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Chypre : réduction des forces de la Mission de l'ONU au profit de la police civile

Chypre : réduction des forces de la Mission de l'ONU au profit de la police civile

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Alors que le statu quo continue de peser sur les relations entre les deux parties de l'île et que l'entrée de la partie grecque dans l'Union européenne n'a pas donné l'impulsion escomptée, le Secrétaire général recommande une réduction de l'effectif militaire de la Mission à 860 hommes au profit de sa composante de police civile et note que la reprise de sa mission de bons offices n'est toujours pas à l'ordre du jour.

« Je continue d'estimer que, faute d'un règlement global, la présence de la Force de l'ONU sur l'île continuera d'être nécessaire pour maintenir le cessez-le-feu et promouvoir des conditions favorables à un règlement global du problème de Chypre », indique le Secrétaire général dans son dernier rapport au Conseil de sécurité sur l'Opération des Nations Unies à Chypre, fruit du travail de l'équipe envoyée le 30 août dernier pour étudier la réduction de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) (voir notre dépêche du 30 août dernier).

« Je recommande en conséquence que l'effectif de la composante militaire de la Force soit ramené à 860 hommes (contre 1230 à l'heure actuelle), tous rangs confondus, y compris une quarantaine d'observateurs militaires/officiers de liaison », indique Kofi Annan.

Par ailleurs, « le déploiement de la police civile serait élargi, dans les limites des effectifs autorisés actuels » et « la composante Affaires politiques et civiles de la mission serait renforcée »

Ces mesures pratiques permettront à la Force de continuer à s'acquitter de toutes les tâches qui lui ont été confiées, tout en tenant compte de l'évolution de la situation et en utilisant ses ressources de manière plus efficace, souligne le rapport.

Compte tenu du statu quo actuel, le Secrétaire décide de préserver la souplesse des institutions ainsi réduites : « s'il est possible que l'évolution de la situation politique nécessite à un certain moment la nomination d'un conseiller spécial à temps complet, je n'ai pas l'intention d'en nommer un pour l'instant. En conséquence, le chef de mission restera mon Représentant spécial sur le terrain et maintiendra des contacts continus au niveau le plus élevé avec les deux parties et avec d'autres acteurs clefs sur la question de Chypre ».

Le Secrétaire général propose en conséquence que le Conseil de sécurité approuve le concept d'opérations et les effectifs modifiés de la Force et prolonge le mandat de cette dernière pour une nouvelle période de six mois, du 15 décembre 2004 au 15 juin 2005.

Le rapport dresse par ailleurs un bilan de la situation depuis le rejet de la proposition de « Règlement global du problème de Chypre » par la partie chypriote grecque, à l'issue du référendum tenu le 24 avril 2004.

Notant que « les contacts officiels entre les dirigeants des deux parties » ont cessé depuis la tenue des référendums, le Secrétaire général souligne que « des signes de méfiance réciproque sont réapparus », ce qui le conduit à ne voir « aucune raison de reprendre mes bons offices tant que persiste l'impasse que j'ai évoquée dans ce rapport ».

Au point de vue économique, la partie grecque de Chypre a accédé le 1er mai 2004, à l'Union européenne (UE).

« Son adhésion n'a certes pas conduit à un règlement global, comme on l'espérait, mais le cadre ainsi offert par l'UE, s'il est judicieusement utilisé par toutes les parties, peut servir à améliorer le climat entre Chypre, en sa qualité d'État membre de l'Union, et la Turquie, qui souhaite y adhérer », précise Kofi Annan.

« Il peut en outre contribuer à réduire les disparités entre les deux communautés vivant sur l'île, à promouvoir la confiance entre celles-ci et à susciter de part et d'autre l'émergence et le maintien de groupes favorables à la réconciliation et à la réunification », ajoute le rapport.

Si le commerce intra-insulaire de certains biens a commencé en août, conformément à une directive de l'Union européenne, et si la Commission de l'Union européenne a en outre recommandé au Conseil de l'Europe d'approuver l'octroi d'une enveloppe de 259 millions d'euros au profit des Chypriotes turcs et l'ouverture d'échanges commerciaux directs entre le nord de l'île et l'Union, la partie chypriote grecque a rejeté les recommandations de la Commission concernant l'ouverture d'échanges commerciaux directs et proposé son propre train de mesures économiques et de confiance.

« La plupart de ces mesures ont été rejetées par la partie chypriote turque, qui a en outre exprimé sa déception face à la lenteur de l'aide promise par l'Union européenne » précise le rapport du Secrétaire général.

C'est donc sur le terrain, par l'ouverture de quatre points de passage à travers la Ligne verte en avril 2003, que s'est accompli « peut-être le seul événement récent qui a véritablement influé sur les relations entre Chypriotes grecs et Chypriotes turcs », est-il indiqué dans le rapport.

Malgré l'absence actuelle de relations directes à un niveau officiel, les contacts entre les Chypriotes ordinaires ont continué à se développer, note toutefois le Secrétaire général.

Depuis avril 2003, on a enregistré plus de 4 millions de passages à travers la zone tampon, sans incidents majeurs, et la partie chypriote grecque a présenté des propositions concernant des mesures de confiance, notamment en matière militaire, proposant le recul des positions et l'interdiction des manœuvres militaires et l'ouverture de huit points de passage supplémentaires pour les personnes et les biens

« Ces propositions doivent encore être examinées par l'autre partie » qui approuve dans son principe l'ouverture des points de passage, souligne le rapport, qui note par ailleurs que « l'effectif des troupes turques stationnées sur l'île et la nature de leur équipement ont été maintenus au même niveau qu'auparavant, alimentant un sentiment persistant de danger dans le sud ».

Néanmoins, « en signe de bonne volonté, la partie chypriote grecque, après cinq ans d'impasse, a autorisé les Chypriotes turcs à se rendre par voie terrestre à la cérémonie annuelle organisée en août à Kokkina, passage qui a été négocié et facilité par la Force » souligne le rapport, qui note que, « dans le même esprit, en août, la partie chypriote turque a décidé d'autoriser l'ouverture d'une école secondaire pour les enfants chypriotes grecs dans le Karpas et la tenue de services religieux dans l'église Saint-Mamas à Morphou, et ce pour la première fois depuis 1974 » (carte).