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Afghanistan : la forte hausse des prix de l'opium inquiète l'ONU

Afghanistan : la forte hausse des prix de l'opium inquiète l'ONU

Cultures de pavot.
Dans son nouveau rapport sur la production de drogue en Afghanistan, l'Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (ONUDC) s'inquiète de l'augmentation des prix de l'opium qui risque de pousser de plus en plus d'agriculteurs à cultiver le pavot.

« C'est une cause d'inquiétude. Le marché répond à une chute de la production d'opium dont les prix ont doublé par rapport aux prix du marché pratiqués en 2009 », a dit le Directeur exécutif de l'ONUDC, Yury Fedotov. « Nous ne pouvons pas continuer à laisser faire », a-t-il ajouté.

La hausse de prix est en partie due à la spéculation provoquée par la baisse de moitié de la production en 2010 ainsi que des opérations militaires qui ont créé un climat d'incertitude parmi les cultivateurs d'opium.

Selon le rapport de l'ONUDC, le kilo de pavot se vend actuellement à 164 dollars alors qu'à la même période il se vendait en 2009 à 64 dollars, ce qui équivaut à une augmentation de 164%. Malgré la baisse de production, les revenus par hectare de pavot cultivé ont augmenté de 36%. En moyenne, le revenu moyen d'une famille de cultivateurs était en 2009 de 17% supérieur à celui des ménages qui avaient arrêté la culture d'opium.

Cette augmentation des prix sur le marché afghan ne s'est pas répercutée sur les prix de vente des pays voisins, indique l'ONUDC. Les trafiquants afghans sont impliqués dans le transport d'opiacés notamment, la morphine et l'héroïne, surtout vers l'Iran et le Pakistan et dans une moindre mesure vers les pays d'Asie centrale.

L'une des conséquences directes de la baisse de production est la diminution des revenus des groupes criminels en 2010. La totalité de l'exportation d'opium et d'héroïne était de 1,4 milliard dollars en 2010 soit deux fois mois qu'en 2009 où la valeur du trafic s'élevait à 2,9 milliards de dollars. La vente d'opiacé représentait 26% du Produit intérieur brut (PIB) de l'Afghanistan en 2009 contre 11% en 2010. L'objectif est aujourd'hui de faciliter l'accès des cultivateurs afghans à d'autres marchés agricoles, conclut l'ONUDC dans son rapport.

« Nous encourageons les donateurs et la communauté afghane à continuer d'investir dans des programmes alternatifs et d'augmenter l'accès aux marchés pour les cultivateurs afghans. Mais la sécurité, la stabilité et un environnement débarrassé de la corruption restent les éléments clés à la mise en place de telles initiatives efficaces et durables », a conclu Yury Fedotov.