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Avant la réunion sur les migrations à Marrakech, la COP 24 s'attaque au défi des déplacements climatiques

Les rues de Gonaïves, en Haïti, inondées suite au passage de l'ouragan Tomas.
UNICEF/Marco Dormino
Les rues de Gonaïves, en Haïti, inondées suite au passage de l'ouragan Tomas.

Avant la réunion sur les migrations à Marrakech, la COP 24 s'attaque au défi des déplacements climatiques

Climat et environnement

Alors que des centaines de décideurs se dirigent vers Marrakech pour convenir de nouvelles normes pour les migrations mondiales, la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP24) a examiné samedi les moyens concrets d'aider les pays à affronter les déplacements massifs causés par les effets du changement climatique, tels que la pénurie d'eau, les inondations, les tempêtes et l’élévation du niveau de la mer.

« Dans de nombreux endroits, les changements climatiques, les inondations et les sécheresses menacent de plus en plus la sécurité et les moyens de subsistance des personnes. Cela conduit beaucoup de familles à se demander si elles peuvent rester où elles sont, ou si elles doivent aller vivre ailleurs », a déclaré Koko Warner, responsable des questions de migration au secrétariat de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Aujourd’hui, plus de 258 millions de personnes vivent en dehors de leur pays d'origine.

S'il est très difficile de quantifier le nombre de personnes déplacées par le changement climatique, aujourd'hui, plus de 258 millions de personnes vivent en dehors de leur pays d'origine.

Quatre fois plus de personnes dans le monde sont déplacées par des phénomènes météorologiques extrêmes que par un conflit.

Au Sahel, plusieurs vagues de sécheresse en 2017 ont ravagé les cultures et le bétail des agriculteurs
Photo: OMM
Au Sahel, plusieurs vagues de sécheresse en 2017 ont ravagé les cultures et le bétail des agriculteurs

 

Le réchauffement climatique devrait augmenter ce nombre, car ses impacts rendent de plus en plus de zones de la planète inhabitables.

« Par exemple, si vous êtes un agriculteur et que les pluies sont insuffisantes pendant plusieurs années consécutives, vous risquez de perdre soudainement non seulement votre accès à la nourriture, mais aussi votre source de revenu et le bien-être de votre famille. La famille entière peut sombrer dans la précarité », a expliqué Mme Warner.

Actuellement, quatre fois plus de personnes dans le monde sont déplacées par des phénomènes météorologiques extrêmes que par un conflit

Pour y remédier, une série de recommandations visant à aider les pays à faire face aux déplacements liés au changement climatique a été présentée à la COP24, qui se déroule à Katowice, en Pologne, afin de définir la voie à suivre pour tenir les engagements en matière d’action climatique pris par tous les pays dans l'Accord de Paris signé en 2015.

« Nous avons parcouru un long chemin. La migration liée au changement climatique a été plus ou moins absente des discussions jusqu'en 2010, à Cancún. Cinq ans plus tard, à Paris, les pays ont demandé des recommandations afin de mieux se préparer à affronter ce phénomène. À Katowice, nous espérons qu'ils les adopteront », a expliqué Mme Warner.

Les recommandations adressées aux 197 parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques comprennent des propositions portant sur la planification des mesures d'urgence, la consultation et l'analyse des données, ainsi que la coopération entre les pays.

Des recommandations seront présentées pour adoption au niveau ministériel la semaine prochaine.

Le document a été préparé par un groupe de travail sur les déplacements et présenté samedi pour approbation par les délégués techniques des États membres.

Il sera présenté pour adoption au niveau ministériel la semaine prochaine.

« L’objectif est vraiment d’aider les pays à comprendre l’ampleur de ce qui se prépare et à s'y préparer réellement », a noté l'experte de la CCNUCC en matière de vulnérabilité au climat.

« Il s’agit vraiment de trouver des moyens de réduire les souffrances et d’assurer la sécurité et la dignité des personnes menacées de déplacement en raison du changement climatique », a précisé Mme Warner.

Ces discussions ont lieu à peine deux jours avant l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières - le tout premier accord mondial de l’ONU pour une approche commune des migrations internationales - lors d'une réunion à Marrakech lundi et mardi prochains.

L’envergure des recommandations et leur importance varient selon le contexte.

En matière de planification, par exemple, l’une des recommandations comprend des suggestions telles que le financement basé sur des prévisions qui permettrait aux communautés confrontées aux catastrophes naturelles de se préparer de manière adéquate.

Une autre recommandation est de se concentrer sur la collecte de données et l’analyse des risques afin de mieux cartographier et comprendre la mobilité humaine.

Le document insiste sur la nécessité d'inclure et d'assurer la participation des communautés touchées à chaque étape du processus, afin qu'elles se sentent responsabilisées et bien informées des décisions concernant leur vie.

« Nous sommes très heureux de l'avancée de ce sujet dans les discussions et espérons que les pays utiliseront les recommandations », a déclaré Mme Warner.

« L’impact réel », a conclu l’experte, « sera mesuré par les mesures prises par les pays pour éviter ou minimiser les souffrances inutiles, et pour affronter les risques associés aux déplacements liés au climat ».