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Ukraine : l'ONUSIDA inquiète d'une possible interruption des soins des malades du Sida

Ukraine : l'ONUSIDA inquiète d'une possible interruption des soins des malades du Sida

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L'ONUSIDA prie instamment le gouvernement ukrainien de garantir la continuité des services de prise en charge du VIH et salue l'adoption d'une nouvelle loi promouvant une approche de la riposte au sida respectueuse des droits de l'homme.

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA) a fait part lundi de sa préoccupation après l'annonce faite par le gouvernement ukrainien de mener des enquêtes sur les programmes gérés par le Réseau ukrainien des personnes vivant avec le VIH et d'autres organisations non-gouvernementales intervenant dans le domaine de la riposte au sida en Ukraine.

Dans un communiqué, l'ONUSIDA appelle le gouvernement ukrainien « à s'assurer que ces enquêtes ne conduisent pas à une interruption des services de prise en charge du VIH/Sida que ces organisations fournissent à des milliers de personnes ».

Le Réseau ukrainien des personnes vivant avec le VIH et les autres organisations communautaires et non-gouvernementales concernées « jouent un rôle clé dans la riposte ukrainienne à l'épidémie de VIH/Sida », souligne encore l'ONUSIDA.

« En travaillant ensemble, le gouvernement ukrainien et les organisations de la société civile ont réussi à fournir – avec beaucoup de succès – des services de prévention, de traitement, de soins et d'appui en rapport avec le VIH à des populations très exposées au risque d'infection et aux personnes vivant avec le virus », ajoute l'agence onusienne chargée de la lutte contre la maladie.

L'ONUSIDA félicite toutefois le gouvernement ukrainien « pour l'adoption récente d'une loi nationale faisant la promotion d'une riposte au sida respectueuse des droits de l'homme ».

La loi garantit d'une part la fourniture de services de réduction des risques – notamment un dispositif d'échange de seringues et un traitement de substitution – aux personnes qui consomment des drogues injectables, d'autre part la confidentialité du statut sérologique des personnes vivant avec le virus, ainsi qu'un traitement pour les victimes de violences sexuelles, et enfin un accès indépendant à des services liés au VIH/Sida pour les adolescents.

« L'adoption d'une loi prévoyant la fourniture de services de réduction des risques pour les personnes qui consomment des drogues injectables devrait renforcer les programmes existants qui sont conjointement gérés par le gouvernement et des organisations non gouvernementales. Cette loi représente un tournant majeur pour la riposte au sida en Europe orientale », a déclaré le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé.

« La nouvelle loi doit être pleinement mise en œuvre par tous les organes de l'État, dans la lettre et dans l'esprit. », a-t-il ajouté.

Avec cette loi, l'Ukraine rejoint également la liste – qui ne cesse de s'allonger – des pays qui ont levé les restrictions à l'entrée, au séjour et à la résidence des étrangers vivant avec le VIH, en alignant la législation nationale relative au virus sur les normes internationales de santé publique et de protection sociale et des droits humains.

La nouvelle loi constitue un engagement important de la part de l'Ukraine vis-à-vis de l'épidémie de VIH du pays – laquelle demeure la plus grave de toute l'Europe. On estime à 1,3% la prévalence du virus en Ukraine et le nombre annuel de diagnostics de VIH a plus que doublé depuis 2001. On considère que le pourcentage de séropositifs parmi les 375 000 personnes qui consomment des drogues injectables (estimation) dans le pays se situe entre 39% et 50%.