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FAO : les pays sinistrés par le tsunami confrontés à l'insécurité alimentaire

FAO : les pays sinistrés par le tsunami confrontés à l'insécurité alimentaire

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Alors qu'elle estime à 2 millions le nombre de personnes qui ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence en Asie du Sud, l'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture estime que si les secteurs de la pêche et de la culture du riz ont été gravement affectés à Sumatra et au Sri Lanka, les réserves de la régions devraient permettre de faire face à la crise.

« Les communautés locales durement éprouvées par le Tsunami en Asie du Sud-Est seront confrontées à de graves problèmes de sécurité alimentaire à court et à long terme par suite de la perte de parents, de biens et de sources de revenus », indique un communiqué publié aujourd'hui par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui précise que les perspectives de récoltes se sont assombries dans les régions agricoles touchées par le tsunami puis par des pluies torrentielles.

« On estime à 2 millions les personnes qui ont besoin d'aide alimentaire d'urgence dans les 12 pays sinistrés. Toutefois, en dépit des pertes localisées, les disponibilités alimentaires régionales sont, dans leur ensemble, adéquates pour couvrir les besoins en nourriture », indique l'agence de l'ONU, qui souligne que « de larges quantités de riz sont disponibles dans la région ».

« La FAO recommande de s'approvisionner, dans la mesure du possible, sur place pour couvrir les besoins alimentaires des différents pays sinistrés et pour ne pas perturber les marchés internes, a déclaré M. Henri Josserand, chef du Service d'information mondiale et d'alerte rapide à la FAO.

Le communiqué précise également que les difficultés logistiques dues à la destruction de nombreuses infrastructures - notamment les routes - et l'absence de moyens de transport appropriés continuent d'entraver la distribution des denrées alimentaires aux populations sinistrées.

Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, a rencontré vendredi dernier des représentants de pays sinistrés et de donateurs pour discuter des mesures de réhabilitation d'urgence des secteurs de la pêche et de l'agriculture, parmi les plus touchés.

Les bailleurs de fonds, notamment la Belgique, la Commission européenne, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, la Norvège, la Suisse et le Royaume Uni, ont déjà apporté leur appui ou exprimé leur intérêt à l'appel initial de la FAO à hauteur de 26 millions de dollars.

En Indonésie, les infrastructures ont été balayées dans les régions les plus touchées par le tsunami privant les populations d'eau, de denrées alimentaires et d'abri. Les provinces les plus dévastées - Aceh et Sumatra Nord sur l'île de Sumatra (carte) - figurent parmi les régions les plus vulnérables du pays, le tiers de leur population vivant au-dessous du seuil de pauvreté, indique la FAO.

« La principale campagne 2005 de riz paddy et de maïs, qui devait être moissonnée à partir de mars, était déjà sur pied lorsque le tsunami a frappé Sumatra. L'île est le deuxième producteur de riz d'Indonésie. Les deux provinces sus-mentionnées produisent ensemble 10 pour cent de la production nationale totale. L'impact du tsunami sur la production céréalière locale ou nationale n'a pas encore été évalué. Mais du fait de la production record de l'année dernière, les stocks suffisent à couvrir les besoins alimentaires des populations sinistrées ».

Au Sri Lanka (carte), les districts côtiers de l'est et du sud figurent parmi les principales régions productrices de riz paddy. La principale campagne 2005, qui représente 60 pour cent de la production totale de riz, venait d'être plantée lorsque le tsunami est arrivé. Dans les régions orientales, de fortes pluies persistantes depuis la mi-décembre et des inondations ont également affecté les cultures de paddy. Les perspectives de récolte - celle-ci doit démarrer en mars - se sont détériorées. La situation alimentaire dans le pays, déjà tendue, pourrait s'aggraver davantage en 2005/06, indique la FAO.

L'agence de l'ONU pour l'alimentation explique par ailleurs qu'en Thaïlande – qui est le plus grand exportateur mondial de riz – « la principale récolte 2005 étant sur le point de s'achever, on estime que les disponibilités actuelles en riz sont suffisantes pour couvrir les besoins alimentaires immédiats dans les régions sinistrées de la Thaïlande et des pays voisins ».

Dans la région méridionale, y compris les provinces touchées par le tsunami, la moisson de la principale campagne 2004 de riz paddy était en cours lorsque le raz de marée a balayé les zones côtières. Une évaluation des dégâts à l'agriculture n'est pas encore disponible, mais des pertes de récolte localisées devront être comptabilisées. L'ensemble de la région méridionale produit seulement 4% de la récolte annuelle de riz paddy du pays. Aussi, les dégâts ne devraient-ils pas affecter outre mesure les perspectives de récolte au niveau national.

En Inde, environ 90 pour cent de la récolte annuelle de riz paddy pousse entre mai et novembre et le tsunami n'a pas affecté les perspectives de production pour 2005. « Les excédents en riz sont suffisants pour couvrir les besoins en aide alimentaire des régions les plus sinistrées du pays », indique le communiqué de la FAO.

Enfin, aux Maldives, « l'agriculture remplit un rôle mineur dans l'économie nationale du fait de la pénurie de terres arables et de main-d'oeuvre locale ». Les besoins de la consommation en céréales - 40 000 tonnes par an en moyenne - sont normalement couverts par les importations commerciales. Toutefois, les dégâts aux habitations et aux infrastructures dans les secteurs du tourisme et de la pêche auront de graves conséquences au plan économique, prévoit l'agence de l'ONU pour l'alimentation.