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Syrie : le chef de l'humanitaire de l'ONU réclame un accès sans entraves pour l'assistance humanitaire

Le Coordonnateur des secours d'urgence des Nations Unies, Stephen O'Brien, intervient devantle Conseil de sécurité. Photo ONU / Amanda Voisard (archives)
Le Coordonnateur des secours d'urgence des Nations Unies, Stephen O'Brien, intervient devantle Conseil de sécurité. Photo ONU / Amanda Voisard (archives)

Syrie : le chef de l'humanitaire de l'ONU réclame un accès sans entraves pour l'assistance humanitaire

Le chef de l'humanitaire de l'ONU, Stephen O'Brien, a plaidé jeudi devant le Conseil de sécurité pour un acheminement sans entraves de l'assistance humanitaire en Syrie afin de venir en aide aux 13,5 millions de civils qui en ont cruellement besoin.

M. O'Brien, qui est Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, s'est dit particulièrement préoccupé par le sort de plus de 400.000 civils dans le gouvernorat de Raqqa, alors que les opérations militaires qui s'y déroulent se rapprochent de la ville de Raqqa. Il a appelé toutes les parties à épargner les civils lors des hostilités, comme l'exige le droit international.

Le Coordonnateur des secours d'urgence a précisé que près de 40.000 personnes avaient fui les zones de combat dans le nord du gouvernorat de Hama.

« À Damas, les dizaines de morts et de blessés en raison des deux explosions à la mi-mars qui ont frappé Bab Al-Saghir, alors que nombreux pèlerins étaient présents, est un rappel odieux de la volonté des groupes extrémistes et terroristes de délibérément viser des civils », a-t-il ajouté.

M. O'Brien a ainsi jugé « extrêmement préoccupante » la détérioration de la situation sécuritaire dans les zones assiégées dans la Ghouta orientale de Rif-Damas où 400.000 personnes sont prises au piège par les forces gouvernementales. Il a rappelé que l'aide onusienne avait été acheminée pour la dernière fois dans les zones assiégées de la Ghouta orientale en octobre 2016, « il y a six mois ».

Le Secrétaire général adjoint a mentionné l'accord conclu entre le gouvernement syrien et les groupes armées non étatiques à Al Waer, à Homs, permettant l'évacuation de 3.500 personnes, y compris des combattants, entre le 18 et le 27 mars, vers Jarablus à Rif-Damas.

M. O'Brien a également cité l'accord conclu entre les parties pour des évacuations à Madaya, Zababani, Foua et Kefraya, dites « les quatre villes », incluant une assistance humanitaire et une pause de neuf mois dans les affrontements.

« L'ONU n'a pas été impliquée dans les négociations de ces accords et dans le processus d'évacuation de Al Waer, mais je veux souligner notre préoccupation devant ces accords », a-t-il dit. « Tous les sièges doivent être levés immédiatement, point final ».

« J'espérais sincèrement que 2017 inaugurerait un changement s'agissant de notre degré d'assistance humanitaire, en particulier dans les zones assiégées et difficile d'accès, dans la foulée des progrès modestes accomplis au cours des neuf derniers mois », a-t-il ajouté. Or, à l'issue du premier trimestre, nos niveaux d'accès ne présentent pas d'amélioration par rapport à l'an dernier, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.

Alors que l'objectif du convoi terrestre inter-agences pour le mois de mars était d'apporter une aide à 785.500 personnes, celle-ci n'est parvenue qu'à 44% d'entre-elles, soit le chiffre le plus bas depuis mars 2016. Les seules zones assiégées que le convoi a pu rallier au cours du mois écoulé sont les « quatre villes » et celle de Khan El Shih, situées à Rif-Damas, parallèlement au parachutage d'articles de première nécessité à Deir-ez Zor.

M. O'Brien a demandé aux autorités syriennes de simplifier les procédures bureaucratiques préalables à l'approbation des convois, jugeant excessive l'« architecture bureaucratique ». L'ONU a, pour sa part, soumis à Damas un plan pour avril et mai avec pour objectif de venir en aide à un million de personnes démunies dans 28 localités assiégées ou difficiles d'accès.

Il a demandé au Conseil et au Groupe international de soutien d'exercer leur influence auprès des parties au conflit.

M. O'Brien a demandé la consolidation et le renforcement du cessez-le-feu du 30 décembre 2016 afin de permettre le bon acheminement de l'aide humanitaire.

Le HCR plaide pour la réinstallation des réfugiés

De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué jeudi qu'il restait beaucoup à faire pour accroître la réinstallation ainsi que le nombre et la gamme de voies légales complémentaires pour l'admission des réfugiés syriens.

« Pour relever ce défi, nous avons besoin non seulement de places supplémentaires, mais aussi d'accélérer la mise en œuvre des engagements pris », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Ces remarques interviennent un an après que la Conférence de haut niveau sur les réfugiés syriens ait appelé la communauté internationale à s'engager à réinstaller 10% de tous les réfugiés syriens d'ici 2018. Malgré l'appel lancé lors de cette conférence à Genève le 30 mars 2016 pour réinstaller et faciliter les voies légales pour 500.000 réfugiés, à ce jour 250.000 places de réinstallation ont déjà été mises à disposition.

« Ces promesses généreuses représentent un symbole bienvenu et important sur la solidarité et le partage des responsabilités par la communauté internationale. Si nous voulons atteindre notre objectif, nous devons désormais accélérer ces efforts en 2017 et au-delà », a déclaré M. Grandi.