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L'ONU exhorte la communauté internationale à tirer les leçons de l'Holocauste

L'ONU exhorte la communauté internationale à tirer les leçons de l'Holocauste

L'Assemblée générale
Plus d'une trentaine de personnalités dont une dizaine de ministres des affaires étrangères ont pris la parole aujourd'hui à l'Assemblée générale pour rendre hommage aux victimes des tortionnaires nazis et exhorter la communauté internationale à tirer les leçons de ce qui s'est passé à Auschwitz, au cours d'une session historique organisée pour commémorer le 60e anniversaire de la libération des camps de concentration.

Plus d'une trentaine de personnalités dont une dizaine de ministres des affaires étrangères ont pris la parole aujourd'hui à l'Assemblée générale pour rendre hommage aux victimes des tortionnaires nazis et exhorter la communauté internationale à tirer les leçons de ce qui s'est passé à Auschwitz, au cours d'une session historique organisée pour commémorer le 60e anniversaire de la libération des camps.

« Les génocides du Cambodge et du Rwanda n'auraient jamais dû avoir lieu, et ce qui se passe au Darfour, dans l'indifférence générale, ne devrait pas se produire. Le monde ne tirera donc jamais les enseignements de ce qui s'est passé à Auschwitz et dans les autres camps de la mort ? », a demandé aujourd'hui Elie Wiesel, Prix Nobel de la paix et rescapé des camps de concentration nazis, à la tribune de l'Assemblée générale qui commémorait pour la première fois de son histoire la libération des camps d'extermination nazis.

« Nous savons que pour les morts, il est trop tard. Pour eux, abandonnés de Dieu et trahis par l'humanité, la victoire est venue trop tard. Mais il n'est pas trop tard pour les enfants d'aujourd'hui, les nôtres et les vôtres. C'est pour eux seuls que nous témoignons », a poursuivi l'écrivain et défenseur des droits de l'homme.

« Depuis l'Holocauste, le monde a échoué, à sa grande honte, à empêcher ou arrêter d'autres génocides, comme par exemple au Cambodge, au Rwanda et dans l'ex- Yougoslavie », a déclaré pour sa part le Secrétaire général à l'ouverture de la session extraordinaire de l'Assemblée générale (votre notre dépêche précédente sur le sujet).

Le Secrétaire a par ailleurs voulu attirer l'attention de la communauté internationale sur « les choses terribles qui se passent aujourd'hui au Darfour » et appelé le Conseil sécurité « à décider des actions à mener à l'encontre des auteurs des violations des droits de l'homme » dans cette région du Soudan, sur la base du rapport de la Commission d'enquête qui lui sera transmis le 1er février et qui déterminera si des actes de génocide ont été commis (voir notre dépêche précédente sur le sujet).

« Si le devoir de mémoire constitue un rempart indispensable contre la tentation de l'oubli, il doit aussi nous porter vers l'avenir. Nos consciences et notre monde ne devraient plus jamais s'accommoder de l'arbitraire qui frappe aveuglément des vies innocentes en raison de leurs différences », a estimé de son côté Jean Ping, Président de la 59e session de l'Assemblée générale et Président élu de la 28e session extraordinaire commémorant le 60e anniversaire de la libération des camps de concentration nazis.

« Parce que le monde s'enrichit de nos différences et parce que le droit inaliénable à la vie est l'une des valeurs universelles qui fondent notre humanité, le devoir de mémoire doit s'accompagner aussi du devoir de solidarité », a ajouté le président de l'Assemblée générale.

« Nous ne pouvons que rendre humblement hommage à toutes les victimes du règne de terreur du régime national-socialiste et nous nous inclinons profondément en signe de deuil », a déclaré Joshka Fischer, ministre des affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne.

« La responsabilité de l'Allemagne dans la Shoah lui donne des obligations particulières envers l'État d'Israël (…). Le droit d'Israël à exister et la sécurité de ses citoyens ne seront jamais négociables et la diplomatie allemande s'attachera toujours à les faire respecter (...). L'Allemagne et Israël célèbrent aujourd'hui le 40e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques », a souligné le ministre allemand.

Michel Barnier, ministre des affaires étrangères de la France, a rappelé que dans son pays une partie de l'appareil d'État avait collaboré à la barbarie nazie et appelé au devoir de mémoire mais aussi de vigilance. « La libération des camps est celle de toute l'humanité et toute l'humanité doit se souvenir, rester vigilante, intransigeante, face à l'antisémitisme, face à toutes les formes de racisme », a-t-il souligné.

Le ministre français a également énuméré les espoirs concrétisés depuis 60 ans, citant les immenses développements du droit international, l'exemplaire démocratie allemande ou encore la création de l'État d'Israël. Il a cependant constaté l'ampleur des promesses non tenues, des engagements ignorés, des civils massacrés, notamment au Rwanda.

« Que cette commémoration nous rappelle le serment que chacun de nos Etats a fait en adhérant à cette organisation et aux principes de sa Charte : préserver les générations du fléau de la guerre, proclamer notre foi dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits de l'homme et des femmes », a exhorté le ministre français (voir également le communiqué de la conférence de presse donnée par Michel Barnier au Siège de l'ONU à New York et les communiqués de presse pour l'intégralité des autres déclarations à l'Assemblée).

- Page spéciale consacrée à la session extraordinaire sur le site de l'ONU