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Il ne faut pas fonder l'assouplissement des mesures contre la Covid-19 sur la météo, avertit l’ONU

Une jeune fille, accompagnée de sa mère dans un parc de Dhaka, au Bangladesh. Toutes deux portent des masques.
UNICEF/Habibul Haque
Une jeune fille, accompagnée de sa mère dans un parc de Dhaka, au Bangladesh. Toutes deux portent des masques.

Il ne faut pas fonder l'assouplissement des mesures contre la Covid-19 sur la météo, avertit l’ONU

Santé

L'assouplissement des mesures visant à enrayer la propagation de la Covid-19 ne devrait pas être fondé sur la météo, a averti jeudi l'Organisation météorologique mondiale des Nations Unies (OMM), alors que le printemps et des températures plus chaudes arrivent dans l'hémisphère nord.

« Ce sont les mesures prises par les pouvoirs publics (comme le port obligatoire du masque et les restrictions de déplacement) plutôt que les facteurs météorologiques qui auraient régulé la dynamique de la transmission de la Covid-19 en 2020 et début 2021 », ont fait valoir 16 spécialistes des sciences de la Terre, de la médecine et de la santé publique, auteurs du premier rapport de l’OMM sur l’influence des facteurs météorologiques et de qualité de l’air sur la pandémie de Covid-19 .

Parmi les autres facteurs pertinents, le rapport cite les changements de comportement humain, la démographie des populations touchées et, plus récemment, les mutations du virus.

« À ce stade, les données disponibles ne corroborent pas l’utilisation des facteurs météorologiques et de qualité de l’air pour permettre aux gouvernements d’assouplir les mesures qu’ils prennent afin de réduire les transmissions », a déclaré Ben Zaitchik, Coprésident de l’Equipe spéciale de l’OMM et membre du Département des sciences de la Terre et des planètes de l’Université Johns Hopkins, à Baltimore (États-Unis).

« Au cours de la première année de la pandémie, nous avons observé des vagues de contamination lors des saisons chaudes et dans les régions chaudes », a-t-il précisé réitérant que « rien ne prouve que cela ne pourrait pas se reproduire pendant l’année à venir ».

La saisonnalité du virus n’est pas encore bien comprise

Le rapport envisage l’éventuel aspect saisonnier de la transmission de la Covid -19, les infections virales respiratoires présentant souvent une certaine forme de saisonnalité, en particulier le pic automne-hiver pour la grippe et les coronavirus responsables de rhumes dans les climats tempérés.

Cette tendance a donné à penser que la Covid -19, si elle persistait plusieurs années, serait une maladie fortement saisonnière, explique l’OMM, signalant toutefois que les mécanismes sous-jacents qui déterminent la saisonnalité des infections virales respiratoires ne sont pas encore bien compris.

Les experts estiment plutôt « qu’il est possible qu’il s’agisse d’une combinaison d’impacts directs sur la survie du virus, de répercussions sur la résistance humaine à l’infection et de l’influence indirecte du temps et des saisons par le biais de changements dans le comportement humain ».

Même si des études en laboratoire sur le SARS-CoV-2, le virus qui cause la Covid-19, ont permis de recueillir certaines preuves que le virus survit plus longtemps dans des conditions froides, sèches et avec un faible rayonnement ultraviolet, ces études « n’ont pas encore indiqué si les facteurs météorologiques qui ont une influence directe sur le virus avaient une influence significative sur les taux de transmission en conditions réelles », ont affirmé les scientifiques.

La qualité de l’air en extérieur

Le rapport de l’OMM se concentre sur la météorologie et la qualité de l’air en extérieur et n’aborde pas les détails de la circulation de l’air à l’intérieur.

Selon l’Équipe spéciale de l’OMM, des données préliminaires indiquerait que « la mauvaise qualité de l’air élève les taux de mortalité de la Covid-19,  sans qu’il soit prouvé que la pollution ait un impact direct sur la transmission par voie aérienne du SRAS-CoV-2, le virus qui cause la Covid-19 ».

L’OMM a par ailleurs encouragé les bonnes pratiques en matière de recherche et de communication, signalant que du fait de la « rapidité des recherches sur la Covid-19 », plusieurs études avaient été publiées plus vite et que leurs conclusions n’avaient pu être « recoupées et évaluées par les pairs », donnant lieu à des insuffisances méthodologiques, des données lacunaires et de résultats souvent contradictoires ou sélectifs.

L’Équipe spéciale de l’OMM compte ainsi conseiller et renseigner sur les bonnes pratiques et les normes minimales à respecter pour établir des méthodes de modélisation intégrée des maladies infectieuses tenant compte des facteurs environnementaux, dans ses travaux futurs.