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TEMOIGNAGE : Le jardinage est « politique », décrète un horticulteur irlandais célèbre

Une ruche à Domino Park à Brooklyn, New York City.
Hazel Plunkett
Une ruche à Domino Park à Brooklyn, New York City.

TEMOIGNAGE : Le jardinage est « politique », décrète un horticulteur irlandais célèbre

Climat et environnement

Pour Diarmuid Gavin, célèbre jardinier irlandais et personnalité de la télévision, l'horticulture a un rôle à jouer dans toutes les affaires contemporaines, du mouvement Black Lives Matter à la pandémie en cours, car selon lui  « tout est lié, et tout est politique ».

Diarmuid Gavin est un nom respecté dans le monde du jardinage, ayant remporté l'or au célèbre Chelsea Flower Show. Il a également conçu de nombreux jardins en Irlande, au Royaume-Uni, en Europe continentale, en Chine et en Afrique.

Nommé défenseur de l'Année internationale de la santé des plantes (AIPV)* par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), M. Gavin s'est adressé aux Nations Unies, à l'occasion de la Journée mondiale de l'abeille, pour parler des abeilles, des aristocrates et de la nécessité de redescendre sur terre.

« Nous ne jardinons pas seulement pour nous-mêmes, mais pour l'ensemble de l'écosystème »

Diarmuid Gavin, a été nommé défenseur de l'Année internationale de la protection des végétaux par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
ONU Belgique
Diarmuid Gavin, a été nommé défenseur de l'Année internationale de la protection des végétaux par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

« Si nous n'avons pas de pollinisateurs, nous n'aurons pas de nourriture, c'est aussi simple que cela. Si nous continuons à pomper des phosphates et des nitrates dans le sol pour obtenir des rendements toujours plus élevés, nous allons épuiser les ressources naturelles de la terre. Nous devons prendre soin de l'ensemble de l'écosystème et cela commence vraiment par nos jardins.

Nous ne devons pas seulement jardiner pour nous-mêmes, mais pour l'ensemble de l'écosystème. La bonne nouvelle, c'est que les gens comprennent le message, que les autorités locales comprennent le message et que les gens comprennent que de simples fleurs sauvages permettent aux abeilles de récolter du pollen.

Nous devons prendre conscience que le jardinage n'est plus une version des années 50 de l'entretien ménager. Il ne s'agit pas de pelouses vertes parfaites. L'humble pissenlit est un excellent fournisseur de pollen.

Ne croyez pas les publicités des entreprises chimiques, ne croyez pas que nos pelouses doivent être presque peintes en vert en y injectant des produits chimiques. Pensons plutôt à ce dont les insectes et les abeilles ont besoin et jardinons d'une manière un peu désordonnée pour créer des habitats.

Le pillage de terres lointaines

Il y a beaucoup d'injustice dans le jardinage et une grande partie de « l'horticulture sociale » est liée à l'effort aristocratique et aux ordres supérieurs. Il faut un certain temps pour que cela disparaisse.

L'histoire des jardins paysagers britanniques a une longue tradition aristocratique qui remonte à Charles Ier. Il est difficile de détacher cet héritage aristocratique des défis de notre réalité sociale actuelle, mais c'est un défi que nous devons relever.

On a beaucoup pillé des pays lointains pour trouver de très belles plantes, ce qui ne profite qu'aux grandes pépinières et aux semenciers. Je pense que nous devons accepter tout cela et y intégrer le mouvement BLM (Black Lives Matter). Après George Floyd (l'homme afro-américain assassiné par un policier en 2020), les gens introduisent l'égalité dans tous les domaines de la vie et l'horticulture n'y échappe pas.

Je pense que cela aura un effet dramatique sur les salons, sur des institutions comme la Royal Horticultural Society (l'organisateur du Chelsea Flower Show), et je pense que cet effet dramatique est à portée de main.

George Floyd, un Afro-Américain, a été tué après avoir été retenu par la police aux États-Unis.
ONU Info/Daniel Dickinson
George Floyd, un Afro-Américain, a été tué après avoir été retenu par la police aux États-Unis.

Nous devons penser au jardinage de manière holistique. J'ai le privilège de parcourir le monde pour parler aux gens des jardins et de la bonne façon de prendre soin du sol, de sa santé et de la santé du climat.

Cependant, les Occidentaux qui voyagent peuvent causer beaucoup de dégâts. J'étais en Italie l'année dernière et j'ai vu des centaines de kilomètres d'oliviers endommagés par l'agent pathogène xylella fastidiosa, qui a causé des ravages dans la production d'huile d'olive. Si quelqu'un était revenu en Irlande avec une plante atteinte de cette maladie fongique, il y aurait eu des ravages.

La magie de la nature

Nous traversons tous des moments difficiles en ce moment et s'évader dans le jardin où la plupart des travaux de jardinage sont répétitifs - comme le désherbage, l'arrosage, le binage et la plantation - vous fait oublier tout le reste.

Le jardinage est, par nature, porteur d'espoir et l'on sort de n'importe quelle activité en se disant ‘ qu'est-ce que je ferai l'année prochaine, à quoi cela ressemblera-t-il cette année’. Et c'est merveilleux.

La satisfaction de voir une nouvelle croissance, une nouvelle énergie, une nouvelle vie, c'est la magie de la nature.

Et si nous ne voulons pas d'environnements stériles où aucun oiseau ne chante et aucun arbre n'existe, nous devons prendre soin de tous les environnements qui nous entourent ».