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Guinée Bissau : il faut renforcer les institutions et réformer le secteur de la sécurité

Guinée Bissau : il faut renforcer les institutions et réformer le secteur de la sécurité

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Guinée Bissau, Joseph Mutaboba.
Après des mois d'impasse politique en Guinée Bissau, une fenêtre d'opportunité se présente pour renforcer la collaboration avec la communauté internationale, consolider les institutions de l'Etat et réformer le secteur de la sécurité du pays, a indiqué vendredi le Représentant spécial de l'ONU pour la Guinée Bissau, Joseph Mutaboba, devant le Conseil de sécurité.

« Cet élan naissant a rouvert la fenêtre d'opportunité pour renforcer la collaboration entre la communauté internationale et les autorités de Guinée-Bissau après des mois d'impasse », a déclaré Joseph Mutaboba devant le Conseil de sécurité.

Il a notamment plaidé en faveur de la mise en œuvre de la feuille de route conjointe portée par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) qui doit permettre de renforcer les institutions de l'Etat et réformer le secteur de la sécurité de Guinée Bissau.

« Si la feuille de route conjointe de la CEDEAO et de la CPLP est approuvée et les promesses déjà faites par les Etats membres de la CPLP d'assister le pays sur le secteur de la sécurité sont tenues, cela devrait contribuer à la protection des institutions étatiques et à augmenter la supervision des institutions militaires par les civils », a expliqué le Représentant spécial.

« Ce partenariat pourrait également aider à créer les conditions de mise en œuvre d'aspects décisifs du programme de la réforme du secteur de la sécurité, y compris le retrait, la réinsertion et la réintégration de militaires notamment les ex-combattants, la lutte contre l'impunité, le trafic de drogues et le crime organisé », a-t-il ajouté.

Le 1er avril dernier, des membres des forces de l'ordre ont arrêté et placé en détention le Premier Ministre et le chef d'Etat-major de l'armée et d'autres officiers de haut rang. Cet incident a constitué un revers majeur pour le processus de consolidation de la stabilité du pays, alors même qu'il semblait sur la bonne voie, après l'élection présidentielle de 2009.

En juillet, le Conseil de sécurité de l'ONU s'était dit inquiet de la situation en Guinée-Bissau concernant la sécurité, les menaces de renversement de l'Etat de droit et le trafic de drogues. Le Conseil avait plaidé en faveur de la mise en place de forces de sécurité professionnelles, « responsables et efficaces » et en faveur « du respect de l'Etat de droit », facteur « indispensable » pour engager une réelle réforme du secteur de la sécurité.

Selon le Représentant spécial, la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité et l'application de la feuille de route devraient « créer les conditions pour le renouvellement de l'engagement des donateurs et d'autre partenaires clés pour continuer le soutien des réformes économiques et les programmes d'allègement de la dette pour la Guinée Bissau ».

Il a cependant exprimé sa préoccupation sur la non-application de la récente décision du Tribunal militaire de libérer de prison l'ancien chef de la défense nationale, l'Amiral Zamora Induta.

« Cela démontre qu'il existe toujours une prédominance du leadership militaire sur la justice et d'une certaine manière sur l'exécutif », a estimé le Représentant spécial. « Cela va inéluctablement augmenter la réticence des partenaires internationaux pour s'engager auprès des autorités de Guinée Bissau, du fait du manque de supervision par les civils des forces armées. Des actions urgentes devraient être prises par les autorités nationales de Guinée Bissau pour démontrer leur ambition de combattre l'impunité et promouvoir la réconciliation nationale », a-t-précisé.

Joseph Mutaboba a salué le dialogue politique qui s'est instauré depuis le 14 octobre entre le Président Malam Bacai Sanha et le Premier ministre Carlos Gomes. Concernant le trafic de drogues et le crime organisé, le Représentant spécial a réitéré devant les Etats Membres du Conseil de sécurité la nécessité de ne pas seulement s'attaquer au pays de transit du trafic comme la Guinée-Bissau mais « aussi les pays d'origine et de destination de la drogue ». Le Bureau d'appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BANUGBIS) salue par ailleurs la création d'une unité pénale transnationale afin de combattre le trafic de drogues, a-t-il indiqué.

Au nom de la Mission permanente d'observation de l'Union africaine auprès des Nations Unies, Sebastio Da Silva Isata, a pour sa part estimé que « des signes positifs » ont été constatés venant des autorités de Guinée-Bissau. Il a plaidé en faveur de la tenue d'une Conférence de donateurs pour le pays qui pourrait permettre la promotion de la démocratie la réforme du secteur de la sécurité.