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L’Union européenne plaide pour un multilatéralisme renforcé et efficace

Charles Michel (à l’écran), Président du Conseil européen, s’adresse au débat général de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale.
Photo : ONU/Evan Schneider
Charles Michel (à l’écran), Président du Conseil européen, s’adresse au débat général de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale.

L’Union européenne plaide pour un multilatéralisme renforcé et efficace

Paix et sécurité

Le Président du Conseil européen, Charles Michel, a plaidé, vendredi, pour un système multilatéral renforcé et efficace lors du débat général de la 75e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

M. Michel, qui s’exprimait pour la première fois lors d’un débat général de l’Assemblée générale en sa qualité de Président du Conseil européen, a rappelé que l'Union européenne (UE) « a été à la tête de la coopération internationale qui a permis de lever près de 16 milliards d'euros pour financer la recherche et le déploiement de vaccins, tests et traitements contre la Covid-19 ».

Il a également expliqué que l’UE a entrepris de devenir plus forte et stratégiquement autonome dans le cadre d'une économie ouverte. « Plus forte pas seulement pour elle-même. Mais aussi pour mieux contribuer à un monde meilleur », a-t-il dit, ajoutant que la crise créée par le coronavirus a rendu cet objectif encore plus essentiel. « Elle a réveillé une nouvelle responsabilité collective, celle de reconstruire en mieux, et en plus vert », a-t-il dit.

Pour le Président du Conseil européen qui a pris ses fonctions le 1er décembre 2019, prendre ses responsabilités commence par « voir les choses comme elles sont, et non comme on voudrait qu'elles soient ».

« Dans le monde d'aujourd'hui, l'abus de la force, militaire mais aussi économique, évince trop souvent l'argumentation et la négociation », a-t-il déploré. « Le respect des traités, principe de base du droit international, en vient même à être considéré comme optionnel. Même par ceux qui en étaient il y a peu encore les garants historiques. Tout cela au nom d'intérêts partisans ».

M. Michel a affirmé que « plus que jamais », l’UE défend le monde fondé sur des règles et la coopération internationale fondée sur les valeurs universelles. « L'Union européenne veut être plus forte, plus autonome, plus ferme, pour défendre un monde plus équitable. Et c'est dans cet esprit que nous sommes, par exemple, à l'avant-garde de la mise en œuvre des accords de Paris. Et que les objectifs de l'Agenda 2030 sont déjà intégrés dans notre système de gouvernance économique », a-t-il précisé.

Bélarus : l’UE n’accepte pas les résultats de l’élection présidentielle

Le Président du Conseil européen a rappelé que l’UE entend demeurer « un acteur de paix et de progrès, qui veut mobiliser son influence et sa force
pour rendre les autres plus robustes aussi » citant les partenariats de l’organisation régionale avec les pays des Balkans occidentaux et d’Europe orientale.

Concernant le Bélarus, M. Michel a déclaré que la dernière élection présidentielle a été falsifiée. « Nous n'en acceptons pas les résultats. Et nous condamnons la répression violente de l'opposition et des manifestations pacifiques. La répression et les intimidations doivent cesser, et tous ceux qui en sont responsables doivent rendre des comptes, et être sanctionnés ».

L’UE s’est dite solidaire du peuple bélarussien « qui doit être libre, sans la moindre contrainte extérieure, de choisir son propre avenir ». « Le dialogue national inclusif, avec le soutien de l'OSCE, est le seul chemin réaliste », a dit le Président du Conseil européen. « Lutter contre l'impunité, c'est aussi exiger une enquête indépendante et crédible lorsque l'opposant russe Navalny est victime d'une tentative d'assassinat à l'arme chimique », a-t-il ajouté dans un message adressé à Moscou.

M. Michel s’est dit convaincu que la relation entre l'Europe et l'Afrique sera « la colonne vertébrale d’un monde plus juste et plus solide ». Ensemble, les deux continents représentent quelque 80 nations et 1,7 milliard de citoyens, dont la grande majorité comptent parmi les plus jeunes de la planète, a-t-il rappelé.

« Nos deux continents n’ont jamais été à ce point interdépendants, pour le meilleur et pour le pire. Le reconnaître, ce n’est ni faire preuve d’un afro-pessimisme stérile, et encore moins d’un afro-optimisme naïf. C’est reconnaître que cette interdépendance nous oblige. C’est reconnaître qu’une Europe forte a besoin d’une Afrique forte, et inversement », a-t-il expliqué.

Dans la nouvelle rivalité entre Washington et Beijing, M. Michel a expliqué que l’UE est profondément liée aux Etats-Unis, dont elle partage « des idéaux, des valeurs et une affection réciproque fortifiés dans les épreuves de l'histoire » qui restent incarnés aujourd'hui dans une alliance transatlantique vitale. « Cela ne nous empêche pas d'avoir occasionnellement des approches ou des intérêts divergents », a-t-il dit.

L’Europe ne partage pas les valeurs sur lesquelles s'appuie le système politique et économique en Chine, a souligné le Président du Conseil européen, précisant que les 27 ne cesseront de promouvoir le respect des droits humains universels, « y compris ceux des minorités comme les Ouïgours ou à Hong Kong où les engagements internationaux qui garantissaient l'Etat de droit et la démocratie sont remis en question », a-t-il précisé. Si l’UE est partenaire de la Chine face à des défis mondiaux tels que le réchauffement climatique, elle est décidée à rééquilibrer cette relation vers plus de réciprocité et de concurrence loyale.

« Nous sommes du côté des valeurs fondamentales de démocratie, de droits humains, d'Etat de droit et de coopération. Et c'est avec cette boussole inaltérable que nous poursuivons ses intérêts », a insisté M. Michel.