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Le HCDH affirme que le conflit syrien aurait fait plus de 60.000 victimes

La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay. ONU Photo/Jean-Marc Ferré
La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay. ONU Photo/Jean-Marc Ferré

Le HCDH affirme que le conflit syrien aurait fait plus de 60.000 victimes

Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a publié mercredi une analyse menée par des statisticiens qui conclut à un bilan de près de 60.000 victimes faites par le conflit en Syrie entre le 15 mars 2011 et le 30 novembre 2012.

Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a publié mercredi une analyse exhaustive menée par des statisticiens qui a conclut à l'établissement d'une liste de 59.648 victimes faites par le conflit en Syrie entre le 15 mars 2011 et le 30 novembre 2012.

« Étant donné que le conflit s'est poursuivi sans relâche depuis la fin du mois de novembre, nous pouvons conclure que plus de 60.000 personnes ont été tuées jusqu'au début 2013 », a affirmé la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, dans un communiqué de presse. « Le nombre de morts est bien plus élevé que prévu et c'est réellement choquant. »

L'analyse préliminaire, qui s'est étalée sur cinq mois, a été conduite en s'appuyant sur une liste consolidée de 147.349 tueries signalées et identifiées de façon complète, avec le nom et le prénom de chaque victime, ainsi que la date et le lieu du décès. Tous les incidents signalés, mais qui ne comprennent pas ces quatre éléments, ont été exclus de la liste, qui a été établie grâce à des ensembles de données issus de sept sources différentes, y compris du gouvernement syrien.

« Bien que cette analyse soit la plus détaillée et la plus large menée jusqu'à présent sur le nombre de morts, il ne s'agit en aucun cas d'un chiffre définitif », a expliqué Mme Pillay. « Nous n'avons pas été en mesure de vérifier les circonstances de chacun de ces incidents mortels, en partie en raison de la nature du conflit et parce que nous n'avons pas été autorisés à nous rendre en Syrie depuis le début des troubles en mars 2011. »

Les analystes affirment que le chiffre de 60.000 morts est probablement une sous-estimation du nombre réel de morts, étant donné que les informations incomplètes ou insuffisantes ont été exclues et qu'un nombre significatif de meurtres pourraient n'avoir été documentés par aucune des sept sources. L'enregistrement et la collecte de données précises et fiables est de plus en plus difficile en raison du conflit qui ravage de nombreuses parties du pays.

L'analyse – présentée par la Haut Commissaire comme un travail en cours et non un produit final » – révèle une nette augmentation du nombre moyen de décès documentés par mois depuis le début du conflit, au rythme d'environ 1.000 morts chaque mois au cours de l'été 2011 à plus de 5.000 morts depuis juillet 2012. Le plus grand nombre de meurtres signalés a eu lieu à Homs (12.560), dans la périphérie rurale de Damas (10.862) et à Idlib (7.686), suivis d'Alep (6.188), de Daraa (6.034) et de Hama (5.080), précise le communiqué de presse.

« Bien que de nombreux détails restent à clarifier, il ne peut y avoir de justification aux meurtres à grande échelle qui ressortent de cette analyse », a dénoncé la Haut Commissaire. « À moins d'une résolution rapide du conflit, je crains que des milliers d'autres personnes ne meurent ou ne soient gravement blessées au prétexte que certains semblent obstinément croire que davantage d'effusions de sang, de tortures et de destructions insensées pourront changer quelque chose. Les auteurs de crimes graves doivent comprendre qu'ils se retrouveront un jour devant la justice. Les poursuites à leur encontre ne seront que renforcées par les crimes qui viendraient s'ajouter à ceux qu'ils ont déjà commis. »

« L'échec de la communauté internationale et en particulier du Conseil de sécurité, à agir concrètement pour arrêter ce bain de sang nous fait honte à tous », a déclaré Mme Pillay. « Depuis près de deux ans maintenant, mon personnel et celui de la Commission indépendante internationale d'enquête sur la Syrie ont interviewé des Syriens à l'intérieur et à l'extérieur du pays, écoutant leurs récits et collectant des éléments de preuve. Ils n'avaient de cesse de nous demander : “ Où est la communauté internationale ? Pourquoi n'agissez-vous pas pour arrêter ce massacre ? ” Nous n'avons pas de réponse satisfaisante à donner à ces questions. Collectivement, nous n'avons fait que lambiner pendant que la Syrie brûlait. »

La Haut Commissaire a également demandé que des préparatifs sérieux soient mis en œuvre en vue de restaurer l'ordre et l'état de droit dans le pays, une fois le conflit terminé. « Nous ne devons pas aggraver le désastre actuel en omettant de prévenir l'inévitable – et très dangereuse – instabilité qui surviendra à la fin du conflit », a-t-elle dit.