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Kirghizistan : à l'approche de l'hiver, les agences de l'ONU renforcent leur aide

Kirghizistan : à l'approche de l'hiver, les agences de l'ONU renforcent leur aide

Une femme dans sa maison détruite au Kirghizistan, en août 2010.
Deux mois après les violences interethniques dans le sud du Kirghizistan, le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) est engagé dans une course contre la montre pour offrir des logements provisoires à 75.000 personnes dont les maisons ont été détruites. De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a augmenté ses distributions d’aide alimentaire face à l'augmentation récente des prix des denrées alimentaires, aux mauvaises récoltes de l'été et à l'approche rapide de l'hiver.

« La situation au sud du Kirghizistan reste tendue, nous travaillons avec les autorités pour que les personnes déplacées soient enregistrées rapidement et que leurs documents personnels d'identité perdus, volés ou détruits lors des violences leur soient restitués, afin qu’ils puissent accéder aux services de base », a indiqué le porte-parole du HCR, Andrej Mahecic, lors d’une conférence de presse mardi, au Palais des Nations, à Genève.

« Nous appuyons l’initiative du gouvernement kirghize pour créer des équipes mobiles chargées de se rendre dans les régions affectées et de délivrer de nouveaux documents d'identité », a-t-il ajouté.

Revenant sur le problème du logement des personnes dont les maisons et biens immobiliers ont été détruits pendant les violences, Andrej Mahecic, a expliqué qu’en attendant la mise à disposition de nouveaux logements permanents par le gouvernement, le HCR a mis en place des solutions de logements provisoires.

Près de 900 familles parmi les plus vulnérables à Och et 450 autres à Djalalabad sont ainsi logées dans des abris provisoires chauffés, installés soit sur des terrains publics, soit sur les fondations de leurs maisons détruites.

« En outre, nous prévoyons de distribuer davantage de matériel et d'aide humanitaire, et de continuer à aider les personnes déplacées qui sont installées provisoirement pour l’hiver, chez des proches ou dans des familles d'accueil », a indiqué Andrej Mahecic.

De leur côté, les autorités provinciales kirghizes ont lancé les travaux de déblaiements des gravats dans les quartiers où les destructions ont été les plus importantes, et la reconstruction de près de 1500 maisons privées complètement détruites lors des violences.

« Nous saluons l'engagement du gouvernement kirghize à ne pas forcer les populations déplacées à se réinstaller ailleurs que là où elles vivaient avant les violences, et à respecter la propriété privée », a conclu Andrej Mahecic.

De son côté, le PAM a indiqué mardi qu’il augmentait ses opérations d’assistance aux populations les plus vulnérables, au regard de l’augmentation récentes des prix des denrées alimentaires, des mauvaises récoltes de l’été et de l’approche rapide de l’hiver.

« La réponse des donateurs a jusqu'à maintenant été très positive –nous en sommes extrêmement reconnaissants. Mais les bailleurs de fonds vont devoir plonger encore plus profondément dans leurs poches pour empêcher que les populations les plus vulnérables ne souffrent de la faim pendant l'hiver », a déclaré le responsable du programme onusien au Kirghizistan, Carl Paulsson.

D'après une évaluation des besoins alimentaires d'urgence menée par le PAM à l'échelle nationale, plus d'un quart des ménages kirghizes, soit environ 1,4 million de personnes, se trouvait dans l'insécurité alimentaire en juillet, en dépit de la forte disponibilité de la nourriture pendant l'été.

Le PAM prévoit aussi que 340.000 personnes supplémentaires – des populations touchées par les violences interethniques de juin- risquent de basculer dans l'insécurité alimentaire dans les prochains mois, en raison de la détérioration de leur situation économique, de l'épuisement ou de la destruction de leurs réserves alimentaires et des dépenses supplémentaires engendrées par l'hiver (chauffage, vêtements).

Le PAM souligne en particulier le niveau très élevé de l'insécurité alimentaire à Och et Djalalabad, les deux principales villes du sud du pays où les violences interethniques ont éclaté en juin et où la situation reste extrêmement instable aujourd'hui.

L'insécurité alimentaire parmi les 84.000 personnes déplacées par ces violences a atteint des niveaux alarmants en juillet et devrait continuer à se dégrader dans les prochains mois, met encore en garde le PAM.

Dans le même temps, l'interdiction récente des exportations de semences de Russie a entrainé une flambée des prix des céréales, farine en tête. Les négociants et commerçants ont augmenté leurs prix au Kazakhstan, pays dont dépend le Kirghizistan pour ses approvisionnements en blé.

Avant les violences interethniques de juin, le PAM fournissait déjà une aide alimentaire à près de 333.000 Kirghizes, pour les aider à passer les mois difficiles de l'hiver. Il avait notamment lancé plusieurs programmes « vivres-contre-travail » dans les zones rurales du pays, qui ont aussi permis aussi d'améliorer les infrastructures communautaires, de réparer et d'entretenir les routes, de planter des arbres et de protéger les berges de rivières.

Après les violences de juin, le PAM a distribué des couvertures et des abris pour 530.000 personnes des zones les plus touchées. A partir de septembre, ces distributions de denrées alimentaires cibleront 287.000 personnes, les plus sévèrement touchées par l'insécurité alimentaire, qui recevront jusqu'à la fin de l'année des rations mensuelles.

Le PAM prévoit également des transferts financiers directs à partir du mois prochain à quelque 37.000 personnes déplacées dans les zones affectées par les violences, pour les aider à acheter les denrées nécessaires pour compléter les rations du PAM.