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Changement climatique : Bachelet appelle à agir face à cette menace pour les droits de l'homme

Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, prend la parole lors de la 42ème session du Conseil des droits de l'homme. (Septembre 2019)
Photo : ONU/Jean-Marc Ferré
Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, prend la parole lors de la 42ème session du Conseil des droits de l'homme. (Septembre 2019)

Changement climatique : Bachelet appelle à agir face à cette menace pour les droits de l'homme

Droits de l'homme

A l’ouverture de la 42e session du Conseil des droits de l’homme à Genève, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU a appelé les Etats à agir face à la menace que représente le changement climatique.

« Une menace mondiale croissante pour les droits de l'homme ». C’est ainsi, et sans détour, que la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a qualifié le changement climatique ce lundi.

Devant le Conseil des droits de l’homme, Mme Bachelet a souligné que « le monde n'a jamais vu une menace contre les droits de l'homme de cette envergure ».

La Haut-Commissaire s’est également dit préoccupée par la vulnérabilité des Caraïbes et des Etats insulaires face aux phénomènes climatiques extrêmes. « L’ouragan dévastateur qui a frappé les Bahamas s’est accélérée avec une vitesse sans précédent sur un océan réchauffé par le changement climatique, devenant ainsi l’une des plus violentes tempêtes de l’océan atlantique » a expliqué Mme Bachelet.

« Les petits Etats insulaires sont parmi ceux qui subissent les effets les plus catastrophiques du changement climatique, bien qu’ils contribuent très peu à alimenter le problème », a-t-elle déclaré devant les Etats membres. Selon elle, la réalité est que les États insulaires ne peuvent agir seuls pour résoudre un problème dont les causes ne sont pas généralement de leur fait.

Ailleurs dans le monde, le changement climatique sape les droits, le développement et la paix. A cet égard, Mme Bachelet, citant les propos du Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’au cours des six dernières décennies, 40% des guerres civiles étaient liées à la dégradation de l’environnement. Bien qu’il existe de nombreux exemples actuels, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU s’est appesantie sur le cas du Sahel, « l’une des régions les plus vulnérables au changement climatique, avec une augmentation de la température devant être 1,5 fois supérieure à la moyenne mondiale ».

D’ores et déjà, la désertification a un impact considérable sur la jouissance des droits socio-économiques, culturels, civils et politiques des populations de cette zone. « La dégradation des terres arables dans la région du Sahel intensifie la concurrence pour des ressources déjà rares, ce qui entraîne de fréquents affrontements entre éleveurs et agriculteurs et exacerbe les tensions ethniques », a prévenu Mme Bachelet. Dans ces conditions, la lenteur du développement et la pauvreté croissante exposent les jeunes à l’exploitation par des groupes extrémistes et terroristes. Ce qui alimente ainsi la violence - y compris les attaques contre les écoles, des déplacements massifs et l’instabilité politique.

La Haut-Commissaire a invité les pays du Sahel à s’attaquer aux causes profondes de la situation actuelle qui nécessitera également des investissements importants pour remédier aux menaces environnementales, offrir de réelles opportunités aux jeunes, mais aussi à lutter contre les inégalités.

La militante pour le climat, Greta Thunberg, 16 ans, est arrivée à New York à bord d'un bateau pour participer au Sommet des Nations Unies sur le climat en septembre.
Capture d'écran Twitter @GretaThunberg
La militante pour le climat, Greta Thunberg, 16 ans, est arrivée à New York à bord d'un bateau pour participer au Sommet des Nations Unies sur le climat en septembre.

Bachelet dénonce les violences contre les défenseurs de l’environnement

L’autre source de préoccupation soulevée par Mme Bachelet a trait à « l’accélération drastique de la déforestation en Amazonie ». Les incendies qui sévissent actuellement dans la forêt tropicale peuvent avoir un impact catastrophique sur l’ensemble de l’humanité, mais les femmes, les hommes et les enfants qui vivent dans ces régions, dont de nombreux peuples autochtones, sont les plus durement touchés, a-t-elle dit. « Le bilan total et les souffrances provoquées ces dernières semaines en Bolivie, au Paraguay et au Brésil pourraient ne jamais être connus », a-t-elle ajouté. Et d’appeler les autorités de ces trois pays à « des politiques environnementales durables » afin d’éviter de « futures tragédies ».

Dans ce combat contre le changement climatique, la Haut-Commissaire s’est également inquiétée du sort des défenseurs de l’environnement - y compris ceux qui défendent les droits à la terre des peuples autochtones. Elle s’est dit écœurée par les violences contre les défenseurs des droits environnementaux dans pratiquement toutes les régions, en particulier en Amérique latine, notamment les attaques verbales contre la jeune militante suédoise pour le climat Greta Thunberg. « Je suis accablé par cette violence, ainsi que par les attaques verbales contre de jeunes militantes telles que Greta Thunberg et d’autres, qui mobilisent leur soutien pour prévenir les dommages que leur génération pourrait subir », a ajouté Mme Bachelet, tout en insistant sur le fait que les revendications des défenseurs de l’environnement et des activistes sont convaincantes. « Le réchauffement climatique constitue la plus grande menace pour les droits de l’homme jamais observée », a-t-elle estimé.

La Haut-Commissaire attristée par les violences xénophobes en Afrique du Sud

A Genève, la cheffe des droits de l’homme de l'ONU s’est dit « attristée par les terribles incidents récents de violence xénophobe en Afrique du Sud, où des meurtres à caractère sexiste persistants et graves ont également été rapportés ». Pour Mme Bachelet, toutes les personnes en Afrique du Sud - citoyens et ressortissants étrangers – doivent pouvoir jouir de leurs droits fondamentaux. « Je note avec satisfaction la récente déclaration du Président et exhorte les autorités à agir rapidement pour assurer la protection des victimes et de veiller à ce les responsables rendent compte de leurs actes, pour endiguer la vague de ces crimes », a-t-elle fait valoir.

Au Burundi, des rapports indiquent que des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des arrestations et des détentions arbitraires, des actes de torture et des mauvais traitements ainsi que de graves restrictions des libertés d’expression et d’association continuent d’être pratiquées. Au cours des discussions qui ont suivi la décision prise par le gouvernement en février de mettre un terme à la présence du Haut-Commissariat à Bujumbura, les autorités burundaises se sont déclarées disposées à maintenir un autre mode de coopération avec le Bureau des droits de l’homme de l’ONU. Mme Bachelet a réitéré son engagement à poursuivre des consultations avec le gouvernement burundais afin d’établir de nouvelles voies de partenariat et relever les défis persistants en matière de droits de l’homme.

Toujours sur la situation en Afrique subsaharienne, la cheffe des droits de l’homme s’est dit préoccupée des conséquences de « la crise économique, de la corruption et de la répression exercée sur les manifestants et les groupes de la société civile » au Zimbabwe. Selon Mme Bachelet, l’hyperinflation a entraîné une flambée des prix du carburant, de la nourriture, des transports et des services de santé, avec des conséquences dramatiques, notamment pour les personnes marginalisées et les travailleurs. Dans ces conditions, elle exhorte Harare à trouver des moyens constructifs de dialoguer avec la population sur ses griefs légitimes liés à la situation économique et de mettre fin à sa répression contre les manifestants pacifiques.

En Algérie, les manifestations de masse pacifiques de ces six derniers mois ont toujours appelé à la mise en place d’un nouveau gouvernement plus réactif, transparent et responsable. La Haut-Commissaire a donc encouragé Alger à considérer ces manifestants pacifiques comme des partenaires dans la mise en place de systèmes de prise de décision plus participatifs, à travers un processus de dialogue national qui devrait les inclure, ainsi que tous les secteurs de la société.

Mme Bachelet s’est enfin félicitée de la signature par les parties au Soudan le 17 août dernier, d’un accord politique et d’une déclaration constitutionnelle. Des développements qui doivent permettre la transition vers un régime civil et démocratique. Les services de la Haut-Commissaire sont déjà prêts à fournir une assistance technique au nouveau gouvernement, notamment en ce qui concerne les réformes juridiques décrites dans la Déclaration constitutionnelle et la justice transitionnelle.