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Conférence de Maurice : création d'un nouveau système d'alerte aux tsunamis

Conférence de Maurice : création d'un nouveau système d'alerte aux tsunamis

Anwarul K. Chowdhury
L'UNESCO et l'Organisation météorologique mondiale joignent leur forces pour la création d'un nouveau système d'alerte aux tsunamis dans l'océan Indien, à l'occasion de la Conférence internationale de Maurice sur les petits Etat insulaires en développement, qui s'est ouverte hier par un constat d'échec du « Programme de la Barbade », adopté il y a dix ans pour pallier leurs faiblesses et favoriser leur développement.

Le directeur de l'Organisation météorologique mondiale a indiqué aujourd'hui qu'il allait associer ses efforts à ceux de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture ( UNESCO ), qui a annoncé la mise en place d'une 'Stratégie mondiale pour l'établissement d'un système d'alerte avancée aux tsunamis', y compris dans l'océan Indien, lors de la Conférence internationale sur les petits Etats insulaires qui s'est ouverte hier à Maurice.

« Une des nombreuses leçons que nous devons retenir de la catastrophe survenue dans l'océan Indien est qu'il n'y a pas de zone côtière qui soit à l'abri des tsunamis », indique un communiqué publié le 10 décembre, qui souligne que « tout système d'alerte avancée, pour qu'il soit réellement efficace, doit être de portée mondiale ».

« La Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO (COI) a lancé le système d'alerte aux tsunamis pour le Pacifique en 1968 et a insisté, depuis plusieurs années, sur la nécessité d'un système similaire pour l'océan Indien » indique l'agence de l'ONU, qui précise que « les Etats membres n'avaient pas estimé que la question était urgente, compte tenu de la faible fréquence des tsunamis dans la région (le dernier enregistré remonte à plus d'un siècle), le manque de ressources dans beaucoup de pays, la longue liste d'autres priorités et le fait que 85% des tsunamis surviennent dans le Pacifique ».

Le directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, s'est félicité de la proposition de l'ASEAN (Association des Nations du Sud-Est asiatique) à Jakarka, la semaine dernière, qui envisage l'établissement d'un système d'alerte aux tsunamis dans la région, ainsi que les propositions de plusieurs pays de soutenir ce projet. Mais il a souligné qu'il existe de nombreuses autres régions à risques, telles que la Méditerranée, les Caraïbes et le Pacifique sud-ouest.

Koïchiro Matsuura a informé que l'UNESCO se tenait prête à mettre à disposition l'expérience et l'expertise acquises dans le Pacifique au cours de ces 40 dernières années pour le développement d'un système d'alerte mondial, et à assurer la coordination entre les partenaires internationaux, afin d'éviter les doubles emplois.

« Un système d'alerte va bien au-delà d'une installation d'équipements sismiques qui mesurent et localisent les tremblements de terre. De tels équipements existent déjà partout dans le monde », rappelle l'UNESCO, qui souligne que le 26 décembre, des experts aussi éloignés de Sumatra que ceux d'Hawaii ou de Vienne étaient immédiatement au courant du séisme.

« Ce qui fait défaut, ce sont des réseaux de communication, l'information du public et des plans nationaux en cas de catastrophe naturelle, qui sont essentiels pour alerter la population, lui apprendre ce qu'elle doit faire pour se préserver, évacuer rapidement les zones menacées et subvenir aux besoins immédiats des personnes blessées et déplacées », indique le communiqué qui souligne qu'il est « impossible d'avoir un système d'alerte 'taille unique'.

La conférence internationale de Maurice est organisée par les Nations Unies et ses agences, en vue d'examiner les progrès dans l'application du Programme d'action pour le développement durable des petits États insulaires en développement, adopté à une conférence mondiale qui s'est tenue à la Barbade, il y a dix ans.

Plus de 2 000 délégués, venus de quelques 110 pays, dont les 51 petits Etats insulaires en développement, participent à cette réunion, avec les partenaires des Nations Unies et les représentants d'agences de donateurs, d'ONG et de la société civile.

A l'ouverture de la Conférence internationale sur les petits Etats insulaires de Maurice, Anwarul Chowdhury, Secrétaire général de la Réunion, Secrétaire général adjoint et Haut représentant du Secrétaire général, a déploré pour sa part « qu'en dépit des efforts déployés par les pays concernés, les attentes en matière d'appui international et de coopération pour la mise en œuvre du Programme de la Barbade ne se soient pas concrétisées ».

- Voir la page consacrée à la couverture de la Conférence sur le site de l'ONU – avec retransmission en direct

M. Chowdhury s'est en revanche félicité que plusieurs petits États insulaires en développement aient mis en œuvre des réformes dans leurs politiques macroéconomiques pour améliorer leur intégration à l'économie mondiale. Au niveau régional, ils ont fait des progrès en matière d'intégration de leurs approches économiques, sociales et environnementales pour parvenir au développement durable, a-t-il précisé.

Regrettant le manque de soutien au Programme de la Barbade, M. Chowdhury a lancé un appel à la Réunion internationale pour qu'elle accorde toute son importance à la question de la promotion constante des objectifs fixés.

Il a également souligné le rôle vital des organisations financières internationales telles que la Banque mondiale et les banques régionales de développement et engagé les partenaires du développement à augmenter leur aide publique au développement en faveur de ces États vulnérables.

« Pour leur part, les États concernés doivent adopter des politiques favorisant un environnement propice ». Les institutions régionales doivent quant à elles, avec le soutien du système des Nations Unies, renforcer et étoffer leur rôle, a précisé le Président de la Conférence.