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Zimbabwe : le gouvernement refuse de coopérer avec l'ONU malgré la grave crise humanitaire

Zimbabwe : le gouvernement refuse de coopérer avec l'ONU malgré la grave crise humanitaire

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Le gouvernement du Zimbabwe qui a entrepris au cours des trois derniers mois une campagne de démolition des bidonvilles du pays, jetant dans la rue des centaines de milliers de personnes et provoquant une grave crise humanitaire, refuse de coopérer avec l'ONU qui souhaite lancer un appel de fonds d'urgence afin d'aider les victimes.

« Je n'arrive pas à trouver un accord avec le gouvernement du Zimbabwe pour lancer un appel humanitaire d'urgence qui permettrait de venir en aide aux victimes de la destruction des bidonvilles », a déclaré aujourd'hui Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, lors d'une conférence de presse donnée au siège de l'ONU à New york.

image• Retransmission de la conférence de presse [58mins]

« On n'arrive pas à se mettre d'accord sur le texte, sur le nombre de personnes affectées, sur comment les aider, sur le rôle à donner aux organisations non gouvernementales », a-t-il expliqué.

« Le gouvernement du Zimbabwe nous dit qu'il n'est pas d'accord sur le texte, qu'il a besoin de plus de temps pour l'étudier. Il n'est pas non plus d'accord sur les chiffres et remet en question le fait que plusieurs centaines de milliers de personnes ont été affectées », a-t-il encore précisé.

Selon un rapport publié le 22 juillet dernier et rédigé par Anna Tibaijuka, Envoyée de l'ONU au Zimbabwe, les démolitions des bidonvilles ont affecté quelque 700 000 personnes, soit en les jetant à la rue, soit en les privant de travail (voir notre dépêche du 22 juillet 2005).

Lancée le 19 mai dernier, l'opération baptisée « Se débarrasser des ordures » pour « Restaurer l'ordre », entreprise par les autorités du pays, a entraîné la destruction de milliers de logements de fortune.

« Cet appel humanitaire d'urgence permettrait d'apporter une aide alimentaire et sanitaire, de fournir des abris pour le court terme et des logements à plus long terme, de faciliter le retour à l'école des enfants », a indiqué Jan Egeland.

Le Coordonnateur des secours d'urgence a rappelé qu'un programme humanitaire, basé sur un appel de fonds initial lancé au mois de juillet d'un montant de 11,9 millions de dollars, avait été déjà entrepris.

Grâce à ce programme, les organisations humanitaires ont pu atteindre un peu plus de 100 000 personnes - sur 700 000 personnes directement affectées par la crise - qui reçoivent une aide alimentaire, des couvertures et qui bénéficient d'un abri temporaire.

Mais ce n'est pas suffisant, a déploré le Secrétaire général adjoint. Pour atteindre toutes les personnes victimes des expulsions et les aider à plus long terme, il est, selon lui, nécessaire d'obtenir la coopération du gouvernement.

« Il faut reloger les gens. Ils ont besoin de terres, de terrains, de maisons, de travail. Il faut mettre en place un partenariat si nous voulons réussir. C'est pour cela que nous avons décidé de faire un appel de fonds humanitaire conjoint qui ferait suite à l'appel de fonds initial », a-t-il expliqué.

« Nous continuons le dialogue et espérons trouver un accord pour mettre en place un programme d'assistance à long terme », a-t-il conclu.