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Covid-19 : l’OIM alerte sur les difficultés d’accès des migrants aux vaccins 

Une réfugiée au Rwanda reçoit sa première injection du vaccin contre la Covid-19.
© Plaisir Muzogeye
Une réfugiée au Rwanda reçoit sa première injection du vaccin contre la Covid-19.

Covid-19 : l’OIM alerte sur les difficultés d’accès des migrants aux vaccins 

Migrants et réfugiés

À l’heure où plusieurs pays du monde mènent des campagnes massives de vaccination contre la Covid-19, l’agence de l’ONU pour les migrations a alerté mardi sur le manque d’accès aux vaccins pour les migrants.

« Trop de migrants rencontrent des difficultés à accéder aux vaccins », a indiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), relevant des lacunes dans près du tiers des 160 pays où l’agence a mené une enquête sur l’accès vaccinal. 

Si elle ne fournit pas un chiffre exact sur les exclus des programmes de vaccination contre la Covid-19, l’OIM estime que les migrants « irréguliers et sans papiers » ainsi que les personnes déplacées de force sont particulièrement exposés.

En cause, des politiques gouvernementales, des réalités opérationnelles et exigences administratives telles que les cartes d’identité et les permis de résidence, qui peuvent entraver l’accès aux efforts de vaccination des migrants, précise l’agence pour les migrations. 

« Ce que nous constatons dans certains cas, c’est une déconnexion entre ce qui est engagé sur le papier et ce qui se passe réellement dans la pratique », a déclaré dans un communiqué, le Directeur général de l’OIM, António Vitorino.

Dans ce rapport, l’OIM a identifié plus de 53 pays, territoires ou zones où les politiques actuelles et les réalités opérationnelles rendront l’accès au vaccin impossible pour les plus vulnérables. 

« Les obstacles aux services de santé sont systémiques bien avant la pandémie du nouveau coronavirus et restent une réalité pour trop de migrants dans trop d’endroits », a ajouté M. Vitorino.

Obstacles administratifs et logistiques 

L’OIM note avec une préoccupation particulière les « obstacles administratifs et logistiques dans près de 40 pays », dont l’obligation de présenter une carte d’identité nationale ou un permis de séjour valide, ou de se pré-enregistrer auprès des régimes d’assurance nationaux. 

Il est encore temps de rectifier le tir en matière d’équité vaccinale partout où il existe une volonté politique de le faire

« Ces demandes peuvent constituer un obstacle pour certaines catégories de migrants et de personnes déplacées de force », regrette l’agence onusienne.

D’autres types d’obstacles ont été identifiés dans plusieurs endroits, notamment la priorité accordée aux citoyens et l’exclusion des non-nationaux des campagnes de vaccination. 

L’OIM regrette également l’absence de « pare-feu » entre les prestataires de soins de santé et les autorités d’immigration, qui fait que de nombreux migrants en situation irrégulière craignent d’être arrêtés ou expulsés s’ils cherchent à se faire vacciner.

L’agence onusienne pointe aussi du doigt l’hésitation générale à se faire vacciner en raison d’une sensibilisation insuffisamment ciblée par des canaux linguistiquement et culturellement appropriés. 

La mobilité constitue également un défi pour les vaccins nécessitant deux doses, ainsi que la nécessité de disposer d’un smartphone, d’un ordinateur ou d’une connexion Internet pour s’inscrire.  

Malgré ces infortunes, quelque 47 pays ont déjà pris des mesures concrètes pour que les migrants, y compris ceux en situation irrégulière, puissent avoir accès au vaccin. 

« Nous avons été impressionnés par les efforts déployés dans des dizaines de pays pour rendre les déploiements de vaccination aussi équitables que possible », a fait valoir M. Vitorino.  

De nombreux pays attendent toutefois les doses pour commencer leurs déploiements de vaccination. 

Rectifier le tir en matière d’équité vaccinale 

Dans le cadre du réexamen en cours sur l’accès des migrants, le rapport a mis en lumière de nombreuses initiatives encourageantes prises par les gouvernements qui reconnaissent que « l’équité vaccinale est essentielle pour surmonter les crises sanitaires, économiques et de mobilité que pose cette pandémie ». 

« Il est encore temps de rectifier le tir en matière d’équité vaccinale partout où il existe une volonté politique de le faire », a déclaré M. Vitorino.

L’OIM plaide pour que tout document d’identification soit accepté, « quelle que soit sa date d’expiration, sans poser de questions sur le statut d’immigration de la personne ».  

L’agence onusienne exhorte également les Etats à garantir qu’il n’y aura pas de signalement aux autorités d’immigration après une vaccination.  
Il s’agit aussi d’accorder des droits de résidence ou des prolongations de visa aux migrants en situation irrégulière, afin de leur garantir l’accès aux prestations sociales, notamment aux soins de santé.  

L’OIM mise aussi sur le déploiement d’équipes de vaccination mobiles pour atteindre les zones reculées où les services de santé primaire restent rares.  

« C’est souvent dans les processus quotidiens et les exigences administratives des centres de santé que le combat pour une véritable inclusion est gagné ou perdu », a conclu le Directeur général de l’OIM, invitant donc « tous les gouvernements à dégager la voie vers une vaccination pour tous ».