L'actualité mondiale Un regard humain

Haïti : Un métier pour détourner les jeunes de la violence

Haïti : Un métier pour détourner les jeunes de la violence

Des écoliers haïtiens.
Ils sont jeunes, déscolarisés ou non scolarisés et habitent dans des quartiers défavorisés de Port-au-Prince ayant été en proie à la violence. Depuis le 8 juin 2009, ils suivent des cours de socialisation ou apprennent un métier à l'Ecole nationale des Arts et Métiers (ENAM) de la capitale haïtienne.

Il s'agit d'un projet de la Section de la réduction de la violence communautaire (RVC) de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), en collaboration avec des partenaires comme la Mairie de Port-au-Prince et la Commission nationale de désarmement, démantèlement et de réinsertion (CNDDR). Il est financé à hauteur de 65.831 dollars par la MINUSTAH.

Quelque 250 jeunes prennent part à ces activités de formation. Parmi eux, 125 proviennent du quartier de Cité Soleil, à Port-au-Prince. Les disciplines enseignées sont la plomberie, la mécanique, la ferronnerie, la climatisation et l'électricité.

Parmi les bénéficiaires, Jimmy St Fleur. Même s'il n'a « jamais pris part à des activités illicites à Cité Soleil », Jimmy a bien conscience des dangers auxquels s'expose un jeune sans formation professionnelle. A 23 ans, il est déjà père d'un enfant de 5 ans dont il doit pourvoir aux besoins.

Il se réjouit d'avoir l'occasion d'acquérir une formation, seul moyen pour devenir un professionnel. Jimmy a choisi la climatisation/réfrigération. « Je trouve que c'est une bonne initiative et c'est mieux que de distribuer de l'argent aux jeunes », estime-t-il. A l'avenir, il aimerait avoir son propre atelier avec ses propres clients.

De son côté, Naphtalie Cémérant, 19 ans, voit dans cette formation une possibilité de surmonter les problèmes économiques auxquels elle est confrontée. Depuis 2001, elle a dû arrêter les études primaires à cause des difficultés économiques de ses parents. Depuis lors, elle passe la majeure partie de son temps à l'église ou chez elle à ne rien faire.

Aujourd'hui, grâce au projet de la MINUSTAH, Naphtalie apprend la plomberie. Elle pense qu'elle pourra gagner sa vie avec ce métier même si les femmes ne sont pas nombreuses à embrasser cette discipline. Avec ses revenus, elle compte poursuivre ses études et ainsi acquérir d'autres compétences.

Outre l'aspect professionnel, le projet vise à développer chez les participants l'estime de soi et la capacité de résolution de conflit. Et après la formation, la RVC envisage de solliciter des stages en entreprise pour les participants afin que ceux-ci puissent parfaire leurs connaissances. Cette section de la MINUSTAH compte aussi appuyer les jeunes diplômés à former des groupements socioprofessionnels à caractère coopératif.

A ceux qui ne remplissent pas les conditions requises pour l'apprentissage d'un métier sont offerts des cours de lecture, d'écriture en langue créole et des notions de calcul de base. Il leur est également dispensé des notions de civisme, de respect des normes et des règles de vivre ensemble communautaire.