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Les élections en Iraq révèlent une « société civile exemplaire », estime Carina Perelli

Les élections en Iraq révèlent une « société civile exemplaire », estime Carina Perelli

Carina Perelli
« C'est une des élections les plus émouvantes à laquelle j'ai assisté », a affirmé aujourd'hui la responsable de l'assistance électorale de l'ONU, après s'être déclarée « très satisfaite » du déroulement d'une élection annoncée dans le chaos et les pressions de toutes sortes.

« Nous sommes extrêmement satisfaits de la façon dont la Commission électorale iraquienne (CEI) a rempli son mandat » et de la « qualité des élections », a déclaré aujourd'hui Carina Perelli, directrice de la Division de l'assistance électorale de l'ONU, lors d'un point avec la presse au Siège de l'Organisation, à New York.

Dans une déclaration prononcée par le Président du Conseil de sécurité, les membres du Conseil de sécurité ont félicité « le peuple iraquien de cette avancée dans le développement politique de l'Iraq » et rendu hommage « au courage de millions d'Iraquiens qui ont tenu, malgré des conditions difficiles, à exercer leur droit de vote », ainsi qu'à la Commission électorale indépendante iraquienne et aux milliers de scrutateurs et d'observateurs des élections.

Ils ont aussi exprimé « leur gratitude » au Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Iraq, M. Qazi, à la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq (MANUI), à la Chef de la Division électorale, Mme Carina Perelli, et au Conseiller électoral principal, M. Carlos Valenzuela, ainsi qu'aux experts internationaux en matière d'élections, pour leurs conseils et leur appui aux Iraquiens.

Lors de sa conférence de presse, Carina Perelli a souligné qu'il était « très important, en ce moment, de se souvenir que l'élection, organisée dans le chaos et la violence, a connu très peu de problèmes techniques » et qu'elle avait été mise en place par une institution très jeune, qui n'existait pas il y a huit mois de cela, recrutée parmi des gens choisis pour leur indépendance et leur intégrité.

Qualifiant cette élection de « plus grand exercice logistique depuis l'invasion de l'Iraq », Carina Perelli a rappelé que, forte de 650 membres et de 145.000 agents électoraux, l'élément le plus remarquable était que très peu de gens avaient plié devant les menaces, dans un contexte « d'intimidations intenses ».

Autres signes marquants : le vote des femmes a été extrêmement élevé, a-t-elle souligné, et 95.000 agents des partis et observateurs électoraux nationaux, soit deux observateurs des partis par bureau de vote et un observateur national se sont mobilisés le 30 janvier, a souligné la responsable de l'assistance électorale.

« Cela révèle une société civile pleine de vie et exemplaire », capable de se mobiliser pour assurer la transparence de l'élection, a estimé Carina Perelli, « mais c'était aussi une expression de confiance des Iraquiens envers leurs propres institutions ».

« Cette élection a été probablement la plus émouvante à laquelle j'ai assisté », a affirmé Carina Perelli, « car c'était un message de dignité ». « Les gens ordinaire ont leur mot à dire quant à leur destin, quant à la prise en main de leur avenir, au-delà de tout le discours technique que l'on peut avoir sur la question des élections », a-t-elle ajouté.

Quant aux résultats, la responsable électorale a précisé que la CEI avait décidé de ne pas commencer le décompte avant lundi, afin que les observateurs soient présents, et qu'il continuerait en leur présence. « La CEI exhorte la population à se plaindre, par écrit, de toute suspicion de fraude, afin que la réponse soit institutionnelle et que tous les cas soient traités ».

Elle suit en cela le conseil du Centre de formation électoral mexicain, où ont été formés des centaines d'observateurs électoraux : « vous devez traitez sérieusement toutes les plaintes, même les plus minimes ».

Carina Perelli a par ailleurs mis en garde contre l'imprécision des estimations de vote et souligné qu'en toute hypothèse, c'est la CEI qui donnerait les résultats.

« En ce moment, tout le monde se fait une idée à partir 'd'impressions' », a-t-elle souligné. Dans certaines zones de conflit, le taux de participation a été très variable, très élevé ou très bas, surtout que les électeurs avaient la possibilité de s'inscrire par avance dans un centre et de voter là où ils se sentaient en sécurité.

A Sadr-City par exemple, [dans la banlieue de Bagdad] la presse a signalé que personne n'avait voté, alors que la CEI a signalé que le taux de participation a été si élevé qu'elle a dû envoyer du personnel supplémentaire ».

Pour l'avenir du processus constitutionnel, une fois que formée l'Assemblée nationale de transition, qui fera office d'Assemblée constituante, le porte-parole du Secrétaire général, Fred Eckhard, a précisé, lors de son point quotidien avec la presse, que des experts constitutionnels figuraient au rang du personnel de l'ONU en Iraq.

Dans sa déclaration le jour de l'élection, le Secrétaire général avait réaffirmé que l'ONU était « prête à poursuivre son assistance électorale, à faciliter les efforts d'ouverture et, si on l'y invitait, à aider l'Assemblée nationale de transition dans ses travaux de rédaction de la Constitution » (voir notre dépêche du 31 janvier 2005).

Le porte-parole a souligné que « si une requête d'assistance était présentée, elle viendrait de l'assemblée nationale de transition iraquienne, qui est un organe souverain et élu ».

« Le processus constitutionnel est un processus national iraquien. Ce n'est pas une Constitution qui sera imposée de l'extérieur, a-t-il souligné ».

« Comme nous l'avons rappelé à de nombreuses reprises, l'Iraq est un pays qui dispose d'une grande richesse intellectuelle », a précisé le porte-parole du Secrétaire général.

- Dossier Iraq du site de l'ONU