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Le nombre des réfugiés syriens dépasse quatre millions pour la première fois, selon le HCR

Un réfugié syrien avec son fils dans un camp de réfugiés en Iraq. Photo : HCR/N. Colt
Un réfugié syrien avec son fils dans un camp de réfugiés en Iraq. Photo : HCR/N. Colt

Le nombre des réfugiés syriens dépasse quatre millions pour la première fois, selon le HCR

Le nombre total de réfugiés ayant fui le conflit en Syrie vers les pays voisins s'élève désormais à plus de quatre millions, confirmant que cette crise de réfugiés est la plus importante au monde depuis près d'un quart de siècle, a déclaré jeudi le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Après les toutes dernières arrivées en Turquie et une récente mise à jour des statistiques par les autorités turques concernant les réfugiés déjà présents dans ce pays, le nombre total de réfugiés syriens dans les pays voisins atteint désormais plus de 4.013.000 personnes, a précisé l'agence onusienne dans un communiqué de presse.

Par ailleurs, au moins 7,6 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de la Syrie. Nombre d'entre elles sont dans des situations précaires et des lieux difficiles d'accès.

L'annonce de ces nouveaux chiffres intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir jeudi après-midi en consultations à huis-clos pour discuter de la situation en Syrie.

« C'est la plus importante population de réfugiés générée par un seul conflit en une génération. Cette population a besoin d'un soutien de la part du reste du monde mais, au lieu de cela, elle vit dans des conditions désastreuses et s'enfonce dans la pauvreté », a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres.

Tragiquement, et sans aucune fin en vue à la guerre de la Syrie qui est désormais dans sa cinquième année, la crise s'intensifie et le nombre de réfugiés augmente. Le cap des quatre millions survient à peine 10 mois après que celui des trois millions a été atteint. Au rythme actuel, le HCR prévoit que le chiffre d'environ 4,27 millions pourrait être atteint d'ici la fin 2015.

« La dégradation des conditions mène un nombre croissant de réfugiés à rejoindre l'Europe et au-delà, mais l'écrasante majorité reste dans la région », a ajouté M. Guterres. « Nous ne pouvons pas nous permettre de les laisser tomber dans un profond désespoir, ainsi que les communautés hôtes qui les accueillent ».

Lors d'un récent afflux de réfugiés en juin 2015, plus de 24.000 personnes sont arrivées en Turquie depuis Tel Abyad et d'autres régions du nord de la Syrie. La Turquie était déjà le plus important pays hôte de réfugiés au monde et accueille désormais environ 45% de tous les réfugiés syriens dans la région.

Le chiffre de quatre millions comprend 1,8 million de réfugiés syriens en Turquie, 250.000 en Iraq, 630.000 en Jordanie, 132.000 en Egypte, 1,17 million au Liban et 24.000 en Afrique du Nord. Parallèlement, plus de 270.000 demandes d'asile déposées par des Syriens en Europe ne sont pas inclues dans ces statistiques, et des milliers d'autres ont été réinstallés ailleurs depuis la région.

Le financement de l'aide aux réfugiés syriens est devenu un problème tout aussi pressant. Pour 2015, le HCR a estimé que la somme de 5,5 milliards de dollars est nécessaire pour l'aide internationale dans les domaines de l'assistance humanitaire et du développement.

Une proportion importante de ce financement est destinée à fournir un appui aux principaux pays hôtes de la région pour qu'ils ne soient pas mis à rude épreuve ou qu'ils ne deviennent pas instables. Cependant, à la fin juin, moins d'un quart de cette somme (24%) a été reçu. Cela signifie que des réfugiés sont confrontés à de nouvelles coupes dans l'aide alimentaire, et qu'ils luttent pour pouvoir payer des services de santé ou envoyer leurs enfants à l'école.

La vie pour les Syriens en exil est de plus en plus difficile. Quelque 86% des réfugiés hors des camps en Jordanie vivent en dessous du seuil de pauvreté de 3,2 dollars par jour. Au Liban, 55% des réfugiés vivent dans des logements insalubres.

Depuis toute la région, l'espoir de retour en Syrie décroit avec la poursuite de la crise. Les réfugiés deviennent de plus en plus démunis. Les pratiques négatives d'adaptation sont à la hausse, comme par exemple le travail des enfants, la mendicité et les mariages d'enfants. La concurrence pour l'emploi, les terrains, l'eau, les logements et l'énergie dans des communautés hôtes déjà vulnérables met à rude épreuve leur capacité à faire face à de nombreux arrivants et à maintenir leur soutien envers eux.