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La France se dit prête à travailler avec tous les pays pour trouver une solution politique en Syrie mais sans Bachar Al-Assad

Le Président français François Hollande devant l'Assemblée générale. Photo ONU/Cia Pak
Le Président français François Hollande devant l'Assemblée générale. Photo ONU/Cia Pak

La France se dit prête à travailler avec tous les pays pour trouver une solution politique en Syrie mais sans Bachar Al-Assad

La France est prête à travailler avec tous les pays qui le voudront afin de trouver une solution politique à la tragédie qui frappe la Syrie depuis quatre ans mais le Président syrien Bachar al-Assad ne peut pas faire partie de cette solution, a déclaré lundi le Président français, François Hollande, devant l'Assemblée générale de l'ONU.

La Syrie « appelle une fois encore notre mobilisation et notre intervention », a dit M. Hollande en évoquant la guerre civile qui a fait jusqu'à présent 250.000 victimes dans ce pays. Or « le drame syrien a commencé avec la révolution qui a voulu mettre en cause la dictature de Bachar Al-Assad », a rappelé le Président français. Avant cela, a-t-il fait remarquer, « il n'y avait pas de terroristes, de réfugiés, de déplacés ». Huit millions de personnes « n'ont pas fui simplement une guerre mais le régime de Bachar Al-Assad », a-t-il insisté. « C'est ce même régime qui déverse des bombes sur des populations civiles innocentes ».

« Ce n'est pas parce qu'un groupe terroriste massacre, pille, viole qu'il devrait y avoir pour autant une forme de pardon et d'amnistie pour le régime qui a créé cette situation », a continué le Président français. Il a estimé qu'aucune solution ne pourra être trouvée hors d'un processus politique. La France, qui entend prendre ses responsabilités et a entrepris une action armée, n'écarte aucun pays, a-t-il assuré. « Nous voulons travailler avec tous ceux qui le voudront », a dit M. Hollande, en souhaitant une large coalition.

« Une telle coalition doit avoir une base claire ou elle ne verra jamais le jour », a-t-il toutefois estimé. Selon lui, cette base a été donnée à Genève il y a plus de trois ans et il faut l'utiliser. « On ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et les bourreaux », a insisté M. Hollande. « Assad est à l'origine du problème, il ne peut pas faire partie de la solution ».

M. Hollande a par ailleurs salué les progrès immenses accomplis depuis la création de l'ONU. Malheureusement, 70 ans après, il y a toujours des tragédies, des conflits et des guerres, et le monde doit relever des défis considérables.

Il a ainsi évoqué les millions de réfugiés qui fuient au Moyen-Orient et en Afrique ; le terrorisme qui frappe les populations civiles ; les conflits qui demeurent sans règlement depuis des années ; les catastrophes naturelles, « les îles qui vont bientôt disparaître, les glaciers qui fondent et les dérèglements climatiques ».

La France, qui « ne refuse jamais son concours » dans beaucoup de domaines, « a voulu la Conférence sur le climat à Paris », a assuré M. Hollande. « Nous devrons nous poser une seule question : l'humanité est-elle capable de prendre la décision de préserver la vie sur la planète ? ». Si ce n'est pas décidé à Paris, « ce sera trop tard pour le monde », a-t-il averti.

Les choses ont bien avancé depuis plusieurs mois, a affirmé le Président français en saluant notamment les Etats-Unis et la Chine, qui ont pris « des engagements qui contribuent à changer la donne ».

M. Hollande a affirmé que « rien n'est gagné pour l'accord à Paris », mais que « tout reste possible ». Pour cela il faut trois conditions. Premièrement, il faut pouvoir conclure un accord universel contraignant et différencié. A ce jour, a-t-il précisé, 90 Etats représentant 80% des émissions de gaz à effet de serre ont remis leurs contributions nationales. Il a donc invité « l'autre moitié du monde » à faire de même.

Deuxièmement, a-t-il poursuivi, il faut être capable d'inscrire l'action dans la durée. « Paris ne devra pas être un aboutissement mais un point de départ », a-t-il estimé. Il a préconisé un mécanisme de révision intégré à l'accord pour mesurer tous les cinq ans les contributions nationales et s'assurer qu'à la fin du siècle « la planète ne se sera pas réchauffée de plus de 2 degrés Celsius ».

Troisièmement, les pays développés auront à apporter des engagements financiers pour que les pays en développement puissent s'adapter aux changements climatiques. A cette fin, il faudra rassembler 100 milliards de dollars par an en 2020, a prévenu M. Hollande. L'OCDE fera une première estimation et il faudra continuer à mobiliser la Banque mondiale, les institutions financières, les Etats et les acteurs privés pour atteindre ce chiffre. « Chacun doit montrer l'exemple et la France n'échappe pas à cette règle », a-t-il dit. Il a annoncé que les financements annuels de la France pour le climat, qui sont de 3 milliards aujourd'hui, dépasseront 5 milliards en 2020 sous forme de prêts mais aussi de dons.