L'actualité mondiale Un regard humain

Covid-19 : l’Afrique est confrontée à sa plus forte hausse d’infections (OMS)

Dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, une infirmière, Jeanne Lusungu, administre une dose du vaccin contre la Covid-19 à un soldat.
UNICEF/Arlette Bashizi
Dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, une infirmière, Jeanne Lusungu, administre une dose du vaccin contre la Covid-19 à un soldat.

Covid-19 : l’Afrique est confrontée à sa plus forte hausse d’infections (OMS)

Santé

L’Afrique est confrontée à une troisième vague de la pandémie de Covid-19, qui se propage plus rapidement et devrait bientôt dépasser le pic de la deuxième vague au début de l’année 2021, a alerté jeudi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Depuis le début de la troisième vague le 3 mai 2021, les cas de Covid-19 ont augmenté pendant cinq semaines consécutives. Au 20 juin, 48e jour de la nouvelle vague, le continent a enregistré environ 474.000 nouveaux cas. Selon la branche africaine de l’Agence sanitaire mondiale, il s’agit d’une hausse de plus de 20% par rapport aux 48 premiers jours de la deuxième vague.

Au rythme actuel des nouvelles infections, la vague en cours devrait dépasser la précédente d’ici début juillet. « La troisième vague s’accélère, se propage plus rapidement et frappe plus durement », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, lors d’un point de presse en visioconférence depuis Brazzaville, au Congo.

Le nouveau coronavirus refait surface dans 12 pays africains

La pandémie refait surface dans 12 pays africains. Et les augmentations les plus importantes ont été enregistrées la semaine dernière dans les pays d’Afrique australe et orientale. Les nouveaux cas les plus nombreux ont été signalés par l’Afrique du Sud (70.739 nouveaux cas, soit une hausse de 48%). Suivent la Zambie (16.641 nouveaux cas, soit une hausse de 54%) et l’Ouganda (9.926 nouveaux cas, soit une hausse de 16%).

S’agissant de la mortalité, l’Afrique du Sud est également en tête avec 937 nouveaux décès. Il s’agit d’une augmentation de 29%. Suivent la Zambie (230 nouveaux décès ; soit une augmentation de 271%) et l’Ouganda (203 nouveaux décès, soit une augmentation de 314%). « Avec l’augmentation rapide du nombre de cas et la multiplication des rapports de maladies graves, la dernière vague menace d’être la pire que l’Afrique n’ait jamais connue », a ajouté la Dre Moeti.

Propagation des variants et relâchement des mesures barrières

Selon l’OMS, une combinaison de facteurs, notamment le faible respect des mesures de santé publique, l’augmentation des interactions sociales et des déplacements, ainsi que la propagation des variants, sont à l’origine de cette nouvelle poussée. En République démocratique du Congo et en Ouganda, qui connaissent une résurgence du nouveau coronavirus, le variant Delta a été détecté dans la plupart des échantillons séquencés au cours du dernier mois.

En Afrique, le variant, identifié pour la première fois en Inde, a été signalé dans 14 pays. « L’Afrique peut encore atténuer l’impact de ces infections en pleine expansion, mais le temps presse. Chacun, partout, peut faire sa part en prenant des précautions pour prévenir la transmission », a fait valoir la cheffe du Bureau de l’OMS pour l’Afrique.

Face à cette troisième vague sur le continent, l’OMS a déployé davantage d’experts dans certains des pays les plus touchés, notamment l’Ouganda et la Zambie. Elle soutient également les laboratoires régionaux basés en Afrique du Sud pour surveiller les variants préoccupants.

La pénurie de vaccins persiste et impacte la campagne de vaccinale

La recrudescence du coronavirus intervient alors que la pénurie de vaccins persiste et impacte notamment la campagne de vaccination en Afrique. Dix-huit pays africains ont utilisé plus de 80% de leurs stocks de vaccins du mécanisme COVAX. Et huit d’entre eux ont épuisé leurs stocks.

Vingt-neuf pays ont administré plus de la moitié de leurs stocks. Malgré ces progrès, à peine plus de 1% de la population africaine a été entièrement vaccinée. Au niveau mondial, environ 2,4 milliards de doses ont été administrées, dont un peu moins de 1,5% sur le continent.

Ce qui conduit à une pandémie à deux vitesses. Au niveau mondial, 16 pays renoncent à la quarantaine pour les personnes munies d’un certificat de vaccination. « Avec des taux de vaccination élevés, l’été s’annonce comme un été de liberté, de famille et de plaisir pour des millions de personnes dans les pays riches. C’est compréhensible et nous aspirons tous aux mêmes joies », a fait valoir la Dre Moeti.

N’ajoutons pas la blessure à l’injustice - Dre Moeti

Dans l’Union européenne, un système de passeport Covid-19 pour la vaccination, les tests et la récupération entrera en vigueur le 1er juillet. Toutefois, seuls quatre des huit vaccins répertoriés par l’OMS pour une utilisation d’urgence sont reconnus par l’Agence européenne des médicaments pour le système de passeport.

« La pénurie de vaccins prolonge déjà la douleur du coronavirus en Afrique. N’ajoutons pas la blessure à l’injustice. Les Africains ne doivent pas subir davantage de restrictions parce qu’ils ne peuvent pas accéder à des vaccins qui ne sont disponibles qu’ailleurs », a mis en garde la cheffe du Bureau de l’OMS pour l’Afrique.

En Afrique, une enquête de l’OMS auprès de 45 pays montre que leurs frontières sont ouvertes aux voyages aériens et que seule l’île Maurice exigera une preuve de vaccination pour les voyageurs internationaux à partir du 15 juillet 2021. La plupart des pays n’accordent pas d’exemption de quarantaine aux voyageurs entièrement vaccinés contre la Covid-19 et exigent un test négatif.