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Au siège de l’ONU, António Guterres rend hommage à Kofi Annan, « la voix des sans voix »

Le Secrétaire général António Guterres signe le livre de condoléances lors d'une cérémonie en hommage à l'ancien Secrétaire général Kofi Annan décédé samedi 18 août 2018.
Photo : ONU/Manuel Elias
Le Secrétaire général António Guterres signe le livre de condoléances lors d'une cérémonie en hommage à l'ancien Secrétaire général Kofi Annan décédé samedi 18 août 2018.

Au siège de l’ONU, António Guterres rend hommage à Kofi Annan, « la voix des sans voix »

À l’ONU

Des employés des Nations Unies et des représentants des missions diplomatiques se sont rassemblés mercredi aux côtés du Secrétaire général au siège de l’organisation à New York pour rendre hommage à Kofi Annan décédé samedi.

Dans le hall du bâtiment de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a signé le livre de condoléances ouvert en hommage à Kofi Annan avant de se recueillir devant le portrait de son prédécesseur placé devant le vitrail bleu de Marc Chagall.

Le Secrétaire général était accompagné de l’Ambassadrice Martha Ama Akyaa Pobee, Représentante permanente du Ghana auprès des Nations Unies, qui s’est également inclinée devant la photographie de son compatriote.

Dans un discours, M. Guterres – qui fut nommé en 2005 Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés par M. Annan - a salué en son prédécesseur « l’un des meilleurs d’entre nous, un homme qui a incarné les valeurs des Nations Unies et qui nous a rendu fiers d’être ses collègues ».

L’actuel chef de l’ONU a rappelé que les années du mandat du septième Secrétaire général (1997-2006) ont été passionnantes. « Il a mis en avant de nouvelles idées. Il a amené de nouvelles personnes dans la famille des Nations Unies. Il a parlé avec passion de notre mission et de notre rôle. Il a créé un sens renouvelé du possible, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre organisation, de ce que l’ONU pourrait faire et pourrait être pour les peuples du monde », a-t-il dit.

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Premier Secrétaire général issu des rangs des fonctionnaires de l’organisation mondiale, Kofi Annan a débuté sa carrière onusienne en 1962. Il a notamment été en poste à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Genève, à la Commission économique pour l’Afrique (CEA) à Addis Abeba et a dirigé le Département des opérations de maintien de la paix à New York.

« En raison de sa carrière longue et variée dans différents bureaux et départements, il semblait parfois que Kofi connaissait tout le monde personnellement. Mais même les membres du personnel qui ne l'ont jamais rencontré ont ressenti un lien avec Kofi, car il était l'un des nôtres. Comme je l’ai dit samedi à bien des égards, Kofi Annan était les Nations Unies », a souligné M. Guterres.

Pour l’actuel Secrétaire général, les caractéristiques les plus marquantes de son prédécesseur étaient son humanité et sa solidarité avec les personnes dans le besoin. « Il a placé les personnes au centre du travail de l’ONU et a réussi à transformer la compassion en action à travers le système des Nations Unies », a dit M. Guterres.

« Nous récoltons encore les fruits du Sommet du millénaire, où il a rassemblé le monde pour définir les premiers objectifs mondiaux en matière de pauvreté et de mortalité infantile », a rappelé le Secrétaire général. « Sa réponse à l’épidémie du VIH /sida a réuni les gouvernements, les organisations non gouvernementales et l’industrie des soins de santé et a sans aucun doute sauvé de nombreuses vies ».

Le Secrétaire général António Guterres rend hommage à Kofi Annan lors d'une cérémonie en l'honneur de l'ancien secrétaire général, décédé le 18 août 2018.
Photo : ONU/Manuel Elias
Le Secrétaire général António Guterres rend hommage à Kofi Annan lors d'une cérémonie en l'honneur de l'ancien secrétaire général, décédé le 18 août 2018.

Kofi Annan ne s'est pas dérobé face aux erreurs commises par l'ONU

Selon M. Guterres, M. Annan ne s’est pas dérobé face aux graves erreurs commises par les Nations Unies dans les années 1990 dans sa réponse au génocide au Rwanda et aux meurtres de Srebrenica, faisant la lumière au sein de l’organisation. « Les rapports qu'il avait commandés visaient à éviter que de telles erreurs terribles ne se reproduisent et à amener la communauté internationale sur une nouvelle voie dans sa réponse aux atrocités de masse », a dit le Secrétaire général.

« Véritable voix des sans-voix », M. Annan n'a pas hésité à résoudre les problèmes les plus difficiles et a travaillé de manière créative pour combler les différences et protéger les plus vulnérables, a dit le Secrétaire général. « Il se tenait debout sans antagoniser les autres ; son humilité, sa bonne humeur, sa courtoisie et son charme allaient de pair avec une grande sagesse et force ».

M. Guterres a indiqué que la manière façon d’honorer le bilan de son prédécesseur et de se souvenir des paroles qu’il a prononcé en 2001 lorsqu'il a reçu avec l’ONU le prix Nobel de la paix : ‘assurer une amélioration réelle et durable de la vie des hommes et des femmes est la mesure de tout ce que nous faisons aux Nations Unies’.

« En ces temps de divisions politiques croissantes et de conflits insolubles, nous avons plus que jamais besoin de l’esprit de construction de paix de Kofi Annan », a conclu le chef de l’ONU.