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Bulgarie : des experts de l'ONU dénoncent les discriminations envers les Roms dans la lutte contre la Covid-19

Des enfants dans la ville de Shumen, dans le nord de la Bulgarie (2013)
© UNICEF/UNI154440/Pirozzi
Des enfants dans la ville de Shumen, dans le nord de la Bulgarie (2013)

Bulgarie : des experts de l'ONU dénoncent les discriminations envers les Roms dans la lutte contre la Covid-19

Droits de l'homme

Deux experts des Nations Unies dans le domaine des droits de l'homme ont appelé mercredi le gouvernement bulgare à mettre fin aux discours de haine et à la discrimination raciale à l'encontre de la minorité rom dans sa réponse à la pandémie de Covid-19 et à cesser les opérations de police ciblant les quartiers roms pendant la pandémie.

« Nous sommes profondément préoccupés par les restrictions discriminatoires imposées aux Roms sur une base ethnique, qui sont ouvertement soutenues par des représentants de l'État bulgare dans le cadre des mesures plus larges visant à prévenir la propagation de la Covid-19 », ont déclaré la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur le racisme, E. Tendayi Achiume, et le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités, Fernand de Varennes.

« Le placement de postes de contrôle depuis la mi-mars à l'entrée des zones roms déjà séparées de Nova Zagora, Kazanlak, Sliven, Yambol et Sofia - prétendument mis en œuvre dans le cadre des efforts visant à lutter contre la pandémie - est une violation du droit des Roms à l'égalité et la liberté de mouvement, et pourrait exposer davantage les résidents roms au virus, en particulier là où l'accès à l'assainissement est limité, comme dans le quartier de Nova Zagora », ont-ils ajouté dans un communiqué de presse conjoint.

Opération de police qui vise spécifiquement les Roms

Les experts ont également attiré l'attention sur l'opération de police baptisée Respect qui vise spécifiquement les Roms et permet aux policiers de patrouiller dans les quartiers roms pour contrôler si la minorité rom respecte les restrictions liées à la Covid-19 à Burgas et Sofia.

« Cette opération doit être interrompue car elle viole les principes de non-discrimination et d'égalité et adopte une approche trop sécuritaire qui peut mettre en danger le droit à la santé des Roms », ont-ils dit.

« Il est préoccupant que des hauts fonctionnaires du gouvernement et du pouvoir judiciaire et un membre d'un parti politique se soient prononcés en faveur d'une réponse du gouvernement à la Covid-19 qui distingue les Roms », ont ajouté les deux experts , notant avec préoccupation qu'un parti nationaliste Le leader a décrit les quartiers roms dans les villes comme des « nids d'infection » potentiels, ce qui alimente la haine et la violence contre les Roms.

« De telles remarques contribuent à exacerber les sentiments anti-Roms au sein de la population et favorisent l'exclusion sociale, la ségrégation et la marginalisation des Roms », ont-ils souligné. « Les autorités ne devraient pas exploiter la pandémie pour exclure davantage les Roms et les présenter comme criminels et contagieux ».

Les deux experts des droits de l'homme ont exhorté le gouvernement bulgare à condamner rapidement et sans équivoque les discours de haine, le populisme raciste et nationaliste. « Là où le populisme nationaliste menace l'égalité raciale, les gouvernements doivent prendre des mesures pour lutter contre cette menace à tous les niveaux, y compris national, provincial et local », ont-ils souligné.

« La discrimination raciale et le racisme au sein des institutions publiques sont une réalité que les gouvernements ne devraient pas nier. Les autorités bulgares doivent condamner ce comportement et tout autre comportement visant des Roms et d'autres minorités sur une base ethnique ou connexe », ont-ils conclu.

Les deux Rapporteurs spéciaux ont fait part de leurs préoccupations par écrit au gouvernement bulgare.

NOTE

Les experts indépendants font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales qui constituent le plus grand groupe d’experts indépendants dans le système des Nations unies des droits de l’homme, sont les mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent, soit de situations spécifiques de pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne sont pas fonctionnaires de l’ONU et ne reçoivent pas un salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.