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ISTANBUL : Pourquoi l'aide humanitaire est en difficulté et comment y remédier, selon Jan Egeland

Le Conseiller spécial de l'Envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie et Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, Jan Egeland, lors d’une conférence de presse dans le cadre du Sommet humanitaire mondial, à Istanbul, le 24 mai 2016. Photo : Ce
Le Conseiller spécial de l'Envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie et Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, Jan Egeland, lors d’une conférence de presse dans le cadre du Sommet humanitaire mondial, à Istanbul, le 24 mai 2016. Photo : Centre d’actualités de l’ONU / Fabrice Robinet

ISTANBUL : Pourquoi l'aide humanitaire est en difficulté et comment y remédier, selon Jan Egeland

A Istanbul, en Turquie, le Conseiller spécial de l'Envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Jan Egeland, a appelé mardi les bailleurs de fonds, les groupes armés et les gouvernements du monde entier à reconnaitre la neutralité et l'impartialité des acteurs humanitaires, en leur donnant accès à toutes les personnes dans le besoin.

« Nous ne parvenons pas suffisamment à atteindre les personnes qui en ont besoin parce que les groupes armés restreignent notre accès, les parties violent systématiquement le droit humanitaire et les gouvernements ne nous aident pas », a déploré M. Egeland, qui est également le Secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés, lors d'une conférence de presse organisée le second et dernier jour du Sommet humanitaire mondial.

« La dure réalité est que des centaines de milliers de personnes parmi les plus vulnérables au monde ne peuvent compter à l'heure actuelle que sur elles-mêmes », a-t-il ajouté.

Citant les conflits au Yémen, où 20 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire, en Syrie et au Soudan du Sud, le Conseiller spécial a déploré le fait que la communauté humanitaire ne dispose pas de la capacité à aider ceux qui sont pris au piège dans les combats.

« Nous avons le droit et l'obligation d'être là où les gens ont le plus besoin de nous et, pour cela, nous devons être considérés comme étant impartiaux et neutres », a déclaré M. Egeland, soulignant l'importance de ces deux principes humanitaires.

Par ailleurs, trop d'organisations n'ont pas la capacité de se déployer sur le terrain pour des raisons financières, a-t-il ajouté.

« Cela coûte cher de déployer une équipe. Les gens doivent être bien formés », a-t-il déclaré. Prenant l'exemple du Conseil norvégien pour les réfugiés, le Conseiller spécial a notamment expliqué que cette organisation emploie 40 à 50 personnes à plein temps uniquement pour gérer les risques de déploiement des équipes sur le terrain en Afghanistan et dans les zones sous le contrôle de l'opposition.

« Nous devons aider les bailleurs de fonds, les gouvernements et toutes les autres parties à comprendre que nous ne sommes pas un instrument de politique anti-terroriste ou de politique contre l'extrémisme violent », a-t-il par souligné, insistant sur le fait que les acteurs humanitaires doivent être présents partout où les besoins existent, y compris dans les zones sous le contrôle des organisations considérées comme terroristes.

Si la communauté humanitaire n'est pas présente, comme c'est le cas dans la plupart des endroits jugés trop dangereux, elle manque à son devoir envers les civils, a poursuivi M. Egeland, rappelant que cinq à 10 millions de personnes vivent actuellement dans des zones contrôlées par Daech, y compris à Falloujah, en Iraq.

« Falloujah fait partie de ces endroits où nous n'avons pas pu aller, et les 50.000 civils qui s'y trouvent risquent de perdre leur vie parce que nous ne pouvons pas être à leurs côtés à l'heure actuelle », a déploré le Conseiller spécial.