L'actualité mondiale Un regard humain

Pétrole contre nourriture : Kofi Annan disculpé de toute faute par la Commission Volcker

Pétrole contre nourriture : Kofi Annan disculpé de toute faute par la Commission Volcker

Kofi Annan
Le Secrétaire général de l'ONU, dans un message diffusé après qu'il a pris connaissance des conclusions de la Commission d'enquête sur le programme « Pétrole contre nourriture » et lors d'une conférence de presse au Siège de l'ONU, a souligné que l'enquête le disculpait de toute faute, notamment dans l'attribution par l'ONU d'un marché à une société pour laquelle travaillait son fils Kojo Annan. Il a souhaité à présent se consacrer aux missions de l'ONU et à sa réforme, promettant plus de transparence.

Le Secrétaire général de l'ONU, dans un message diffusé après qu'il a pris connaissance des conclusions de la Commission d'enquête sur le programme « Pétrole contre nourriture » et lors d'une conférence de presse au Siège de l'ONU, a souligné que l'enquête le disculpait de toute faute, notamment dans l'attribution par l'ONU d'un marché à une société pour laquelle travaillait son fils Kojo Annan. Il a souhaité à présent se consacrer aux tâches de l'ONU et à sa réforme, promettant plus de transparence.

« J'ai reçu ce matin le deuxième rapport intérimaire de leur enquête indépendante sur les allégations concernant le programme des Nations Unies 'Pétrole contre nourriture' et « je les remercie à nouveau de leur enquête », indique un message du Secrétaire général transmis aujourd'hui par son porte-parole (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

« Comme je l'ai toujours espéré et comme j'en ai toujours été fermement convaincu, l'Enquête m'a disculpé de toute faute », indique Kofi Annan.

« Sur la question clef de l'attribution du contrat visant à inspecter les fournitures humanitaires entrant en Iraq dans le cadre du programme « Pétrole contre nourriture », le rapport indique clairement « qu'il n'y a pas de preuves que la sélection de Cotecna, en 1998, ait fait l'objet de toute influence volontaire ou impropre de la part du Secrétaire général dans le processus de sélection ou d'appel d'offres ».

image• Retransmission de la conférence de presse de Kofi Annan et de Mark Malloch Brown[41mins]

Lors de son intervention devant la presse aujourd'hui, le Secrétaire général a rappelé qu'il « avait nommé le Comité il y a de cela un an afin de faire établir la pleine vérité à propos des allégations de fraude et de corruption dans le programme » et que « les membres du comité s'y étaient consacrés avec le professionnalisme que l'on pouvait attendre d'eux ».

La Commission d'enquête indépendante (CEI) est présidée par l'ancien chef de la Réserve fédérale américaine, Paul Volcker, et coprésidée par le Sud-africain Richard Goldstone, juriste de renom et par le Suisse Mark Pieth, spécialiste du droit pénal financier.

« J'étais bien conscient que l'accusation la plus grave concernait l'attribution du contrat à Cotecna », a déclaré le Secrétaire général, à propose de la société suisse pour laquelle travaillait son fils Kojo.

Après une enquête de 12 mois et « de si nombreuses accusations dépourvues de véracité faites à mon encontre », la conclusion du Comité « est pour moi un grand soulagement », a déclaré le Secrétaire général, précisant qu'il était conscient de la critique du Comité « pour ne pas avoir référé l'affaire à l'OIOS [les services de contrôle interne de l'ONU] après avoir appris l'attribution de contrat » à Cotecna.

« J'ai fourni un avis, avec l'aide de mon conseil, expliquant pourquoi j'avais suivi une autre voie, pleinement compatible avec les règles de l'ONU ». « Les commentaires concernent aussi d'autres personnes, et je dois examiner quelles mesures prendre », a-t-il précisé.

Quant au comportement de son fils, Kofi Annan a déclaré : « J'aime mon fils et j'ai toujours attendu la plus grande probité de sa part », ajoutant qu'il avait été « très peiné d'apprendre » les conclusions du rapport et qu'il l'avait exhorté à coopérer.

Le Secrétaire général a par ailleurs noté que le Comité faisait référence à un des objectifs de son Rapport intitulé « Dans une liberté plus grande: vers le développement, la sécurité et les droits de l'homme pour tous » et exprimé l'espoir que les réformes de l'ONU qui y sont présentées seraient mises en oeuvre, puisqu'elle « visent en partie à remédier aux défauts mis en lumière par le rapport » de la CEI.

« J'agis déjà sur la base de ces conclusions », a déclaré Kofi Annan, ajoutant « qu'à partir d'aujourd'hui, les membres du Secrétariat seront plus transparents et les gestionnaires seront tenus pour responsables de leurs actions ».

« Cette année a été difficile pour nous tous, mais malgré cela nous avons été en mesure de réaliser notre mission en Afghanistan, en Iraq, au Burundi et en Territoire palestinien, ainsi que dans la crise du Tsunami », a souligné le Secrétaire général, concluant : « Il y a toujours beaucoup à faire et nous resterons concentrés sur notre tâche ».

Interrogé sur les scandales qui avaient touché l'ONU cette année, le Secrétaire général a souligné que des problèmes pouvaient survenir et qu'ils étaient réglés au fur et à mesure.

« Il est dommageable de continuer à ramener sur le tapis des questions qui ont été réglées », que ce soit Ruud Lubbers, qui a été innocenté, ou les abus sexuels des Missions de l'ONU, contre lesquels sont prises des mesures vigoureuses, a-t-il souligné.

Interrogé enfin sur la possibilité de son éventuelle démission, le Secrétaire général a déclaré : « Non, non et non » et rappelé qu'il avait beaucoup de travail devant lui.

Interrogé longuement à l'issue de l'exposé de Kofi Annan, Mark Malloch Brown, Chef de Cabinet du Secrétaire général, a souligné que l'enquête exhaustive de la Commission Volcker avait conduit à des conclusions limpides qui innocentaient le Secrétaire général.

Il a exhorté les membres de la presse à cesser de soulever les mêmes questions en permanence et rappelé que le reste de l'enquête, menée par l'ancien Président de la Réserve fédérale américaine brosserait un tableau d'ensemble de ce qui avait mal fonctionné dans le Programme « Pétrole contre nourriture », à commencer par éclairer comment le trafic de pétrole avait pu avoir lieu.

L'autre contribution du rapport apportée par Paul Volcker, a-t-il souligné, est de mettre en lumière le cercle vicieux auquel est confronté l'ONU, qui reçoit sans cesse de nouvelles missions titanesques sans les moyens de les réaliser, ce qui conduit à des frustrations de la part des Etats Membres.

Il est temps de revoir la structure de l'Organisation et de donner au Secrétaire général les moyens en termes de ressources et en termes de mandat de pouvoir mener une gestion stratégique efficace, a-t-il ajouté, au lieu d'en conclure qu'il faut la tenir par un budget encore plus serré.

Mark Malloch Brown a par ailleurs indiqué, en réponse à une question, « qu'il y aurait 'inévitablement' des mesures disciplinaires à l'encontre de Dileep Nair », l'ancien Secrétaire général adjoint pour les services de contrôle internes.

- Dossier « Pétrole contre nourriture » du site de l'ONU