L'actualité mondiale Un regard humain

Des élections en Haïti techniquement possibles, selon le responsable des opérations de maintien de la paix

Des élections en Haïti techniquement possibles, selon le responsable des opérations de maintien de la paix

Jean-Marie Guehenno s'adresse à la presse
Le responsable des opérations de maintien de la paix de l'ONU a présenté ce matin au Conseil de sécurité un exposé de la situation à Haïti, mettant en lumière le danger de la situation sécuritaire et la situation humanitaire préoccupante, mais estimant que, techniquement, des élections pourraient avoir lieu.

« Trois défis concurrents posent actuellement problème en Haïti entre lesquels il n'est pas possible d'établir une hiérarchie », a indiqué aujourd'hui le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guehénno, qui s'est rendu dans le pays au mois de juin dernier, lors d'un point presse à l'issu d'une séance à huis clos du Conseil de sécurité.

image• Retransmission du point-presse[21mins]

« La sécurité pose un défi immédiat. La situation est mauvaise et pas d'amélioration est en vue pour l'instant. Il y aussi une grande différence entre ce que l'on voit à Port-au-Prince, où la situation est n'est bonne en particulier dans deux bidonvilles, à Bel-Air et à Cité-Soleil », a déclaré le Secrétaire général adjoint.

« Il est difficile pour la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) d'opérer dans des environnements urbains », a-t-il ajouté, indiquant que dans l'idéal il faudrait des capacités spéciales dont elle est dépourvue, telles que des équipes d'intervention spéciales pour capturer des chefs de gangs. La Mission manque aussi de capacités en matière de renseignement.

« Ce n'est pas tant une question d'avoir des troupes robustes », a-t-il ajouté en réponse à l'évocation de la possibilité du transfert de troupes canadiennes et françaises. Il faut des équipements de nuit, du personnel entraîné.

« Je crois que les pays fournisseurs de troupes sont conscients du problème », a-t-il indiqué.

Interrogé par ailleurs sur les informations selon lesquelles une opération de la MINUSTAH visant à capturer un chef de gang ait pu faire des victimes « civiles », Jean-Marie Guehénno a indiqué que la MINUSTAH confirmait des représailles à la suite de cette opération, mais qu'il n'était pas mesure de totalement exclure l'existence de victimes civiles.

« Il y a une forte demande de la population à mettre fin aux kidnappings et aux assassinats », a-t-il ajouté citant l'assassinat du journaliste Jacques Roche, mais il essentiel qu'il n'y ait aucune victime dans la population.

Deuxièmement, « sur le plan politique, les élections peuvent constituer une pierre angulaire du progrès dans le pays, ou s'avérer une occasion manquée ».

« Au plan pratique, les élections devraient être organisées, elles peuvent être organisées », a insisté le Secrétaire général adjoint, au regard de ce qu'il a pu voir sur le terrain (voir notre dépêche du 23 juin 2005).

« L'idée que les élections sont impossibles n'est pas correcte », mais « toute élection constitue un moment de tension, et dans un pays aussi polarisé qu'Haïti, il existe un risque d'aggravation ».

« La violence n'est pas une option », c'est le message transmis par la MINUSTAH et j'ai eu le plaisir d'annoncer au Conseil qu'un certain nombre de membres du parti Lavallas, [le parti favorable à l'ex-Président Arisitide] s'y sont associés.

Troisièmement, la situation humanitaire. « J'ai été choqué par ce que j'ai vu dans les bidonvilles d'Haïti, la misère, le manque d'accès à l'eau potable, le taux très élevé de chômage ».

« Tout cela ne fournit pas une très bonne base pour la réconciliation », a-t-il déclaré, appelant à nouveau la communauté internationale à soutenir des projets fournissant des emplois.

La MINUSTAH va ainsi procéder à la réparation des routes en ayant recours à la main d'œuvre locale, l'absence de routes empêchant tout simplement les transports et le développement de l'économie : un agriculteur à la campagne ne peut pas se rendre à la ville pour vendre ses produits.

« A présent Haïti vit grâce à l'aide financière de la 'diaspora' haïtienne à l'étranger », a-t-il souligné. « Ce que j'aimerais à présent, c'est voir la couleur de l'argent qui a été promis par la communauté internationale », a conclu le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.