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La FAO appelle à investir dans l'agriculture pour lutter contre la crise alimentaire

La FAO appelle à investir dans l'agriculture pour lutter contre la crise alimentaire

Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf.
Le Directeur de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), Jacques Diouf, a réitéré mardi son appel à de plus grands investissements dans l'agriculture, en citant l'exemple des Émirats arabes unis (EAU) devenu le septième producteur de dattes de la planète, avec 6% de la production mondiale, grâce au développement de plantations de palmier dattier.

Invité à Abou Dabi, la capitale des EAU, pour la troisième édition du « Prix International Khalifa du palmier dattier » destiné à sensibiliser le grand public sur le rôle des dattes dans la sécurité alimentaire, Jacques Diouf a remis leurs prix aux huit lauréats sélectionnés pour leur excellence dans la recherche scientifique, les techniques de développement de la production et des cultures.

« Cette initiative reflète vraiment l'importance du palmier dattier dans le patrimoine culturel des Emirats arabes unis et dans l'économie de l'alimentation de l'ensemble de la région », a souligné Jacques Diouf dans une allocution prononcée lors de la remise des prix.

« Il est toutefois nécessaire d'augmenter la fourniture d'arbres de qualité pour les besoins locaux et régionaux et d'aller au-delà du cadre actuel de la production de dattes limité aux plantations gouvernementales et à un certain nombre limité de producteurs privés », a-t-il ajouté, avant de rendre hommage au Président des EAU, Cheikh Khalifa Bin Zayed Al Nahyan, pour son « engagement en faveur du développement de l'agriculture, et plus particulièrement de la culture de dattes, qui a suscité une augmentation des investissements dans l'agriculture et une plus grande utilisation des technologies modernes ».

« Il a ainsi été possible d'obtenir à la fois l'augmentation du nombre de palmiers dattiers, la multiplication des variétés existantes et une nette amélioration de la commercialisation et des processus de transformation du fruit », a-t-il encore ajouté.

Revenant également sur la flambée en cours des prix des matières premières alimentaires sur les marchés internationaux, le chef de la FAO a mis en garde contre le risque de voir cette flambée « nuire à la sécurité alimentaire, dans un monde où la population, et donc la demande de produits alimentaires, est en nette augmentation ».

Les projections de croissance de la FAO prévoient en effet que la population passera de 6,9 milliards de personnes aujourd'hui, à 9,1 milliards en 2050. Pour faire face à ces besoins, « une augmentation de 70% de la production alimentaire mondiale et de 100% dans les pays en développement sera nécessaire » selon Jacques Diouf, qui a estimé qu'à l'heure actuelle, « les investissements dans l'agriculture ne suivaient pas ».

« La part de l'agriculture dans l'aide publique au développement a chuté de 19% en 1980 à 3% en 2006. Les pays en développement n'allouent que 5% de leur budgets nationaux au secteur agricole, au lieu des 10% nécessaires, et ce malgré la contribution de l'agriculture au produit intérieur brut, malgré les opportunités d'exportations qu'elle présente, notamment pour la balance des paiements », a-t-il déclaré.

Le chef de la FAO a également regretté le détournement de près de 100 millions de tonnes de céréales chaque année, pour la fabrication de biocarburants. Principales raisons selon lui, les subventions qui atteignent par exemple 13 milliards de dollars aux Etats-Unis et les barrières tarifaires imposée par les pays développés.

« Si l'on ajoute à cela l'impact des sécheresses, des inondations, des ouragans, les autres événements exacerbés par les changements climatiques et la spéculation sur les contrats à terme des marchés agricoles, il devient clair que la situation actuelle est la chronique d'un désastre annoncé », a ajouté Jacques Diouf.