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Les besoins humanitaires n'ont jamais été aussi importants en Syrie, affirme le chef de l'ONU

Le Secrétaire général António Guterres à la Conférence de Bruxelles sur la Syrie. Photo ONU/Christophe Verhellen
Le Secrétaire général António Guterres à la Conférence de Bruxelles sur la Syrie. Photo ONU/Christophe Verhellen

Les besoins humanitaires n'ont jamais été aussi importants en Syrie, affirme le chef de l'ONU

S'exprimant lors d'une Conférence internationale sur la Syrie à Bruxelles, en Belgique, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a demandé mercredi à la communauté internationale d'accroître son assistance aux victimes du conflit dans ce pays, ainsi qu'aux pays voisins qui accueillent des millions de réfugiés.

« Aujourd'hui, alors que les lignes de front bougent, on peut penser que la situation s'est améliorée. Ceci est complètement faux. Les mois récents ont été parmi les pires. Des centaines de civils ont été tués et blessés alors que les combats se poursuivent », a déclaré M. Guterres à cette 'Conférence sur le soutien à l'avenir de la Syrie et de la région'.

« La nécessité d'une assistance humanitaire et de la protection des civils syriens n'a jamais été aussi grande », a ajouté le chef de l'ONU. « Les agences de l'ONU et nos partenaires sont déterminés à atteindre toutes les personnes dans le besoin, par tous les moyens possibles ».

Selon lui, la Conférence de Bruxelles « doit représenter un moment de vérité ». « En Syrie, quatre personnes sur cinq vivent dans la pauvreté; la moitié dans l'extrême pauvreté, incapable de répondre à ses besoins alimentaires de base. Une école sur trois est hors d'usage, empêchant 1,75 million d'enfants d'obtenir une éducation. Il y a des enfants syriens âgés de dix ans qui n'ont jamais été à l'école », a-t-il souligné.

« Hors de Syrie, l'assistance humanitaire est manifestement insuffisante pour les réfugiés dans les pays voisins. Plus de 90% des réfugiés en dehors des camps en Jordanie vivent sous le seuil de pauvreté jordanien. Environ la moitié des enfants réfugiés syriens au Liban ne sont toujours pas scolarisés, malgré d'énormes efforts du gouvernement libanais », a-t-il ajouté.

M. Guterres a rendu hommage à la générosité des pays voisins de la Syrie. « Nous devons faire davantage pour renforcer la résilience des communautés hôtes et leur fournir la solidarité dont elles ont besoin. Mais nous devons également intensifier le soutien au budget, à l'investissement et à l'infrastructure de la Jordanie et du Liban, qui ont en particulier besoin de moderniser les secteurs de l'énergie, de l'eau, de l'éducation et de la santé », a-t-il souligné.

Le chef de l'ONU a estimé que l'Iraq avait également besoin d'une aide accrue dans ses efforts pour assurer la stabilisation et la réconciliation internes.

Quant à la Turquie, M. Guterres a noté que « le gouvernement turc a annoncé l'année dernière qu'il avait octroyé 12 milliards de dollars pour aider 2,7 millions de réfugiés syriens ». « La communauté internationale a couvert une petite fraction de cette somme », a-t-il ajouté.

La conférence de deux jours a commencé mardi avec des sessions thématiques sur les besoins humanitaires et les défis à l'intérieur de la Syrie et sur les moyens de renforcer la résilience des réfugiés et des communautés d'accueil dans les pays voisins.

Elle devait évaluer également l'état d'avancement de la mise en œuvre des engagements pris lors d'une conférence à Londres l'année dernière et élaborer une assistance supplémentaire aux Syriens à l'intérieur du pays et dans les pays voisins, ainsi qu'aux communautés hôtes respectives.

Dans sa septième année, le conflit en Syrie reste le plus grand défi humanitaire au monde : 13,5 millions d'hommes, de femmes et d'enfants en Syrie ont besoin d'une assistance urgente. Il y a maintenant plus de 5 millions de réfugiés syriens vivant en Egypte, en Iraq, en Jordanie, au Liban et en Turquie, et beaucoup d'autres ont fait le dangereux voyage vers l'Europe.

A l'issue de cette conférence qui était organisée par l'Union européenne, l'ONU, l'Allemagne, le Koweït, le Qatar et le Royaume-Uni, 41 bailleurs de fonds ont promis 6 milliards de dollars pour 2017, dans le cadre d'un soutien immédiat et à plus long terme, et 3,7 milliards de dollars pour 2018 et au-delà.

« Il faut que ces promesses deviennent, dès que possible, une réalité », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Stephen O'Brien, dans un communiqué de presse.