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Yémen : le HCR inquiet de l’escalade militaire à Hodeïda, le PAM renforce son aide alimentaire

A Hodeïda, des Yéménites attendent une distribution de produits humanitaires d'urgence fournis avec l’appui de l'UNICEF (juin 2018)
© UNICEF
A Hodeïda, des Yéménites attendent une distribution de produits humanitaires d'urgence fournis avec l’appui de l'UNICEF (juin 2018)

Yémen : le HCR inquiet de l’escalade militaire à Hodeïda, le PAM renforce son aide alimentaire

Aide humanitaire

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est déclarée vendredi très inquiète de l’escalade militaire dans la région de la ville portuaire de Hodeïda, au Yémen, tandis que le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé un renforcement de son aide alimentaire dans ce pays menacé par la famine.

« Les combats se sont considérablement intensifiés autour de la ville de Hodeïda et des zones est et sud du gouvernorat. Des affrontements violents, des frappes aériennes et des bombardements ont fait de nombreuses victimes parmi les civils », a déclaré une porte-parole du HCR, Shabia Mantoo, lors d’un point de presse à Genève. « Les infrastructures civiles, y compris les établissements de santé et les habitations, sont également endommagées ».

Preuve de la gravité de la situation, selon le HCR, près des trois quarts des quelque 600.000 habitants de Hodeïda ont été forcés de fuir depuis juin, selon des données de l’ONU.

Bien que le nombre de ceux qui restent à Hodeïda soit difficile à évaluer, le HCR s’inquiète de l’impossibilité de fuir pour les civils, pris au piège des opérations militaires, alors que les voies de sortie sont coupées.

« Le HCR exhorte toutes les parties au conflit à autoriser et à faciliter l’accès rapide et sans entrave des secours humanitaires aux civils dans le besoin et à assurer la protection des infrastructures humanitaires conformément au droit international humanitaire. Le HCR réitère son appel à la cessation urgente des hostilités au Yémen », a dit la porte-parole.

Une aide alimentaire à 14 millions de Yéménites

De son côté, le PAM a indiqué vendredi qu’il entendait intensifier ses programmes d’assistance au Yémen pour fournir une aide alimentaire à 14 millions d’habitants, environ la moitié de la population, alors que la famine menace le pays.

« Le PAM est en train de mettre en place des plans qui lui permettraient d’augmenter son assistance alimentaire au Yémen, en passant de 8 millions de Yéménites qui reçoivent déjà notre assistance aujourd’hui à un nombre pouvant atteindre jusque 14 millions », a annoncé aux médias Hervé Verhoosel, le porte-parole de l’agence onusienne à Genève.

Le PAM va ainsi presque doubler son aide alimentaire au Yémen. Selon M. Verhoosel, l’aide alimentaire distribuée jusqu’à présent « a contribué à prévenir la famine », mais il semble que des efforts encore plus importants vont être nécessaires. Mais « cette augmentation progressive représente un challenge logistique, sécuritaire et humain pour le programme mondial alimentaire mondial », a d’ailleurs relevé le porte-parole du PAM.

Face à l’urgence de la situation sur le terrain, l’agence onusienne demande l’aide de toutes les parties, et un accès sans réserve à ses diverses installations dans le pays. Un accès dont ne jouit pas pour le moment la population, précise le PAM.

Selon l’agence onusienne, « il est aussi primordial que le port de Hodeïda reste ouvert car il permet d’importer 70% des produits alimentaires dans le pays ». Sur les 29 millions d’habitants au Yémen, 18 millions ne savent pas d’où proviendra leur prochain repas. « La majorité d’entre eux sont aux portes de la famine », prévient le PAM.

Le chef de l’humanitaire de l’ONU, Mark Lowcock, a lui aussi lancé récemment un cri d’alarme sur les risques de famine au Yémen.

« Il existe maintenant un danger clair et présent de grande et imminente famine au Yémen - bien pire que tout ce que les professionnels de ce secteur ont vu durant leur vie professionnelle », a-t-il dit le 30 octobre devant l’Université Johns Hopkins à Washington.

« Il est toujours possible d’éviter cela, ou tout du moins des millions de personnes peuvent encore être sauvées. Comme je l'ai dit au Conseil de sécurité, nous devons mettre fin aux hostilités », a ajouté M. Lowcock. « Et, nous avons besoin d'un processus de paix pour mettre fin au conflit ».