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L'OMS réévalue à la hausse les besoins de financement des soins de santé pour le Niger

L'OMS réévalue à la hausse les besoins de financement des soins de santé pour le Niger

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L'Organisation mondiale de la santé estime désormais à 1,3 millions de dollars le besoin de financement en matière de santé au Niger. Le retard dans la réponse à la crise alimentaire a fait grimper les coûts des besoins de santé, tout comme cela avait été le cas de l'assistance alimentaire.

Alors qu'elle avait estimé précédemment le besoin à 400 000 dollars, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a revu à la hausse son Appel éclair à la suite d'une mission d'évaluation, indique un communiqué publié aujourd'hui à Genève.

Ces fonds doivent permettre de financer d'urgence quatre projets liés à la santé au cours des six prochains mois : surveillance de la maladie et de la nutrition et action en cas de flambées ; prise en charge des cas nutritionnels avec la mise en place de capacités de traiter la malnutrition au niveau des centres de santé ; appui à l'élaboration d'une politique de santé visant à améliorer l'accès aux services de santé essentiels en rendant les soins plus fiables et plus abordables ; renforcement de la coordination du secteur de la santé et de la gestion de l'information.

L'OMS cherche notamment à juguler les risques d'épidémies, qui sont accrus par la malnutrition, le manque d'eau potable et d'assainissement. Plus de la moitié de la population n'aurait pas accès aux soins de santé primaires. La crise actuelle risque donc de provoquer de nombreux décès dus aux maladies telles que le choléra, les maladies respiratoires, la diarrhée ou le paludisme.

Une flambée de choléra a déjà touché 61 personnes, dont 10 ont succombé, dans la région de Tahoua (district de Bouza). L'OMS va envoyer cette semaine au Niger huit modules de lutte anticholérique, ce qui permettra de prendre en charge jusqu'à 800 cas graves de choléra.

En collaboration étroite avec le Ministère de la Santé, l'OMS va renforcer la capacité des soignants en matière de surveillance épidémiologique grâce à la formation, en mettant plus particulièrement l'accent sur l'alerte et l'action rapides et en intégrant l'appui au système de surveillance active de la malnutrition. Le personnel de santé sera formé au dépistage de la malnutrition sur la base des normes internationales.

L'OMS va également étudier le problème de l'accès des enfants malnutris aux centres de santé. Actuellement, la gratuité n'est pas assurée dans de nombreux centres, ce qui prive les enfants de familles défavorisées de tout accès aux soins.

La crise alimentaire touche 3,6 millions de Nigériens, dont 2,5 millions sont extrêmement vulnérables et ont besoin d'une aide alimentaire. Le nombre d'enfants gravement malnutris est estimé à 32 000 et 160 000 autres pourraient le devenir.

L'appel éclair de l'OMS pour le Niger s'intègre à un appel éclair global lancé par différentes institutions des Nations Unies, dont le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Cet appel, qui a été revu à la hausse plusieurs fois, s'élève actuellement à 81 millions de dollars (voir notre dépêche du 5 août 2005). Il doit permettre d'aider le Niger à traverser la difficile saison agricole actuelle et à répondre à ses besoins à moyen terme jusqu'en décembre 2005.

Il s'agit de fournir aux populations les plus touchées 73 tonnes d'aide alimentaire, de renforcer les soins de santé primaires de base pour sauver la vie d'enfants malnutris, de préserver le bétail et d'améliorer les conditions de sécurité alimentaire, d'améliorer les systèmes actuels d'approvisionnement en eau et d'assainissement pour favoriser l'hygiène et éviter les maladies d'origine hydrique, et enfin de renforcer les dispositifs de coordination ainsi que les efforts de gestion de l'information et de sensibilisation.

La situation des autres pays du Sahel doit également être prise en considération, indique par ailleurs James Morris, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial. Dans un communiqué publié vendredi à Rome, le PAM souligne que les difficultés alimentaires et le taux de malnutrition des enfants ont augmenté au Mali, en Mauritanie et au Burkina-Faso. « Nous avons déployé davantage de personnel pour faire face à l'augmentation des taux de malnutrition des enfants de la région », explique James Morris.

Margareta Wahlström, Sous-Secrétaire générale adjointe pour les Affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d'urgence, avait indiqué vendredi lors d'un point de presse que les pays voisins du Niger étaient menacés à leur tour par l'insécurité alimentaire (voir notre dépêche du 5 août 2005).

L'invasion du criquet pèlerin l'an dernier et la sécheresse de 2004 et 2005 sont à l'origine de la grave crise alimentaire qui frappe le Niger.