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Liban : le Premier ministre Siniora rend hommage au soutien des Nations Unies

Liban : le Premier ministre Siniora rend hommage au soutien des Nations Unies

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Lors d'un exposé au Conseil de sécurité en présence du Secrétaire général, le Premier ministre du Liban, Fouad Siniora, a rendu hommage aujourd'hui au « soutien indéfectible » apporté par les Nations Unies à son pays, au cours des 19 derniers mois, qui a permis au Liban de retrouver son intégrité territoriale.

« Après de nombreuses années de conflits civils, d'occupation israélienne et de présence syrienne, les Libanais ont commencé un débat sérieux sur toutes les questions de grande importance politique », a déclaré aujourd'hui le Premier ministre libanais devant le Conseil de sécurité, réuni sur la question de la mise en œuvre de sa résolution 1559 (2004).

image • Retransmission de la conférence de presse[33mins]

Fouad Siniora a souligné l'importance du dialogue national en cours, qui rassemble les représentants de 14 groupes parlementaires et qui est déjà parvenu à des résultats importants sur la délimitation de toutes les frontières communes avec la Syrie, la politique à l'égard des Palestiniens au Liban et le processus judiciaire lié à l'assassinat du Premier ministre Hariri et de ses collaborateurs.

Sur les relations avec la Syrie, le Premier ministre « a souhaité que puisse se concrétiser un respect mutuel, de parité et de non-ingérence ».

Sur la question de la délimitation de la frontière entre la Syrie et le Liban, recommandée à plusieurs reprises par Terje Roed-Larsen, Envoyé de l'ONU pour la mise en œuvre de la résolution 1559, le ministre libanais l'a liée au retrait d'Israël des « fermes de Chebaa ».

L'ONU a certifié en 2000 le retrait total des forces israéliennes du Liban, notant que la bande de terre dite des « fermes de Chebaa » faisait partie du Golan syrien occupé par Israël. Le Liban et la Syrie déclarent désormais que le territoire appartient au Liban.

Le Premier ministre libanais a exhorté aujourd'hui « Israël à se retirer de ces terres et à renvoyer au Liban les prisonniers libanais qu'il détient sur les hauteurs du Golan ».

Il a rappelé qu'il appartenait, en terme de droit international, aux États concernés et frontaliers de s'entendre sur la délimitation de la zone frontière. C'est pourquoi, a-t-il ajouté, nous allons demander au Secrétaire général de l'ONU de confirmer les mesures spécifiques requises pour obtenir la souveraineté sur ces fermes.

Le Premier ministre s'est expliqué plus précisément sur la question des fermes de Chebaa lors d'une conférence de presse donnée au siège de l'ONU après la séance du Conseil. image • Retransmission de la conférence de presse[37mins]

Interrogé sur la façon dont le Liban pouvait montrer que les fermes de Chebaa faisaient partie de son territoire, Fouad Siniora a indiqué que le Liban estimait avoir exercé sa souveraineté sur ce territoire. « Quant à la Syrie, si elle déclare qu'il fait partie du Liban, elle refuse de signer les documents nécessaires pour le transfert de ce territoire de 42 kilomètres carrés au Liban afin que les Nations Unies le reconnaissent comme tel », a déclaré le Premier ministre.

« Nous avons demandé aux Nations Unies ce qu'il faut faire exactement, du point de vue juridique, pour que ce territoire puisse être considéré comme libanais », a précisé Fouad Siniora.

Abordant par ailleurs devant le Conseil de sécurité la question des réfugiés palestiniens sur le territoire libanais, Fouad Siniora n'a pas caché que « les relations entre le Liban et les réfugiés palestiniens ont été difficiles et a reconnu que les conditions de vie éprouvantes dans les camps de réfugiés créent un terreau propice à la formation de factions armées ».

A cet égard, il a estimé que « l'échec de la communauté internationale à corriger la 'grande injustice' vécue par le peuple palestinien, vécue depuis plus de six décennies », avait sans aucun doute « contribué au sentiment de désespoir et d'humiliation ressenti dans le monde arabe et musulman ».

Il a confirmé que, conformément aux « décisions arrêtées dans le cadre du Dialogue national », des discussions seraient menées pour « amener les Palestiniens à retirer, dans les six mois, toute présence armée autour des camps de réfugiés et en conséquence, à discuter de la question des armes et de la sécurité à l'intérieur de ces camps ».

En parallèle, le gouvernement a également initié, a poursuivi le Premier ministre, un effort important pour améliorer les conditions de vie des réfugiés palestiniens, en coopération avec l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA).

En plus de la mise en œuvre des décisions déjà prises par le dialogue national, deux autres défis doivent être relevés, a annoncé le Premier ministre, qui a cité la question de la présidence de la République et de la réduction du mandat du Président Lahoud. Le dialogue national, qui doit reprendre le 28 avril, abordera ces questions.

« L'autre défi concerne les armes du Hezbollah et leur rôle dans la défense du Liban ». A cet égard, le Premier ministre a souhaité que puisse être abordée la question du contrôle par le gouvernement de tout le territoire du pays.

Le Hezbollah, groupe armé chiite pro-iranien représenté au Parlement, entretient à l'heure actuelle une milice armée qui contrôle le Sud du Liban.

Fouad Sinioria a ensuite évoqué la question de la création d'un tribunal de nature internationale pour juger les personnes impliquées dans l'assassinat de l'ancien Premier Ministre, Rafic Hariri et de 22 autres personnes.

Il s'est dit prêt à conclure les discussions avec l'équipe juridique de l'ONU aussi tôt que possible pour assurer une transition sans heurt de la Commission d'enquête internationale, dont il a appuyé la prorogation du mandat, au tribunal international.

Il a fermement appuyé une prolongation du mandat du chef de la Commission d'enquête internationale, Serge Brammertz, si elle était estimée nécessaire.

Prenant la parole à sa suite, le représentant de la Syrie, Milad Atieh, a exprimé « ses regrets au vu de la tentative de certaines parties de la scène politique libanaise de porter atteinte à ces relations en répandant des rumeurs et colportant l'idée de tensions entre les deux pays frères ».

S'agissant de la question de la démarcation de la frontière syrio-libanaise, il a déclaré qu'il n'y avait pas de problème de tracé.

Quant à la délimitation dans la région des fermes de Chebaa sous occupation israélienne, il a déclaré que le retrait d'Israël de ces territoires était un préalable incontournable avant que le Liban et la Syrie puissent procéder à la démarcation.

Il a précisé que son pays avait respecté la résolution 1559 en retirant le 26 avril 2005 toutes ses forces et effectifs du sol libanais. Il a souhaité que le Conseil de sécurité n'interfère pas sur la question des échanges d'ambassade et de délimitation qui relèvent de la souveraineté réciproque de la Syrie et du Liban.

« Nous espérons que les membres du Conseil montreront la même motivation lorsqu'il s'agira de favoriser la résolution d'autres problèmes et notamment l'application des résolutions 242 et 338 relatives au conflit israélo-palestinien », a-t-il conclu.