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Le transfert pacifique de la péninsule de Bakassi, test de l'état du droit en Afrique

Le transfert pacifique de la péninsule de Bakassi, test de l'état du droit en Afrique

Ahmedou Ould-Abdallah
Les travaux de la Commission Mixte Cameroun-Nigeria constituent un test de la capacité des pays africains à respecter la primauté du droit a estimé son Président à l'ouverture de sa 12e session, réunion d'étape des progrès dans le retrait nigérian de la péninsule de Bakassi attribuée au Cameroun, mais aussi test d'un processus suivi par tout le continent.

« Cette réunion est très spéciale. Elle pourrait accélérer ou ralentir nos travaux », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afrique de l'Ouest, Ahmedou Ould-Abdallah, à l'ouverture de la 12e réunion de la Commission Mixte Cameroun Nigéria, dont il est Président.

M. Ould-Abdallah a présenté le programme de travail de la Commission, établie en novembre 2002 par le Secrétaire général des Nations Unies à la demande des Présidents du Cameroun et du Nigéria et dont la mission est de faciliter le transfert d'autorité de la péninsule de Bakassi du Nigéria au Cameroun, en application de la décision de la Cour internationale de justice de La Haye du 10 octobre 2002 attribuant cette zone frontalière au Cameroun.

« La tranquillité prévaut dans les régions du Lac Tchad et sur les territoires où ont eu lieu les transferts d'autorité et les retraits. Les populations affectées par la décision se sont ajustées et intégrées de façon remarquable à leur nouvel environnement », a-t-il noté, rendant hommage aux autorités locales.

Concernant la frontière maritime, les propositions formulées par les parties à la 11e session ont été transmises de façon réciproque, a indiqué le Représentant spécial (voir notre dépêche du 15 septembre), et soumises à l'avis des cartographes, conseillers juridique et consultants de l'ONU.

Il reste, selon le Président de la Commission mixte, à lever des fonds pour financer des projets de renforcement de la confiance et pour préparer la Conférence de la Commission du bassin du Lac Tchad.

Il a ajouté que le processus de démarcation suivait son cours et qu'il avait fait des progrès notables. L'acquisition de matériel d'imagerie satellite, la mise en place de normes cartographiques et le recrutement de deux spécialistes en imagerie sont en cours, a-t-il précisé, ainsi que celui d'un topographe.

« Toutes les conditions pour la visite sur le terrain de l'Equipe technique conjointe sont donc en place » a-t-il déclaré.

Par ailleurs, le Président de la Commission Mixte a souligné la couverture médiatique impressionnante qu'avait attirée l'événement du transfert d'autorité de la Péninsule de Bakassi.

« Il ne peut en être ainsi que parce qu'il existe un véritable intérêt, au niveau mondial, pour l'application effective du droit international. Comme la mise en oeuvre pacifique de notre mission aura un vaste impact, en particulier sur ce continent, notre responsabilité, celle du Cameroun et du Nigeria, de leurs présidents et autorités respectifs, sont immenses », a souligné le Représentant spécial du Secrétaire général.

« J'ai confiance dans le fait que nous nous montrerons à la hauteur du défi à relever. C'est un véritable test qui se pose, de savoir si les Etats africains sont prêts à respecter la primauté de droit » a-t-il précisé, se déclarant convaincu qu'il serait possible de le mener à bien dans les temps, et même de façon anticipée, « grâce à la bonne volonté démontrée par les deux Présidents [le Président Biya du Cameroun et le Président Obasanjo du Nigeria] ainsi que leur engagement à l'égard d'un règlement durable ».