« Le monde est en train de perdre la bataille de la paix », affirme le président Lula
Le président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, a rappelé que sa propre histoire avait été consacrée à tous ceux condamnés au silence par « l'inégalité, la faim et le manque d'espoir », à ceux à qui, selon les mots de Franz Fanon, le passé colonial avait laissé en partage la consigne : « Si vous le voulez, vous avez le droit de mourir de faim. »
Sur les 191 Etats membres de l'ONU, 125 ont été assujettis à la férule de quelques puissances, a-t-il souligné, faisant par ailleurs remarquer que les transformations politiques qui ont suivi, n'ont pas « été transposées dans les domaines économiques et sociaux », a-t-il déclaré.
Or, « l'histoire montre que cela ne se produit pas spontanément », a-t-il fait remarquer, ajoutant qu'en 1820, le revenu par habitant des pays les plus riches était cinq fois supérieur à celui des plus pauvres. « Aujourd'hui, la différence est de 80 fois supérieure », a-t-il précisé.
« L'amour ne peut jaillir de la cruauté. La paix n'émergera pas de la pauvreté et de la faim », a-t-il déclaré. Il a attribué au « désespoir absolu des peuples » la propagation de la haine et des actes insensés dans le monde, rappelant que pendant la seule année en cours, plus de 1 700 personnes étaient mortes des conséquences d'actes terroristes à Madrid, Baghdad, Jakarta…
« L'humanité est en train de perdre la bataille de la paix », a-t-il affirmé. « Seules les valeurs éclairées de l'humanisme [...] sont capables de s'opposer à la barbarie. »
A ses yeux, « la situation impose aux peuples et dirigeants du monde un sens nouveau de responsabilité collective et individuelle. »
« Si la paix est notre objectif, il nous faut l'édifier », a-t-il déclaré avant de citer plus avant dans son allocution, la remarque du président américain Franklin Delanoë Roosevelt : « La seule chose qui doit nous faire peur est la peur elle-même. »
Il a rappelé qu'hier, « au cours d'une réunion historique, plus de 60 dirigeants du monde se sont rassemblés pour donner un nouvel élan à l'action internationale contre la faim et la pauvreté » et s'est dit convaincu que le lancement de ce processus porterait à un nouveau niveau la lutte contre la pauvreté mondiale.
« Aucune instance ne se prête mieux à la convergence du monde vers des objectifs communs que les Nations Unies », a-t-il déclaré par ailleurs, ajoutant que « le Conseil de sécurité était la seule source de légitimité dans le secteur de la paix et de la sécurité internationales » mais faisant également remarquer que sa composition devait refléter les réalités du jour.
« Les difficultés inhérentes à tout processus de réforme ne doivent pas nous faire perdre de vue son caractère d'urgence », a-t-il souligné.