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Situation « tragique » au Moyen-Orient : le Conseil de sécurité mis en garde contre les risques du statu quo

Situation « tragique » au Moyen-Orient : le Conseil de sécurité mis en garde contre les risques du statu quo

Kieran Prendergast au Conseil de sécurité
« L'étroite marge de manoeuvre dont parlait le Coordonnateur spécial du processus de paix au Moyen-Orient et Représentant spécial du Secrétaire général auprès de l'Autorité palestinienne, Terje Roed-Larsen, le mois dernier, ne s'est pas élargie et le processus de paix reste dans l'impasse », a déclaré Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'ONU, s'adressant au Conseil de sécurité ce matin.

« La situation est tragique, a-t-il poursuivi, elle est aussi frustrante parce que la solution est évidente même si elle requiert du courage et la volonté de prendre des risques en faveur de la paix. »

Or, a indiqué M. Prendergast, « chacune des deux parties continue d'ignorer les préoccupations de l'autre », celles d'Israël en matière de sécurité, celles des Palestiniens concernant leur territoire et leur viabilité. « L'Autorité palestinienne n'a pris aucune mesure tangible durant le mois écoulé pour contrôler les différents groupes qui recourent à la terreur et à la violence. Elle a échoué à réformer son système sécuritaire (...) et rien n'indique qu'elle ait l'intention de le faire dans un futur proche. »

De son côté, « le Gouvernement d'Israël, y compris le Premier Ministre Sharon, s'est maintes fois dit prêt à mettre en oeuvre la Feuille de route. Or les actes n'ont pas suivi », a fait remarquer le Secrétaire général adjoint. « Au lieu de mettre en pratique son engagement de démanteler les colonies d'avant-poste, celles-ci se sont au contraire poursuivies et le Gouvernement d'Israël persiste dans la construction de sa barrière en Cisjordanie. »

« Malheureusement, les événements sur le terrain ont fourni des arguments supplémentaires aux deux parties », a admis Kieran Prendergast. « Le 25 décembre, un attentat suicide a frappé au coeur d'Israël, tuant 4 civils et en a blessant 48 » tandis que « Israël reprenait ses assassinats extra-judiciaires », depuis la mi-décembre, les Forces de défense israéliennes opèrant, pratiquement chaque jour, à Naplouse. »

M. Prendergast a décrit les effets d'une telle situation sur l'économie palestinienne. Le bouclage des territoires coûte à lui seul 22 000 dollars par jour à l'UNRWA, la principale agence humanitaire de l'ONU en charge des réfugiés palestiniens. Plus grave encore, a-t-il ajouté, « nous observons des signes sérieux de lassitude de la part des donateurs qui a des conséquences dramatiques à la fois pour l'Autorité palestinienne et l'aide humanitaire. »

En ce qui concerne l'Autorité palestinienne, son déficit budgétaire devrait atteindre 650 millions de dollars en 2004. Ses dépenses excèdent actuellement ses recettes de 30 à 40 millions par mois. Il se pourrait qu'elle ne puisse satisfaire à ses obligations budgétaires, le mois prochain, et qu'il lui faille réduire encore les salaires, les retraites et l'aide sociale. Il n'est pas dit qu'elle puisse payer le salaire de ses fonctionnaires en janvier, sans même parler des frais de fonctionnement, a-t-il indiqué.

« Il est encore possible de faire progresser une solution négociée. (...) La Feuille de route demeure un plan viable et pragmatique », a déclaré M. Prendergast, soulignant toutefois que cela exigeait « une implication forte et constante de la communauté internationale conduite par le Quatuor. »

Cependant, avec les tensions qui s'accumulent sur le plateau du Golan et les rumeurs faisant état de l'intention d'Israël d'implanter des colonies de peuplement dans le secteur, il faudrait que le processus de paix reprenne avec le Liban et la Syrie, a-t-il également indiqué.

« Nous devons relancer les efforts collectifs » visant à convaincre les parties à reprendre la route de la paix, a conclu Kieran Prendergast, ajoutant : « L'inaction présente de grands dangers et le temps qui passe ne travaille pour personne. »