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La stabilité à long terme liée à la relance de l'économie, selon le chef de l'ONU au Libéria

La stabilité à long terme liée à la relance de l'économie, selon le chef de l'ONU au Libéria

Jacques Paul Klein
Pays clé pour l'ensemble de la région, le Libéria aux richesses potentielles importantes a besoin de soutiens financiers et d'investissements internationaux pour que s'établisse une stabilité durable, a déclaré le chef de l'ONU dans le pays qui a précisé que l'ombre de Charles Taylor, toujours en liberté, pesait sur la situation intérieure.

« Nous savons que le Libéria est un pays-clé en Afrique de l'Ouest, qu'il faut que le Libéria retrouve la paix sur le long terme, qu'il réintègre la famille des nations et qu'il bénéficie d'un soutien économique global pour reconstruire sa société civile », a déclaré le Représentant spécial de l'ONU pour le Libéria, Jacques Paul Klein à sa sortie du Conseil de sécurité auquel il a présenté le rapport du Secrétaire général sur la situation dans le pays.

S'adressant à la presse, il a fait observer qu'il était possible de « parler de nos succès » mais que « nous devons aussi planifier tout ce qu'il nous reste à faire, les élections l'année prochaine, la revitalisation de l'économie libérienne, la levée des sanctions à terme, lorsque le Gouvernement du Liberia aura pris les mesures nécessaires pour convaincre le Conseil que les infractions ont cessé. »

Il s'est déclaré très satisfait du soutien unanime que lui avaient manifesté les membres du Conseil et également d'avoir pu constater que chacun d'entre eux réalisait à quel point cette mission, dans un pays plongé dans le chaos, les troubles et les guerres intestines pendant 25 ans, était difficile.

« Je pense qu'il est évident pour tout le monde que nous sommes revenus de loin au cours de l'année écoulée », a fait voir Jacques Paul Klein qui s'est déclaré convaincu que « la criminalité et la violence étaient probablement moindres aujourd'hui au Libéria que dans beaucoup de pays occidentaux. »

Il s'est également dit convaincu que « les Libériens eux-mêmes avaient pris la décision de se forger un avenir meilleur » mais que ce qui était nécessaire désormais plus que jamais était l'assistance internationale.

« Le Libéria a des richesses et des ressources naturelles énormes », a-t-il souligné, ajoutant que « ce dont le pays avait besoin, c'était d'une bonne gouvernance, des investissements internationaux et le soutien de la communauté internationale de telle sorte que ce que nous mettons en place soit établi de façon durable dans le temps. »

Il a ajouté que, « en plus des investissements étrangers, le Libéria a besoin que ses élites intellectuelles qui ont y quitté le pays au cours des dernières années, y reviennent et que la population du Libéria prenne en main son propre avenir. »

« Autrement dit, nous avons actuellement les factions armées représentées au gouvernement mais où se font entendre les voix des trois autres millions de Libériens, de ceux qui se trouvent dans les camps de personnes déplacées ou qui sont réfugiés dans les Etats voisins ? », a interrogé le Représentant spécial qui a fait observer que pour la première fois, elles auront l'occasion de s'exprimer lors des prochaines élections.

Il a ajouté que le Mission des Nations Unies au Libéria, la MINUSIL, qu'il dirige pouvait « éteindre le feu » et jouer au pompier mais, lorsqu'il s'agissait de développement à long terme, « il fallait des fonds », a réitéré Jacques Paul Klein énumérant les richesses du Libéria, ses plantations de caoutchouc, son bois d'œuvre ainsi que son potentiel d'extraction d'or et de diamants.

« Le problème, a-t-il fait observer, c'est que nous sommes en compétition avec tous les autres pays et que, dès lors que l'un d'entre eux n'est plus un problème majeur, l'intérêt se porte ailleurs. » Il a néanmoins attiré l'attention sur l'impact que la situation dans le pays avait dans l'ensemble de la région. « Nous avons un intérêt direct à avoir au Libéria un gouvernement stable et démocratique sur le long terme, que l'économie reprenne et que les gens aient du travail », a-t-il souligné.

Interrogé sur l'impact qu'avait sur la situation libérienne le fait que l'ancien Président Charles Taylor n'ait pas été transféré à la Cour spéciale pour la Sierra Leone qui a lancé un mandat d'arrêt international à son encontre, Jacques Paul Klein a répondu que cet impact était bien réel et qu'il l'avait exposé auprès des membres du Conseil de sécurité.

« Il y un noyau dur au Libéria qui est opposé à tout ce que nous faisons parce qu'il estime, assez logiquement, n'avoir aucun avenir s'il ne revient pas au pouvoir », a-t-il exposé, ajoutant que « une autre partie, assez importante, de la population serait prête à s'engager en faveur du Libéria et à aider la communauté internationale s'ils savaient que Charles Taylor se trouvait devant le Tribunal en Sierra Leone. »

« Nous savons qu'il existe des gens qui font des allers et retours entre Monrovia et l'endroit où [Charles Taylor] se trouve, puisqu'il ne veut plus donner de directives par téléphone pour des raisons évidentes mais. En revanche, les messagers font toujours la navette. »

« Il reste par conséquent un nuage noir au dessus de nos têtes et sur à peu près tout ce que nous faisons », a déclaré le Représentant spécial qui a ajouté : « A un moment donné, il va falloir en finir avec ce passé pour le plus grand bénéfice de la population du Libéria ». En réponse à des questions de la presse, il a précisé qu'il avait été évoqué d'envisager son transfert au Tribunal pour la Sierra-Leone, une fois mis en place le gouvernement nouvellement élu l'an prochain.

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