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Il faut protéger les droits de l'homme en temps de crise économique, selon une experte de l'ONU

Magdalena Sepùlveda.
Magdalena Sepùlveda.

Il faut protéger les droits de l'homme en temps de crise économique, selon une experte de l'ONU

Les droits de l'homme ne doivent pas être sacrifiés en période de crise économique ni au moment de la reprise et les Etats sont tenus de les respecter et les protéger même si leurs ressources sont limitées, affirme l'Experte indépendante des Nations Unies sur les droits de l'homme et l'extrême pauvreté, Magdalena Sepulveda.

« Les réductions injustifiées de dépenses consacrées aux services publics essentiels à la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels sont une violation des droits de l'homme », a averti l'experte de l'ONU lors de la présentation mercredi de son rapport devant le Conseil des droits de l'homme, à Genève. « Le défi de la sortie de la crise économique et financière mondiale est l'occasion d'embrasser une vision d'avenir où les droits de l'homme sont pleinement réalisés », a-t-elle ajouté.

Magdalena Sepulveda a basé ses conclusions sur l'analyse de mesures adoptées dans plusieurs Etats suite à la crise qui, selon elle, compromettent gravement la possibilité des groupes les plus pauvres et les plus vulnérables de jouir de leurs droits économiques, sociaux et culturels. « Les mesures d'austérité telles que des coupes dans les systèmes de protection sociale, les mesures fiscales régressives, et l'élimination des subventions alimentaires s'avèrent préjudiciables aux plus pauvres d'entre les plus pauvres, aggravant leur situation déjà précaire », a-t-elle déclaré.

« Du point de vue des droits de l'homme, la reprise doit commencer par les plus vulnérables et les plus défavorisés », a-t-elle ajouté.

Les inégalités croissantes et l'insécurité alimentaire, la raréfaction des ressources naturelles et les changements imprévisibles des tendances climatiques sont susceptibles d'accroître les risques d'agitation sociale dans le monde, a encore estimé l'experte indépendante. « Tout plan de relance doit anticiper ces défis et envisager qu'il y aura d'autres crises dont il faudra se sortir. Seul le changement fondé sur les droits de l'homme peut poser les bases d'une société permettant l'intégration sociale. »

Mme Sepulveda a exhorté les Etats à envisager la période de reprise économique comme une occasion unique de réaliser pleinement les droits économiques, sociaux et culturels de chacun, de réduire les inégalités, d'éliminer la pauvreté et de créer des sociétés stables qui résistent aux chocs futurs.

Le rapport de l'experte décrit un certain nombre de mesures que les Etats peuvent considérer lors de la formulation de leurs politiques de reprise économique, comme la mise en œuvre d'une protection sociale de base complète, des politiques fiscales socialement responsables et l'amélioration du cadre juridique protégeant les individus des abus du secteur privé.