avaient plus de 60 ans.

Plus généralement, l’« âgisme » contribue généralement à la vulnérabilité des personnes âgées. « La crise de la Covid-19 a montré comment la discrimination liée à l’âge crée et aggrave la pauvreté et la marginalisation des personnes âgées », a fait valoir la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, relevant que cela amplifie encore les risques en matière de droits de l’homme.

Le cadre international des droits de l’homme offre une couverture fragmentée et incohérente des droits de l’homme des personnes âgées, a par ailleurs constaté la Haut-Commissaire. Les personnes âgées sont en outre rarement mentionnées dans les accords internationaux sur l’environnement et il n’existe pas d’instrument normatif spécifique sur les droits des personnes âgées, a-t-elle fait remarquer.

Les seniors touchés de manière disproportionnée par les catastrophes

De son côté, Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe, note que de nombreuses preuves confirment la vulnérabilité des seniors. « Les personnes âgées sont touchées « de manière disproportionnée par les catastrophes », a-t-elle dit. 

La pandémie de Covid-19 en fournit un exemple éloquent au vu du nombre élevé de décès dans les maisons de soins pour personnes âgées, y compris dans les économies les plus avancées. Autre exemple de cette vulnérabilité, lorsque l’ouragan Katrina a frappé la Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis, en 2005, 75% des personnes décédées étaient âgées de plus de 60 ans, alors que ce groupe ne représentait que 16% de la population, a souligné Mme Mizutori.

Pour cette haute responsable onusienne, les personnes exposées à une catastrophe doivent donc être consultées et doivent participer à la prise de décisions concernant leur vie. « Le droit humain le plus fondamental de tous, le droit à la vie, en dépend », a conclu la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe.