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RETOUR SUR 2018 - Calais : des experts exhortent la France à fournir eau potable et toilettes aux migrants

Un garçon traverse un camp de migrants à Calais, dans le nord de la France. Selon les estimations, environ 900 migrants et demandeurs d'asile sont hébergés dans la région, la plupart sans toilettes.
UNICEF/Geai
Un garçon traverse un camp de migrants à Calais, dans le nord de la France. Selon les estimations, environ 900 migrants et demandeurs d'asile sont hébergés dans la région, la plupart sans toilettes.

RETOUR SUR 2018 - Calais : des experts exhortent la France à fournir eau potable et toilettes aux migrants

Droits de l'homme

En avril dernier, des experts des droits de l’homme de l’ONU exhortaient la France  à faire davantage pour fournir de l’eau potable, des services d’assainissement et des abris d’urgence aux migrants et aux demandeurs d’asile à Calais, Grande-Synthe, Tatinghem, Dieppe et dans d’autres régions de la côte du nord de la France

Selon ces experts indépendants, jusqu’à 900 migrants et demandeurs d’asile à Calais, 350 à Grande-Synthe, et un nombre inconnu dans d’autres localités septentrionales vivaient sans accès à des abris d’urgence convenables et sans accès régulier à l’eau potable, aux toilettes et aux installations sanitaires.

« Les migrants et les demandeurs d’asile situés le long de la côte du nord de la France et ceux qui ne peuvent pas être accueillis dans le gymnase de Grande-Synthe vivent une situation inhumaine », déclarait Léo Heller, le Rapporteur Spécial sur les droits à l’eau potable et à l’assainissement. Les migrants logent ainsi dans des tentes, sans toilettes, et se lavent dans des eaux polluées d’une rivière ou d’un lac.

Les experts de l’ONU soulignaient qu’en l’absence d’alternatives valables pour un accès au logement convenable, y compris dans la région de Calais, le démantèlement des camps n’était finalement pas une solution à long terme. « Nous sommes préoccupés par les politiques migratoires toujours plus rétrogrades et les conditions insalubres dans lesquelles vivent les migrants, » dénonçait le Rapporteur Spécial sur les droits de l’homme des migrants, Felipe González Morales.

Des bénévoles humanitaires et des ONG sous pression

Pourtant depuis l’année précédente, le gouvernement français avait mis en œuvre des mesures temporaires afin de fournir l’accès à des abris d’urgence, à l’eau potable et aux services d’assainissement pour un certain nombre de migrants et de demandeurs d’asile. Une de ces mesures avait été d’embaucher une organisation locale qui fournissait un accès à l’eau potable et à des douches pour les migrants se trouvant le long de la côte nord de la France. Aussi, 200 migrants étaient accueillis dans un gymnase à Grande-Synthe.

Mais les experts onusiens jugeaient « insuffisants » ces efforts faits par Paris. « Je suis préoccupé que pour chaque pas en avant, nous en faisons deux en arrière », soulignait M. Heller qui citait à cet égard la situation le long de la côte nord de la France qui était, selon lui, « emblématique du besoin d’attention accrue des autorités nationales et internationales à cet égard ». 

De façon générale, les experts indépendants de l’ONU rappellaient que les migrants, indépendamment de leur statut, ont des droits comme par exemple l’accès à un logement convenable, à l’éducation, aux soins de santé, à l’eau potable et aux services d’assainissement, et aussi au système judiciaire et aux voies de recours. « En les privant de leurs droits ou en y empêchant l’accès, la France viole ses obligations internationales en matière de droits de l’homme », soulignait le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants, Felipe González Morales.

Par ailleurs, les experts avaient lancé un appel à l’action pour arrêter le harcèlement et l’intimidation des bénévoles et des membres des ONG qui fournissaient une aide humanitaire aux migrants. Les Rapporteurs spéciaux disaient avoir pris contact avec le gouvernement français afin d’obtenir des précisions sur ces préoccupations.