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Les Iraquiens confrontés à « leurs peurs et leurs espoirs » avant les élections, affirme Carina Perelli

Les Iraquiens confrontés à « leurs peurs et leurs espoirs » avant les élections, affirme Carina Perelli

Carina Perelli et Kieran Prendergast
« Tout est en place » pour les élections du 30 janvier en Iraq, ont informé aujourd'hui les responsables des affaires politiques et de l'assistance électorale de l'ONU, pour un processus démocratique qui marque une étape importante dans la transition iraquienne, mais qui n'en est pas la fin.

« Les élections en Iraq auront lieu le 30 janvier, c'est un fait », a déclaré aujourd'hui le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Kieran Prendergast, qui présentait aujourd'hui au Siège de l'ONU à New York un point des préparatifs mis en place, aux côtés de Carina Perelli, Directrice de la division de l'assistance électorale au Département des affaires politiques de l'ONU.

« D'un point de vue technique, tout est en place », a-t-il précisé, ajoutant qu'il était « évident » que les « conditions étaient loin d'être idéales » et que la sécurité restait un problème.

« Certains Iraquiens ne se sentent pas prêts », tandis que d'autres sont « critiques du système électoral, se sentent exclus et restent suspicieux de l'impartialité de la Commission électorale indépendante, à la création de laquelle a contribué l'ONU », a précisé Kieran Prendergast.

« Rien de tout cela n'est surprenant », dans la mesure où « l'Iraq émerge d'un chapitre extrêmement traumatique de son histoire », a déclaré le Secrétaire général adjoint, ajoutant que « rien ne justifie l'intimidation ou le meurtre d'électeurs, du personnel électoral ou des candidats », « quelles que soient les circonstances ».

Kieran Prendergast a par ailleurs souligné que « quoique imparfaites qu'elles puissent être, les élections demeurent l'instrument adapté pour la transition politique démocratique de l'Iraq ».

« Ce n'est pas non plus la fin du processus politique, mais une étape importante », a-t-il précisé, rappelant qu'il y aurait d'autres occasions en 2005 d'ouvrir le champ politique à toutes les parties, puisque après l'élection de l'Assemblée constituante viendra le processus constitutionnel, qui sera suivi en octobre d'un référendum, puis d'une autre élection générale en décembre, à moins que le référendum ne rejette le projet de Constitution.

« Nous espérons vivement que cette élection, qui devrait être contemplée dans le cadre d'un processus de transition plus large, puisse contribuer à stabiliser l'Iraq, dans l'intérêt bien compris du peuple iraquien », a déclaré le Secrétaire général adjoint, avant d'encourager « tous les Iraquiens à exercer leur droit démocratique ».

« Plus de 55.000 observateurs et agents des partis sont déjà enregistrés » pour 5.300 centres de vote divisés en 29.000 bureaux de vote », ce qui montre que « la société civile iraquienne relève le défi et montre son intérêt pour l'élection », a précisé pour sa part Carina Perelli.

La responsable de l'assistance électorale de l'ONU a indiqué que les électeurs pourraient s'inscrire dans tous les bureaux de vote, ce qui permettra à tous de voter.

Dès à présent, a-t-elle rappelé, sont en cours dans 14 pays les scrutins pour les Iraquiens qui votent depuis l'étranger, ce processus étant organisé par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), sous la supervision de la Commission indépendante électorale iraquienne, qui doit certifier l'élection.

Quant au délai des résultats, Carina Perelli a expliqué qu'il existera un délai de 19h en raison des votes de l'étranger, et qu'il fallait encore compter avec le processus de contestation, que l'ONU a recommandé de ne pas écourter afin d'assurer la crédibilité de l'élection.

« Il devrait donc y avoir des résultats préliminaires dans les 48 heures », sachant que le processus ne permettra pas de révéler l'allocation des sièges en raison du système électoral, a-t-elle prévenu.

Interrogé sur le caractère « libre et équitable » de l'élection et des contrôles mis en place, M. Prendergast a estimé que « ce serait aux Iraquiens de juger si l'élection a été crédible », ajoutant qu'il ne tenait pas à « préjuger des résultats de l'élections ».

Quant à la nature du Gouvernement, elle dépendra de l'Assemblée nationale de transition, qui décidera de l'équilibre ethnique ou religieux, qui pourra être reflétée dans l'élaboration de la Constitution, a-t-il précisé.

Carina Perelli a rappelé qu'il était plus exact de parler d'élections « sincères, périodiques et crédibles », et qu'à cet égard, l'ONU avait « fait tout ce qu'elle pouvait du point technique ».

Les Iraquiens doivent maintenant « confronter leurs peurs et leurs espoirs, pour savoir s'ils doivent risquer leur vie et aller voter », a affirmé Carina Perelli.

Quant au caractère particulièrement ardu de l'organisation de l'élection en Iraq, Carina Perelli a précisé qu'elle avait participé à l'organisation d'autres élections particulièrement violentes et difficiles au Salvador, au Timor-Leste, et en Sierra Leone. « Ce n'est pas non plus la première fois que le personnel électoral est visé », a-t-elle précisé.

Ce qui rend cette élection plus difficile, c'est « l'isolement du personnel » et l'attention des médias, a rappelé la responsable de l'assistance électorale.

image• Retransmission de la conférence de presse de Carina Perelli et Kieran Prendergast [63 mins]