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RDC : la MONUSCO déplore l'escalade de la violence dans les provinces du Kasaï

Dans la province du Kasaï Central, République démocratique du Congo (RDC), une mission de la MONUSCO a évalué la situation sécuritaire suite à des incursions par les miliciens Kamuina Nsapu. Photo MONUSCO / Bilaminou Alao
Dans la province du Kasaï Central, République démocratique du Congo (RDC), une mission de la MONUSCO a évalué la situation sécuritaire suite à des incursions par les miliciens Kamuina Nsapu. Photo MONUSCO / Bilaminou Alao

RDC : la MONUSCO déplore l'escalade de la violence dans les provinces du Kasaï

La Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO) s'est déclarée mercredi préoccupée par des informations faisant état d'une escalade de la violence dans les provinces du Kasaï qui a donné lieu à de graves violations des droits de l'homme.

Des douzaines de personnes ont été tuées dans des affrontements entre la milice Kamuina Nsapu et les forces de sécurité congolaises à Kananga lors d'une explosion de violence entre le 14 et le 17 mars, a précisé la MONUSCO dans un communiqué de presse.

La violence a également frappé des nouveaux territoires comme Luebo où les miliciens ont attaqué des symboles de l'Etat et ont libéré des prisonniers. Récemment, Tshimbulu a aussi subi une recrudescence de la violence et des menaces contre des églises dans la région, particulièrement à Luiza.

Entre le 28 et le 31 mars, les militaires congolais ont mené des opérations qui auraient fait, selon de nombreuses informations, des victimes civiles, et auraient été accompagnées de violations des droits de l'homme et d'arrestations arbitraires, y compris des mineurs.

« Les violences dans les provinces du Kasaï auraient causé la mort de plus de 400 civils ainsi que d'un nombre élevé d'éléments des forces de sécurité. Il faut y mettre un terme », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC et chef de la MONUSCO, Maman S. Sidikou.

« Il est clair qu'il n'y a pas de solution militaire à ces violences. A ce stade, intensifier la réponse militaire ne fera qu'exacerber la violence et mettre davantage les populations civiles en danger », a-t-il ajouté.

La MONUSCO a salué les initiatives prises par le gouvernement congolais pour appuyer les efforts visant à mettre fin aux hostilités, encourager la reddition des éléments de la milice et trouver des solutions durables aux conflits au sujet des chefferies traditionnelles. Elle a exhorté le gouvernement à intensifier ses efforts pour trouver des solutions politiques acceptables.

La Mission a également demandé aux dirigeants de Kamuina Nsapu et d'autres milices d'arrêter immédiatement les violences inutiles et le recrutement d'enfants.

Selon la MONUSCO, il existe des liens clairs entre les violences dans les provinces du Kasaï et le retard dans la mise en application de l'accord politique du 31 décembre 2016. « Ce n'est pas un fait du hasard que l'escalade des violences ait coïncidé avec l'évolution politique récente à Kinshasa. Pour l'amour du peuple congolais et du pays, j'exhorte toutes les parties à trouver rapidement un compromis qui permette la mise en œuvre totale de l'accord et la tenue des élections pacifiques en décembre », a conclu M. Sidikou.

En réponse à la détérioration de la situation, la MONUSCO a déclaré poursuivre sa collaboration avec les autorités congolaises aux niveaux national et provincial pour mettre un terme aux hostilités. Le 3 avril, de hauts responsables de la Mission ont effectué une visite à Kananga pour explorer les voies et moyens pouvant renforcer les capacités de la MONUSCO dans les provinces du Kasaï.

La MONUSCO a déclaré qu'elle continuerait aussi de suivre de près et de documenter les allégations de graves violations des droits de l'homme dans la région, y compris l'enquête sur les allégations de fosses communes. Elle s'est dite aussi disposée à appuyer les efforts pour un plus grand accès humanitaire au fur et à mesure que les besoins s'accroissent face à la dégradation de la situation sécuritaire.

La MONUSCO envisage aussi d'apporter son appui au processus d'enrôlement des électeurs dont le démarrage est prévu vers la fin du mois d'avril dans les provinces du Kasaï. Selon la Mission, ceci est indispensable pour assurer l'organisation rapide et pacifique des élections en décembre et une paix durable dans cette région.