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Libye : le Procureur de la CPI veut lancer des mandats d'arrêt

Libye : le Procureur de la CPI veut lancer des mandats d'arrêt

Luis Moreno-Ocampo.
Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a indiqué mercredi devant le Conseil de sécurité qu'il demanderait aux juges de la CPI de lancer dans les prochaines semaines des mandats d'arrêt contre trois personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes contre l'humanité en Libye depuis le 15 février dernier.

Selon les enquêtes menées par le Bureau du procureur « des crimes contre humanité ont été et continuent d'être commis en Libye, tels que des attaques contre des civils non-armés, dont des massacres et des persécutions perpétrés dans de nombreuses villes du pays », a déclaré mercredi Luis Moreno-Ocampo lors d'une présentation de son rapport sur la Libye devant les membres du Conseil de sécurité de l'ONU.

Des preuves collectées ont montré « que les forces de sécurité ont tiré de manière systématique sur des manifestants pacifiques, suivant le même modus operandi dans plusieurs endroits », a-t-il ajouté.

Selon le Procureur de la CPI, les soulèvements populaires dans les pays voisins, Tunisie et Egypte, auraient permis aux forces de sécurité libyennes de se préparer à d'éventuelles manifestations dans le pays. Dans cette perspective, dès le début du mois de janvier des mercenaires auraient été recrutés et amenés en Libye.

Des informations collectées apporteraient la preuve que des civils dans des zones sous contrôle du régime du Colonel Mouammar Qadhafi auraient été victimes « d'arrestations systématiques, de torture, de meurtres et de disparitions forcées » à Tripoli, Al Zawiyah, Zintan et dans la région des montagnes de Nafoussa.

« Les victimes sont des civils qui ont participé aux manifestations et ont été considérés comme déloyaux au régime », a indiqué Luis Moreno-Ocampo.

Il a également évoqué l'existence d'attaques répétées de foules en colère contre des groupes d'Africains sub-sahariens à Benghazi, fief des rebelles dans l'Est de la Libye, et dans d'autres villes, faisant des dizaines de morts. Certains ont été considérés comme des mercenaires et emprisonnés.

« Mon devoir est de concentrer les investigations et les poursuites sur ceux qui ont le plus de responsabilités dans les crimes les plus graves. Cela inclut ceux qui ont ordonné, incité, financé ou planifié ces crimes », a souligné le Procureur de la CPI.

Les juges peuvent rejeter ou accepter le lancement des mandats d'arrêt. Ils peuvent également demander de plus amples informations.

Pour M. Moreno-Ocampo, « arrêter ceux qui ont ordonné ces crimes va contribuer à la protection des civils en Libye » et « envoyer un message sérieux à tous les responsables potentiels en Libye et ailleurs, que la communauté internationale ne ferme pas les yeux sur de tels crimes ». Le Procureur n'a pas mentionné les noms des trois personnes qu'il accuse de crimes contre l'humanité.

Dans sa résolution 1970 (2011) adoptée le 26 février 2011, le Conseil de sécurité avait décidé de saisir le Procureur de la CPI de la situation en Libye.

De son côté, le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) a indiqué mercredi que la situation en Libye restait préoccupante.

« Les combats continuent dans des lieux densément peuplés. Il existe de grandes inquiétudes sur les civils qui manquent d'accès aux services de base notamment l'eau potable et les soins médicaux », a souligné mercredi Martin Nesirky, le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU lors d'un point presse au siège de l'ONU à New York.

Selon OCHA, la situation est particulièrement inquiétante à Misrata où les combats continuent depuis plus de six semaines. Dans certaines parties de la ville, les combats ont entravé l'acheminement de l'aide alimentaire, de l'eau et du matériel médical.

« Cependant, des groupes de travailleurs humanitaires ont été en mesure d'acheminer l'aide. Au 2 mai, plus d'une douzaine de bateaux avaient accosté à Misrata et évacué environ 12.000 personnes et fourni plus de 3.000 tonnes d'aide humanitaire », a indiqué Martin Nesirky.

« Aujourd'hui, 1.000 migrants supplémentaires seront évacués et 180 tonnes de nourriture, d'eau et de fournitures destinées aux enfants seront livrés », a-t-il conclu.