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La volatilité des prix des aliments menace la sécurité alimentaire

La volatilité des prix des aliments menace la sécurité alimentaire

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Des experts de plus de 75 Etats membres de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estiment que rien ne laisse présager une crise alimentaire mondiale imminente, même si la situation ne doit pas provoquer d'optimisme excessif.

Des experts de plus de 75 Etats membres de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estiment que rien ne laisse présager une crise alimentaire mondiale imminente, même si la situation ne doit pas provoquer d'optimisme excessif.

Au terme d'une réunion extraordinaire au siège de l'organisation, à Rome, les experts ont reconnu que les brusques hausses de prix constituent « une menace sérieuse pour la sécurité alimentaire ». Ils ont préconisé la mise en œuvre de nouvelles mesures pour enrayer la volatilité des prix alimentaires et gérer les risques qui sont associés à leurs fluctuations.

Les recommandations ont été émises par les Groupes intergouvernementaux (IGG) sur les céréales et le riz, alors que la FAO publiait son rapport trimestriel, Perspectives de récoltes et situation alimentaire, qui met en lumière la montée en flèche de 60 à 80% des cours internationaux du blé depuis juillet et de 40% pour ceux du maïs.

« L'offre et la demande mondiales de céréales semblent se maintenir en équilibre », ont estimé les experts, avant d'ajouter que « les pertes de récolte inattendues dans certains grands pays exportateurs, suivies d'interventions publiques et de comportements spéculatifs », avaient été « les facteurs décisifs à l'origine de la récente escalade des cours mondiaux et de la volatilité des prix ».

Parmi les causes profondes de cette volatilité, la réunion a mis en avant « le lien croissant avec les marchés externes, en particulier l'impact de la « financiarisation » sur les marchés à terme ». Autres causes, le manque d'informations sur la situation de l'offre et de la demande agricoles, le manque de transparence des marchés, les brusques changements déclenchés par les situations d'insécurité alimentaire dans certains pays, les fièvres d'achat et la thésaurisation.

La FAO a par conséquent recommandé d'étudier des « approches alternatives d'atténuation de la volatilité des prix alimentaires » et de « nouveaux mécanismes visant à accroître la transparence et à gérer les risques liés aux nouvelles sources d'instabilité des marchés ». Certaines de ces questions seront examinées lors de la prochaine réunion du Comité de la sécurité alimentaire (CSA) basé à la FAO.

En conclusion, les experts ont rappelé qu'au Sommet mondial sur la sécurité alimentaire de 2009 organisé par la FAO, les Etats membres avaient convenu de « s'abstenir de prendre des mesures incompatibles avec les règles de l'OMC, et ayant un impact négatif sur la sécurité mondiale, régionale et nationale ».

Dans son rapport trimestriel, la FAO fournit un certain nombre d'indicateurs sur les récentes hausses des prix des céréales. La production mondiale de céréales de 2010 devrait s'établir à 2.239 millions de tonnes, soit 1% de moins que le résultat de 2009. Le fléchissement s'explique essentiellement par la récolte réduite de céréales dans les pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI).

Contrairement aux fortes hausses des prix du blé (60 à 80%) et du maïs (40%), les prix du riz n'ont augmenté que de 7% de juillet à septembre. Mais même à ces niveaux, les cours des céréales n'étaient inférieurs que d'un tiers par rapport aux pics de 2008.

D'après le rapport, la facture d'importations céréalières des 77 pays les plus pauvres du monde, les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV), devrait augmenter de 8% par rapport à 2009-2010 compte tenu de la hausse des cours internationaux, pour s'établir à 27,8 milliards de dollars.

Les pays importateurs dont l'alimentation de base est le blé seront les plus touchés par la hausse des prix. Il s'agit notamment des pays du Proche-Orient et d'Afrique du Nord (en particulier de l'Egypte, le plus gros importateur mondial), des pays d'Asie centrale et d'Amérique du Sud. L'impact de la hausse des prix sur les consommateurs dépendra des politiques en vigueur dans chaque pays.