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Pétrole contre nourriture : Kofi Annan appelle à poursuivre les sociétés soupçonnées de corruption

Pétrole contre nourriture : Kofi Annan appelle à poursuivre les sociétés soupçonnées de corruption

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Devant les révélations du cinquième et dernier rapport sur l'affaire « pétrole contre nourriture » sur les pratiques de corruption mises en place par les sociétés privées contractantes du programme des Nations Unies en Iraq, le Secrétaire général a appelé les Etats Membres à traduire en justice les entités qui relevaient de leurs juridictions.

« Le Secrétaire général note qu'un vaste réseau de dessous-de-table et de surtaxes a été mis au jour, impliquant des sociétés d'un grand nombre de pays différents, qui avaient reçu l'agrément du programme 'pétrole contre nourriture'», indique un message transmis par son porte-parole.

Le président de la Commission d'enquête indépendante (CEI), Paul Volcker, ancien chef de la Réserve fédérale américaine, avait remis ce matin à Kofi Annan son rapport sur le programme des Nations Unies qui permettait à l'Iraq, frappé par des sanctions internationales, de vendre du pétrole pour acheter des produits de base.

Dans son message, le Secrétaire général exprime l'espoir que « les autorités nationales prendront des mesures pour empêcher que de telles pratiques ne se reproduisent et qu'ils poursuivront, le cas échéant, les sociétés qui relèvent de leurs juridictions.

Kofi Annan rappelle par ailleurs avoir déjà accepté la responsabilité des fautes de gestions imputables au Secrétariat.

Mais, ainsi qu'il l'avait rappelé lors de la présentation du quatrième rapport au Conseil de sécurité, le Secrétaire général souligne que « les rôles et responsabilités respectives du Secrétariat, du Conseil de sécurité et du Comité 661 du Conseil (chargé de l'application des sanctions à l'égard de l'Iraq) n'ont jamais été clairement définies ».

A cet égard, Paul Volcker a déclaré aujourd'hui, lors d'une présentation devant l'Assemblée générale de l'ONU, qu'un des principaux problèmes du programme pétrole contre nourriture résidait dans le fait que le Conseil de sécurité n'avait jamais délégué clairement d'autorité au Secrétariat, ce qui avait mené à des confusions et à l'absence de contrôle.

« La prochaine fois, le Conseil de sécurité devra prendre une décision et déléguer son pouvoir ou ne pas impliquer l'ONU du tout ».

Le Secrétaire général rappelle par ailleurs dans sa déclaration le vaste mouvement de réformes déjà entrepris, soulignant que « la réforme approfondie des structures et pratiques de gestion de l'ONU, en particulier celles relatives au contrôle interne, à la transparence et à la responsabilité, est vitale » (voir en dernier lieu notre dépêche du 20 octobre 2005).

Les réformes déjà mises en œuvre visent notamment le renforcement des obligations d'information financière qui pèsent sur le personnel, de la politique de protection des dénonciateurs d'abus et une révision des systèmes de contrôle interne et d'audit.

Le Secrétaire général remercie enfin les membres de la Commission d'enquête indépendante (CEI) pour leur travail « extrêmement approfondi », qui répond à ce qu'il avait souhaité en la mettant sur place il y a de cela 18 mois.

Ainsi que l'a noté Paul Volcker lui-même, « peu d'organisations se seraient soumises volontairement à un examen aussi minutieux », conclut le Secrétaire général.

Lors d'un point avec la presse, le Secrétaire général a estimé qu'une des principales leçons de l'enquête était la nécessité de donner à l'ONU les moyens de mener à bien de tels programmes à l'avenir.