L’ONU demande une enquête indépendante sur l’empoisonnement de l’opposant russe Alexei Navalny
L’ONU demande une enquête indépendante sur l’empoisonnement de l’opposant russe Alexei Navalny
La cheffe des droits de l’homme de l’ONU a appelé, mardi, à une enquête indépendante sur l’empoisonnement de la figure de l’opposition russe Alexei Navalny actuellement hospitalisé en Allemagne.
Alexei Navalny, « a été sorti du coma », a indiqué lundi l’hôpital de la Charité, à Berlin, dans lequel il a été transféré après avoir été victime d’un empoisonnement le 20 août dernier en Sibérie, en Russie.
Dans un communiqué de presse, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a exhorté le gouvernement russe « à mener, ou à coopérer pleinement à une enquête approfondie, transparente, indépendante et impartiale ».
Saluant la nouvelle que l’opposant russe, est sorti du coma, la Haute-Commissaire a rappelé que des spécialistes allemands ont déclaré avoir « la preuve sans équivoque » qu’il avait été empoisonné avec un agent neurotoxique Novichok.
Le 2 septembre dernier, Berlin a annoncé que les examens médicaux effectués par un laboratoire de l’armée allemande apportent la « preuve sans équivoque » que l’opposant a été victime d’un empoisonnement « par un agent neurotoxique de type Novitchok ». La Haute-Commissaire a noté que les agents neurotoxiques et les isotopes radioactifs tels que le Novichok et le Polonium-210 sont des substances sophistiquées « extrêmement difficiles à se procurer ».
« Cela soulève de nombreuses questions », a déclaré Mme Bachelet. « Pourquoi utiliser des substances comme celles-ci ? Qui les utilise ? Comment les ont-ils obtenues ? », a-t-elle demandé.
Bachelet : « Un crime très grave qui a été commis sur le sol russe »
La cheffe des droits de l’homme de l’ONU estime que « nier la nécessité d’une enquête approfondie, indépendante, impartiale et transparente sur cette tentative d’assassinat ne constitue pas des réponses adéquates ». Selon la Haute-Commissaire, il incombe aux autorités russes d’enquêter de manière approfondie sur les responsables de ce crime. « Un crime très grave qui a été commis sur le sol russe », a-t-elle précisé.
Mme Bachelet note, par ailleurs, que « le nombre de cas d’empoisonnement ou d’autres formes d’assassinat ciblé de citoyens ou ex- citoyens russes, en Russie ou ailleurs, au cours des deux dernières décennies est profondément inquiétant ». « Et l’incapacité, dans de nombreux cas, de tenir les auteurs responsables et de rendre justice aux victimes ou à leurs familles, est également profondément regrettable et difficile à expliquer ou à justifier », a-t-elle fait valoir.
Interrogé sur les responsables de ce crime, le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), Rupert Colville, a condamné mardi cet empoisonnement. Lors d’un point de presse à Genève, il a indiqué « ne pas être dans une position de faire des accusations directes ».
Le 20 août dernier, Alexeï Navalny a été placé en réanimation dans un état grave dans un hôpital d’Omsk, en Sibérie après avoir fait un malaise à bord d’un vol qui reliait la ville de Tomsk à la capitale Moscou. L’opposant russe, tombé dans le coma, a été transféré le 22 août dans un hôpital de Berlin, en Allemagne à la demande de sa famille. Les médecins allemands de l’hôpital de la Charité ont indiqué le 24 août qu’il présentait bien des « traces d’empoisonnement ».
Du côté du HCDH, on rappelle que bien avant le signalement de son empoisonnement, « Alexei Navalny avait été harcelé, arrêté et agressé à plusieurs reprises, soit par les autorités, soit par des agresseurs inconnus.
« Navalny était clairement quelqu’un qui avait besoin de la protection de l’État », a affirmé Mme Bachelet, « même s’il était une épine politique dans le pied du gouvernement ».