L'actualité mondiale Un regard humain

Kirghizistan : le manque d'argent remet en question les efforts de reconstruction

Kirghizistan : le manque d'argent remet en question les efforts de reconstruction

Une femme à un point de distribution de l'aide alimentaire à Och, au Kirghizistan.
L'ONU et ses partenaires se sont inquiétés cette semaine que les besoins humanitaires immédiats au Kirghizistan ne soient pas satisfaits, après qu'un appel de fonds de 96 millions de dollars pour apporter une aide vitale aux populations civiles touchées par les violences interethniques de juin n'a été couvert qu'à hauteur de 30%.

Lancé en juin, cet appel doit permettre de répondre pendant six mois aux besoins de près de 300.000 personnes déplacées par ces violences qui ont éclaté dans le sud du Kirghizistan et aux 765.000 autres personnes indirectement touchés.

En plus de faire des morts et des blessés, les affrontements interethniques entre Kirghizes et Ouzbeks pendant le mois de juin se sont soldées par la destruction de milliers de biens immobiliers, des pillages et la destruction d'infrastructures publiques.

« Les besoins sont immenses. Nous pouvons répondre à ces besoins et soutenir le gouvernement intérimaire et les victimes de cette crise, à laquelle n'importe quel pays aurait du mal à répondre seul, mais nous ne pouvons pas faire grand-chose sans les ressources financières nécessaires », avait souligné le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires, John Holmes, lors du lancement de l'appel de fonds.

Les organisations humanitaires et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) travaillent à définir une nouvelle stratégie de collecte de fonds pour augmenter le soutien offert par les donateurs et couvrir les besoins dans des domaines tels que l'alimentation et la nutrition, l'eau et l'assainissement, la santé, l'éducation et le logement.

OCHA a récemment indiqué que la situation humanitaire restait tendue dans les provinces méridionales d'Och et de Jalalabad. Plusieurs rapports mettent également en avant des violations graves des droits de l'homme dans ces régions, notamment des cas répétés d'abus de pouvoir, de détentions arbitraires, de mauvais traitements et d'extorsion de fonds par les forces de l'ordre.

Signalés également, des pressions et des mauvais traitements sur des personnes emprisonnées pour obtenir de faux aveux et de faux témoignages utilisés ensuite dans des opérations de police, ainsi que l'existence, non confirmée, de centres de détention secrets.

Le mois dernier, la Haute commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, avait estimé que les forces de l'ordre dans le sud du Kirghizistan étaient responsables de violations répétées des droits de l'homme, de détentions arbitraires et de tortures, qui menaçaient le retour à la paix et la stabilité dans la région.

Elle avait ajouté que son personnel au Kirghizistan avait reçu des informations laissant penser que les autorités locales avaient « systématiquement fermer les yeux » sur des arrestations illégales, des cas de tortures et de mauvais traitements de détenus ayant donné lieux à des aveux forcés. Les rapports remontant du terrain stipulaient que les avocats et les familles des victimes faisaient également l'objet de menaces et d'intimidations.

La situation met en lumière la nécessité d'une surveillance continue de la situation des droits humains, en particulier dans le sud du pays, avait conclu Navi Pillay, avant d'appeler à la mise en place d'une enquête "internationale approfondie, indépendante et impartiale" sur les violences de juin.