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Chypre : un fossé important sépare encore les parties, déclare Kieran Prendergast au Conseil de sécurité

Chypre : un fossé important sépare encore les parties, déclare Kieran Prendergast au Conseil de sécurité

Compte-rendu de Kieran Prendergast au Conseil de sécurité
En dépit de relations cordiales entre les parties Chypriotes grecques et turques, il existe un fossé important entre les positions des parties ce qui rend les efforts de compromis extrêmement difficiles, a estimé aujourd'hui le responsable des affaires politiques de l'ONU. Il a par ailleurs indiqué que le Secrétaire général pourrait nommer un nouveau Conseiller spécial pour Chypre.

« Le Secrétaire général estime que le respect de la décision prise par les participants au référendum du 24 avril 2004 doit être le point de départ de toute action menée par les Nations Unies », a souligné Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'ONU, dans son exposé sur sa mission de bons offices à Chypre, qui l'a conduit également à Athènes et à Ankara, lors d'une séance au Conseil de sécurité.

Kieran Prendergast qui a démissionné de son poste de Secrétaire général adjoint aux affaires politiques à l'ONU faisait son dernier exposé au Conseil de sécurité.

Il a rappelé que la partie chypriote grecque avait rejeté le plan des Nations Unies, que ce fait ne pouvait pas être écarté et qu'il fallait se pencher sur les sujets de préoccupation étant à l'origine de ce vote négatif.

Dans ce contexte, il est de la plus grande importance de disposer d'une liste de propositions concrètes à aborder dans le cadre de négociations. En même temps, a prévenu le Secrétaire général adjoint, il serait contre-productif de chercher une solution sur la base des préoccupations de la partie chypriote grecque si cela devait mener à perdre l'appui majoritaire de la partie chypriote turque au plan de règlement des Nations Unies.

De même le niveau de confiance du côté chypriote turque est à la baisse dans la mesure où les chypriotes turques n'ont pas l'impression que leurs efforts en vue de parvenir à une solution sont reconnus.

Il est important, a ajouté M. Prendergast, d'encourager les parties à accorder une attention particulière à leurs intérêts communs, notamment la nécessité de parvenir à un accord sur les révisions à apporter au plan de règlement. Dans ce cadre, le Secrétaire général a souligné qu'il incombait aux parties de faire preuve d'un esprit visionnaire, de courage et de volonté politique.

Un règlement ne sera possible que si les parties agissent de manière à susciter le respect mutuel et une compréhension commune et la volonté de parvenir à une solution rapide. Les gouvernements grec et turc sont également responsables. Outre le soutien important qu'ils ont accordé aux missions de bons offices du Secrétaire général, ils devront être disposés à revoir leurs positions sur certains aspects de la question, a estimé le Secrétaire général adjoint.

Selon Kieran Prendergast, le Secrétaire général est déterminé à continuer d'aider les parties à parvenir à un règlement d'autant que le maintien du statu quo est inacceptable.

À l'heure actuelle, le Secrétaire général estime qu'il faut procéder de manière prudente et qu'il serait à ce stade prématuré de lancer un nouveau processus. Le Secrétaire général a l'intention de mener une réflexion approfondie sur le futur de sa mission de bons offices. Selon l'évolution de la situation sur l'île, il sera peut-être bienvenu d'envisager la nomination d'un Conseiller spécial.

Prenant la parole devant la presse à l'issue de la séance, Kieran Prendergast a souligné que les options étaient limitées, entre ne rien faire et nommer un nouveau Conseiller spécial.

image • Retransmission du point avec la presse [9 mins]

Mais il a souligné qu'un nouvel échec aussi éclatant que le rejet du plan de l'ONU l'année dernière rendrait les choses encore plus difficiles et que dans un premier temps le Secrétaire général choisirait sans doute une voie médiane pour l'Organisation, à savoir des visites régulières dans la région et des rapports périodiques au Conseil de sécurité.

Réciproquement, il a expliqué que l'ONU n'était pas prête à entretenir l'illusion de négociations juste pour le principe et que cela serait en fait contre-productif. « Je ne crois pas que le Secrétaire général ait l'intention de fournir l'apparence d'un processus sans le contenu », a déclaré Kieran Prendergast.

Ce dernier a encouragé les dirigeants politiques à adopter une vision. « Je ne crois pas que la devise « Suivez moi, je suis derrière vous » soit adaptées à des dirigeants politiques, a-t-il indiqué.

Interrogé sur le fait de savoir s'il serait intéressé par le poste de Conseiller spécial sur Chypre, il a indiqué qu'il avait été heureux de s'occuper de la question depuis plus de 40 ans, mais que ce serait certainement suffisant pour quiconque n'était pas chypriote. Il a aussi estimé que sa nationalité anglaise, compte tenu des intérêts anglais sur l'île dans le passé, ne lui donnerait pas aux yeux des parties l'impartialité nécessaire.

Pour sa part, le Représentant de Chypre à l'ONU, Andreas Mavroyiannis, a déclaré à la presse que son gouvernement restait engagé à parvenir à un règlement juste et équitable et qu'il était prêt à s'y atteler de bonne fois et avec détermination. Il s'est déclaré prêt à établir des jalons permettant la reprise de négociations significatives.

image • Retransmission du point avec la presse du représentant de Chypre [1mins]

Enfin, le Représentant de la Grèce, Adamantios Vassilakis, a préconisé la reprise de négociations sur la base du plan de Kofi Annan, prenant en considération les demandes des parties et l'évolution sur le terrain, notamment l'accession de [la partie grecque] de Chypre à l'Union européenne.

La Grèce soutient la mission de bons offices du Secrétaire général, a-t-il souligné.

image • Retransmission du point-presse du représentant de la Grèce [3mins]

Kofi Annan avait mis fin à sa mission de bons office il y a de cela presque un an, à la suite du rejet, par la partie grecque, du plan proposé par l'ONU pour la réunification de l'île (voir notre dépêche du 3 juin 2004).