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OMS : pas d'anathème sur les aliments génétiquement modifiés mais la prudence reste de mise

OMS : pas d'anathème sur les aliments génétiquement modifiés mais la prudence reste de mise

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Les nouveaux aliments génétiquement modifiés (AGM) peuvent permettre de renforcer la santé et le développement, conclut un nouveau rapport de l'agence des Nations Unies pour la santé, qui souligne la nécessité de poursuivre les évaluations relatives à la sécurité sanitaire des AGM avant qu'ils ne soient commercialisés, afin de prévenir tout risque pour la santé et l'environnement.

« Le rapport "Biotechnologie alimentaire moderne, santé et développement", qui présente les avantages et les risques potentiels associés aux AGM, indique que les cultures génétiquement modifiées permettent d'accroître les rendements, d'obtenir une meilleure qualité et une plus grande diversité des aliments que l'on peut produire dans une région donnée, ce qui conduit à améliorer la santé et l'état nutritionnel, qui à leur tour permettent d'élever le niveau de vie et le niveau de santé des populations », indique un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié aujourd'hui à Genève.

« Toutefois, certains des gènes employés pour la fabrication des AGM n'ont jamais été présents dans la chaîne alimentaire auparavant et leur introduction pourrait provoquer des modifications de la constitution génétique actuelle des plantes cultivées. Par conséquent, il convient de toujours évaluer les effets possibles des nouveaux AGM sur la santé avant de les cultiver et de les commercialiser et il faut exercer une surveillance à long terme pour détecter rapidement tout effet indésirable éventuel », ajoute l'agence des Nations Unies.

Le rapport estime que des évaluations du risque avant commercialisation ont été effectuées sur tous les produits génétiquement modifiés là où ils sont commercialisés. A cet égard, les AGM sont examinés plus soigneusement que les aliments normaux à la recherche d'effets potentiels sur la santé et l'environnement. A ce jour, la consommation d'AGM n'a pas provoqué d'effets indésirables connus sur la santé, selon l'OMS.

Mais le rapport recommande également qu'à l'avenir l'évaluation des AGM soit « plus approfondie, de manière à inclure des considérations d'ordre social, culturel et éthique, pour veiller à ce qu'il n'y ait pas de "clivage AGM/non AGM" entre les groupes de pays qui autorisent ou n'autorisent pas la culture et la commercialisation des produits génétiquement modifiés ».

A l'heure actuelle, les évaluations sont principalement axées sur les incidences agronomiques et sur les éventuels effets sanitaires de ces derniers. La crise de l'aide alimentaire survenue en Afrique du Sud en 2002, lors de laquelle un certain nombre de pays n'ont pas autorisé une aide alimentaire sous forme d'aliments génétiquement modifiés en raison de préoccupations essentiellement socio économiques, illustre la nécessité de disposer d'évaluations plus larges.

« Outre l'aspect sanitaire et environnemental, les AGM doivent être examinés sous de multiples angles, notamment sous l'angle social et éthique. Si nous aidons nos Etats Membres à le faire à l'échelle nationale, nous pouvons éviter que ne se crée un clivage entre les pays qui autorisent les cultures génétiquement modifiées de ceux qui les interdisent », indique le Dr Jorgen Schlundt, Directeur du Département Sécurité sanitaire des aliments de l'OMS.

Chaque pays présente actuellement une situation sociale et économique différente et l'histoire de l'alimentation, et ce que signifie la nourriture dans la société diffère également pour chaque population. Tous ces facteurs peuvent jouer un rôle dans la façon dont les AGM vont être considérés et le fait de tenir dûment compte de ces préoccupations aura des répercussions sur l'acceptation ou le rejet à long terme des AGM et des avantages et risques potentiels qu'ils peuvent présenter pour la santé.

Il existe actuellement 15 instruments internationaux juridiquement contraignants et codes de pratique non contraignants qui traitent de certains aspects des organismes génétiquement modifiés. Si de nombreux pays développés ont mis en place des systèmes précis de réglementation avant commercialisation exigeant une évaluation rigoureuse du risque au cas par cas pour tous les AGM avant leur mise en circulation, de nombreux pays en développement n'ont pas les moyens de mettre en oeuvre un tel système.

L'OMS s'efforce, en concertation avec des partenaires tels que l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), d'aider les pays à examiner sous tous les angles l'introduction d'un AGM donné.

« Nous pouvons espérer obtenir des améliorations sur les plans sanitaire et nutritionnel grâce aux AGM lorsque nous serons en mesure d'aider les pays à définir la manière dont ils peuvent contrôler et exploiter l'introduction des produits génétiquement modifiés pour le plus grand bien de leurs populations », a ajouté le Dr Schlundt.

Le premier AGM important a été introduit sur le marché au milieu des années 90. Depuis lors, des souches génétiquement modifiées de maïs, de soja, de colza et de coton ont été mises sur le marché et ont fait l'objet d'un commerce national et international dans plusieurs régions. En outre, des variétés génétiquement modifiées de papaye, de pommes de terre, de riz, de courge, de betterave sucrière et de tomate ont été mises sur le marché dans certains pays. La production de cultures génétiquement modifiées a nettement augmenté au cours de la dernière décennie, et si la majeure partie de cette production est concentrée dans relativement peu de pays, on estime qu'à la fin 2004 les cultures génétiquement modifiées couvraient près de 4 % de l'ensemble des terres arables du monde, indique le communiqué de l'OMS.