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Session historique à l'Assemblée générale pour commémorer la libération des camps

Session historique à l'Assemblée générale pour commémorer la libération des camps

Kofi Annan à l'Assemblée générale
L'Assemblée générale de l'ONU commémore aujourd'hui le 60e anniversaire de la libération des camps d'extermination nazis. C'est la première fois que l'ONU commémore la libération des camps. C'est aussi la première fois qu'elle organise une session commémorative à l'Assemblée. Près d'une dizaine de ministres des affaires étrangères devaient prendre la parole.

« L'ONU ne doit jamais oublier qu'elle a été créée en réponse au mal du nazisme ou que les horreurs de l'Holocauste ont aidé à définir sa mission. Cette réponse est conservée dans notre Charte et dans la Déclaration universelle des droits de l'homme », a déclaré aujourd'hui le Secrétaire générale lors de l'ouverture de la session extraordinaire de l'Assemblée générale pour la commémoration du 60e anniversaire de la libération des camps d'extermination nazis.

« Le jour de cette session a été choisi pour marquer le 60e anniversaire de la libération d'Auschwitz. Mais, comme vous le savez, il y a eu beaucoup d'autres camps qui ont été libérés, un par un par les forces alliées au cours de l'hiver et du printemps 1945 », a précisé Kofi Annan.

« Une telle horreur ne doit jamais pouvoir se reproduire. Nous devrions être plus attentifs à toute résurgence de l'antisémitisme et nous tenir prêts à agir contre les nouvelles formes d'antisémitisme qui apparaissent aujourd'hui », a rappelé le Secrétaire général.

« Cette obligation nous lie non seulement au peuple juif mais à tous ceux qui ont été ou pourraient être menacés d'un pareil destin. Nous devons être vigilants à l'encontre des idéologies basées sur la haine et l'exclusion, quels que soient le moment et l'endroit où elles apparaissent », a-t-il ajouté.

« Dans des occasions comme celles-ci, la rhétorique est facile. Aujourd'hui, nous pouvons dire, à juste titre, 'plus jamais ça'. Mais l'action est beaucoup plus difficile. Depuis l'Holocauste, le monde a échoué, à sa grande honte, à empêcher ou arrêter d'autres génocides, comme par exemple au Cambodge, au Rwanda et dans l'ex- Yougoslavie », a déploré le Secrétaire général.

« Encore aujourd'hui, partout dans le monde, nous sommes témoins de beaucoup de cas d'actes inhumains horrifiants. Décider lesquels méritent la priorité ou précisément quelles actions seront efficaces pour protéger les victimes et comment leur assurer un avenir sûr n'est pas simple. Il est facile de dire 'il faut faire quelque chose'. Dire exactement quoi, quand et comment, et passer à l'acte, est beaucoup plus difficile », a déclaré Kofi Annan.

« Ce que nous ne devons pas faire, c'est nier ce qui se passe ou rester indifférent, comme beaucoup l'ont fait lorsque les usines de mort nazies accomplissaient leur épouvantable tâche », a fait remarquer le Secrétaire général.

« Des choses terribles se passent aujourd'hui au Darfour. J'attends demain le rapport de la Commission d'enquête internationale que j'ai mise en place à la demande du Conseil de sécurité. Le rapport déterminera si des actes de génocide ont été commis ou non au Darfour. Mais aussi, et cela n'est pas moins important, le rapport identifiera les graves violations du droit humanitaire international et des droits de l'homme qui se sont indubitablement produites », a-t-il annoncé.

« Une fois que le Conseil de sécurité aura le rapport entre les mains, il devra décider de l'action à suivre afin d'assurer que les auteurs de ces violations rendent compte de leurs crimes. C'est sa responsabilité solennelle », a fait remarquer le Secrétaire général.

La session commémorative s'est ouverte par une minute de silence, avant l'allocution du Secrétaire général. Son intervention a été suivie par celle d'Elie Wiesel, Prix Nobel de la paix et rescapé des camps nazis. Au total, une trentaine de personnalités devaient prendre la parole à l'Assemblée, dont les ministres des affaires étrangères israélien, allemand, français, canadien, argentin, arménien, macédonien et luxembourgeois au nom de l'Union européenne.

C'est l'Ambassadeur américain à l'ONU qui , avec les représentants de l'Union européenne, de la Fédération de Russie, du Canada, de l'Australie et de la Nouvelle Zélande, avait proposé la tenue telle cérémonie à l'Assemblée générale. Le Secrétaire général avait ensuite soumis cette proposition aux Etats Membres et 148 pays sur 191 s'étaient déclarés favorables à cette proposition (voir notre dépêche du 19 janvier et celle du 11 janvier).

Dans un message transmis le 11 janvier dernier par son porte-parole, le Secrétaire général s'était déclaré « satisfait » d'annoncer qu'une majorité de pays avait donné son accord à la convocation de cette session extraordinaire.